Un dernier paradis- Tome 3

Chapitre 11

Milan expira un bon coup quand elle vit Holland se tenir devant elle.

La sirène avait une mine blafarde et semblait fatiguée, comme si on l'avait tirée du lit.

Pourtant, son bassin de couchage se trouvait loin d'ici, il ne se pourrait pas qu'elle les ait entendu. Si ?

Et d'ailleurs, si Eliot avait été surpris de voir Holland ou même de voir une sirène, il n'en montra aucun signe. Il patientait simplement derrière Milan. Il jetait de temps à un autre un regard curieux à la princesse. Il était interpellé par ses cheveux bleus, et l'épaisse brume qui enveloppait son corps.

- Maman et Tante Gisela m'ont envoyé te chercher. Elles ont vu que tu étais rentrée de la fête, s'explique Holland en se frottant les yeux.

- Ernestine et Gisela? Qu'est ce qu'elles viennent faire ici ? s'étonne Milan.

Les reines sirènes sont souvent en vadrouille par delà le globe, elles ne communiquaient que par des missives magiques. Sur deux ans, Milan ne les avaient rencontrées qu'une fois.

Cela l'étonnait qu'elles envoient Holland pour l'amener à elles, c'était d'autant plus intrigant. D'habitude, les sirènes sont plutôt du genre à s'exposer publiquement et fièrement lors de leur retour à l'île.

Il devait y avoir un problème.

Holland haussait les épaules avec nonchalance.

- Je crois qu'elles ont quelque chose à dire, que... Tu sais... Je ne peux pas savoir.

Un sourire compatissant s'affiche sur les lèvres de Milan.

- Où sont-elles ?

- Dans le rocher coquillage !

Milan acquiesce et se retourne pour faire signe à Eliot de la suivre.
Ce dernier semble surpris.

- Je peux ?

- Tu peux quoi ?

- Assister à cette réunion "secrète"?

Milan soupire et lui tendit la main pour simple réponse. Eliot grommelle et glisse ses doigts sur sa paume.

- Qui es-tu ? fini par demander Holland en penchant la tête sur le côté.

Comme le petit groupe se mit à marcher en direction du rocher coquillage ( comme Holland l'appelait), les présentations continuèrent en marchant.
La simple mention d'Eliot et sa confirmation quant au fait qu'il était bien "le petit copain de Milan", achève de réveiller la princesse. Holland devient une bombe à question, mais cela ne semblait pas déranger Eliot, au contraire.

C'est pourquoi Milan se permit de réfléchir.

Les sirènes étaient nomades et ne revenaient que rarement à Neyralend. Du moins, le banc de Gisela restait avec elle, et la monarque voyageait beaucoup.

Si Gisela, et Ernestine, la mère d'Holland, voulaient la rencontrer dans cet endroit presque inconnu qu'est le rocher coquillage, c'était qu'elles ne veulent pas être vues.

Au début, Milan se mit à se dire qu'elle avait fait une bêtise et que les sirènes allaient la punir. Voyant que cette hypothèse n'avait aucun sens, elle l'abandonna. Puis, elle se souvient de leur lettre, reçue il y a deux jours maintenant. "Nous pensons que l'Espagne complote quelque chose qui a éveillé l'attention des Atlantes."

- Milan? Ça va ?

Eliot exerça une plus forte pression sur ses doigts et la couvait du regard.

Milan hoche vigoureusement la tête. Il devait être cinq heure du matin, elle n'avait et n'aurait certainement pas toutes ses heures de sommeil, et elle était dans une robe de soirée au beau milieu de la forêt. Sans oublier qu'elle s'apprêtait à rendre visite aux plus estimées des monarques du monde dans état pitoyable ; elle était décoiffée et vu la quantité de boue sur le sol sa robe devait être vraiment dans un sale état.