Chapitre 17

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Juan et Lelia sirotaient silencieusement une boisson dans leur train. Ils se trouvaient en première classe et avaient tous les conforts associés.

Trois canapés, une table de billard, de l'alcool, une mini-cuisine, des jeux de sociétés, des échecs...

Mais tout cela paraissait flou aux yeux de Lelia. La jeune fille faisait tourner l'alcool au fond de son verre d'un air pensif et consterné.

- C'est tout ce que tu racontes ? demande Juan avec une voix suave.

Il fit mine de regarder ses ongles mais il lui jeta un petit regard en coin.

- Je pourrai te retourner la question, réplique Lelia en vidant son verre d'un trait.

La boisson alcoolisée glisse dans sa gorge, lui brûle l'œsophage et lui arrache une grimace.

- Tu n'aimes pas l'alcool, constate Juan.

Le prince était tellement avachi sur la banquette moelleuse qu'on aurait dit que la boisson l'assomait plus que la jeune fille.

Cette dernière l'observait d'un œil détaché.

- Je pense qu'il faut être fou pour aimer ce genre de liquide.

Lelia repose son verre sur la table et se lève noblement. Elle se dirige vers la fenêtre et observe le paysage défiler derrière la vitre.

En croisant ses bras, Lelia essaie d'oublier. D'oublier qu'elle a été à Biarritz et d'oublier ce qu'il s'y était passé. Ça ne veut plus rien dire...

Mais il y avait toujours ce visage... Un regard si perçant et ambré, une chevelure d'ébène... Des mots réconfortants.

Lelia fut forcée de revenir à la réalité quand elle sentit des bras s'enrouler autour de sa taille. Elle passe ses mains sur les avants bras musclés de Juan.

- A quoi tu penses ? lui souffle-t-il au creu de l'oreille.

Avant, Lelia aurait pu avoir des frissons rien qu'en sentant le souffle de Juan sur sa peau. Mais ça aussi ça ne voulait plus rien dire. Il l'a fait tellement de fois... Et pas qu'avec elle.

- Je pense à notre mariage, ment Lelia en se laissant aller contre le torse de son prince.

Juan était d'une jalousie maladive et heureusement qu'il n'était ni Enchanteur ni rien de magique. Ce n'était qu'un humain. Un humain complètement barge. Mais un humain qui donnerait cher pour lire dans les pensées de Lelia.

Tout en la regardant avec attention, Juan passe un doigt sur le front de la jeune fille pour lui passer une mèche de cheveux derrière l'oreille.

- Tu mens, Leli chérie.

Il était extrêmement calme. À vrai dire, il se contenait avec peine.

- Tu ne peux pas faire cette tête là en pensant à moi, tu ne peux pas être si malheureuse, reprend-il avec douceur.

Lelia voulut lâcher un rire amer et lui répondre : "Si tu savais."

Elle ne fit rien de tout ça.

Lelia se détache de Juan pour venir se rasseoir dans un petit canapé en velour rouge.

- Tu peux me dire qui te fait tout ce mal, je lui ferai payer, continue Juan avec une voix dure.

- Non, Juan. Ce n'est pas la solution, et ça ne l'a jamais été ! aboie Lelia en se redressant vivement. Si tu tuais tout ceux qui m'ont fait ou me font du mal, tu n'existerais même plus !

N'ayant pas pu retenir sa langue, Lelia essaie quand même de retenir ses larmes. Elle détestait paraître faible. Elle détestait Juan. Elle détestait la vie. Elle se détestait, elle.

Un dernier paradis- Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant