Un dernier paradis- Tome 3

Chapitre 30

Les rayons du soleil mettaient largement en évidence les poussières qui volaient au dessus de la couchette. Cela faisait un moment que Eliot était réveillé et qu'il observait Milan avec attention.

Le Lion avait ouvert la petite fenêtre de leur humble cabine afin d'aérer un peu la pièce. Il replia ses genoux contre son torse et pose sa tête dessus. Il aurait pu rester des heures ainsi au silence, avec une légère odeur salée et le clapotis des vagues contre le bateau. Tout ici respirait la paix et le calme absolu. Milan dormait paisiblement depuis un certain temps. Il n'en était pas étonné, car la jeune fille avait perdu ses anciennes aptitudes physiques depuis sa  nouvelle vie. Elle avait donc besoin de beaucoup de repos, surtout après l'épreuve qu'ils ont vécu.

Eliot aurait très bien pu se lever, aller rejoindre les autres sur le pont.

Il n'en avait pas envie.

Non, il ne voulait pas parler. Il ne voulait pas réfléchir non plus, et encore moins penser à l'avenir.

Eliot veut savourer chaque instant de calme et de détente. Ce moment ne lui appartenait pas, mais il lui est offert, tout comme sa propre vie.

Il perdait la notion du temps pendant qu'il contemplait cet instant. Son regard était fixé sur Milan. Sans la toucher, il détaillait avec une attention particulière chaque parcelle de son visage. Ses longs cils noirs frémissaient de temps à autre, de même pour son nez fin. Ses lèvres encore plus fines et délicates remuaient parfois. Ses joues étaient un peu plus rebondies que quand il l'avait connue. Ses cheveux roux, habituellement lumineux, étaient crasseux au niveau des racines de son crâne mais cela ne les empêchait pas de cascader sur ses épaules en des courbes finement dessinées. 

Tout lui plaisait chez elle. 

Ce n'était pas qu'un simple attrait physique. C'était beaucoup plus que cela. Milan est la femme de sa vie. Le temps a été long et parsemé d'épreuves avant qu'il ne s'en rende compte. 

Pourtant, le voici aujourd'hui sur un lit de fortune à observer la créature la plus courageuse à ses yeux. Une créature dont il ne peut pas s'imaginer un avenir autre part qu'à ses côtés.

Soudain, Milan se retourna et gémit en s'étirant. Ses paupières tardèrent à s'ouvrir à cause de la luminosité qui devait certainement l'éblouir. Rien qu'en regardant son réveil, Eliot sentit grandir une immense joie dans son cœur.

- Salut, dit-elle d'une voix enrouée avant d'étouffer un bâillement.

- Salut.

Milan gémit encore et se redresse sur le lit avec une grimace. Son corps ne la faisait plus souffrir comme à la veille, mais sa cuisse en revanche demeurait toujours douloureuse.

Elle releva délicatement la couverture, se frotte les yeux, puis décide d'étudier de plus près sa blessure. Son vêtement en toile était tellement sale que Milan retroussa son nez de dégoût. Elle relève le tissu du bout des doigts.

Sa cuisse était dans un piteux état et une énorme plaie, bien que reconstruite dans la majorité, gisait au beau milieux de son muscle.

- Je pense que mon os s'est consolidé, fit Milan en étudiant sa plaie.

Elle dépose deux doigts autour de la blessure et découvrit que sa peau était rouge, brulante et légèrement gonflée. Sans surprises, elle était toujours dans un état d'inflammation.

- C'est le laser des robots qui t'as fait ça ? gronde Eliot en fronçant les sourcils.

Milan fut amusée par sa réaction. Elle lui lance un petit regard en coin suivit d'un sourire léger qui aurait pu ravir le cœur de milliers de personnes.