Chapitre 6

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Royaume d'Espagne

Rien que cette agréable sensation de rentrer chez soi suffisait à faire le bonheur de Lelia.

Elle avait abandonné sa moto au bord d'une route à la frontière de la Scandinavie pour privilégier le transport à cheval. C'était plus discret pour traverser la France - les français sont assez réticents avec les nouvelles technologies et peinent à trouver un régime politique convenable au sein de l'Europe.

Même si son véhicule devait coûter plusieurs millions de perles espagnoles ( la monnaie du royaume), elle se dit que le prince pourra aisément lui en faire fabriquer une autre. Ce n'était pas comme si il l'avait déjà fait au moins cinq fois.

Lelia ralentit le pas de sa monture pour passer la muraille de son royaume. Les gardes postés en haut de la barrière de pierre la toisaient. Ils devaient se demander quel était l'intru qui osait s'aventurer près de la frontière espagnole.

Pour faciliter sa reconnaissance, la jeune femme abaisse la capuche de son manteau en cuir. Elle se redresse et tire sur les reines de sa monture. Lelia renvoie un regard froid et distant aux gardes. Ils devaient être novices car habituellement, dès qu'elle mettait son visage à découvert, les sentinelles s'empressaient de lui ouvrir la porte du royaume.

Le cheval de la jeune fille s'ébroue et racle le sol avec son sabot. Les gardes continuent de la fixer comme s' ils hésitent entre lui tirer dessus ou la brûler à l'huile bouillante contenue dans les réserves de pierres. ( Cette dernière technique était une suggestion de Lelia elle-même. )

Non, décidément, ces gardes étaient jeunes et stupides.

- Ouvrez-moi avant que je ne perde patience, ordonne-t-elle d'une voix tranchante et dure.

Comme pour accentuer ses dires, le cheval hennit et s'agite.

La brise balaie ses cheveux fins et châtains de ses épaules. Elle préférait mille fois avoir les cheveux aux vents plutôt qu'attachés dans des coiffures saugrenues.

Les gardes se lancent un regard inquiet et ils haussent les épaules de concert.

Lelia grogne.

- En avez-vous l'autorisation ? reprennent les gardes en serrant le pommeau de leur épée.

En entendant ces mots, un rire acide lui échappe.

- Si j'en ai l'autorisation..., répète la jeune femme ironiquement. Vous parlez à la future princesse, Lelia Marta Goyen !

Pendant qu'elle hurlait son identité à ces hommes, elle espéra qu'aucune personne ne rodait dans les montagnes et ne l'avait entendue.

Comme piqués à vif, les gardes se précipitent sur les leviers d'ouverture en étalant des excuses. Même avec leurs casques, Lelia avait pu voir leurs yeux s'écarquiller.

Aussitôt dit, aussitôt fait, la muraille s'ouvrit au niveau de la grande porte en pierre. Celle-ci tourne sur ses gonds lentement afin de la laisser passer. Elle talonne sa monture en ne jetant même pas un regard aux sentinelles. Ils ne perdaient rien pour attendre. Quand elle racontera ça au prince Juan, il remédiera à ce manque de formation c'était certain.

Elle galope aux travers des champs et des prairies aux herbes desséchées pendant encore une bonne heure avant d'atteindre le premier village. Des ruines subsistent encore dans la périphérie de ces lieux d'habitations. Elle tire à nouveau sur les reines pour caler le rythme de sa monture au trot.

Quand elle traversait tous ces endroits habités perdus au milieu du désert et d'une grande pauvreté, Lelia jubilait car tous les sujets la craignaient. Certains s'agenouillent devant son passage.

Un dernier paradis- Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant