Un dernier paradis- Tome 3

Chapitre 22

Le mal être de Lelia ne cessait de s'accentuer. Au plus le temps passait au plus son cœur se serrait et lui faisait subir des malaises.

Juan était en face d'elle en train de faire les cent pas dans le wagon étroit qui les ramenaient chez eux.

Pour le prince, il était difficile de ne pas penser au fait qu'il a lamentablement échoué à accuser Knut d'un crime impardonnable.

Et le pire c'est que ces deux rebelles savent très bien ce qu'ils font en se faisant passer pour les coupables.

Lui, il n'en avait aucune idée.

Et c'était bien ça, le problème. Il fallait être suicidaire pour se jeter entre ses bras comme ça. Il espérait de tout cœur que la rouquine et son copain meurent entre les griffes de ses créatures dans la grande Arène.

Juan était tellement obnubilé par ses prisonniers qu'il avait décidé de ménager Lelia en ne lui faisant aucuns reproches sur la mission qu'il lui a confié.

A-t-elle vraiment échoué ? Les bombes ont explosé et ils n'en ont pas été jugé coupable.

Le prince grogne en se prenant la tête à deux mains. Ce n'était pas dans son habitude de réfléchir aussi longtemps.

- Je ne comprends pas, répète-t-il pour la énième fois.

- Ça finira par passer, t'inquiète, réplique Lelia d'une voix amère.

Juan expire et se tourne face à sa fiancée en croisant les bras.

- Je peux savoir pourquoi tu as une humeur aussi irritante ?

Lelia le fusille du regard et ne relève pas sa remarque cinglante.

Elle avait une chose toute différente des aspirations de Juan en tête. Et cette chose était comparable à un compte à rebours.

Le compte à rebours qui allait sceller le destin de son âme.

Elle savait qu'elle faisait une erreur, tout le temps, c'était au point où elle se disait que sa vie entière était une erreur.

Et dans des moments pareils, elle reprenait tout le Mal qu'elle a commis en pleine tête. Les visages d'une famille d'innocents lui sont revenus en mémoire.

- Lelia ?

Juan claque des doigts devant ses yeux en la faisant ainsi sursauter.

- Quand est ce que tu vas me dire ce qu'il se passe la-dedans ? demande Juan calmement en tapant son index sur le front de la jeune fille.

- C'est ta faute, murmure-t-elle d'une voix enrouée.

Lelia se relève brusquement pour tourner le dos à son prince. Elle se frottait nerveusement les bras en essayant d'arrêter de penser mais c'était impossible.

- Je peux savoir ce que j'ai fait de si important pour te mettre dans cet état ?

Lelia n'avait plus la force de lui répondre. Elle n'en avait même plus assez pour réprimer les souvenirs qui la rongeaient.

"Juan avait l'air furieux. Je devais peut être un peu trop sourire. Je devais être un peu trop joyeuse d'avoir échappé à la mort et d'avoir été sauvée par un inconnu si doux.
Rentrée de Biarritz dans l'après-midi, je me suis précipitée vers Juan pour lui montrer que j' étais heureuse et prête pour affronter ses nouvelles infidélités.

Sauf que maintenant, il me regardait comme si il avait reçu un poing en pleine figure. Il serrait et desserrait ses doigts, sa mâchoire était si contractée et son regard si froid que j'ai d'abord eu un mouvement de recul.