Un dernier paradis- Tome 3

Chapitre 23

Il faisait gris en Espagne et le vent soufflait fort. Heureusement qu'il ne pleuvait pas, sinon Milan et Eliot seraient devenus aveugles.

La poussière remuée par le vent venait s'incruster dans le coins de leurs yeux alors qu'ils étaient malmenés vers le château d'Espagne. Enfin, cela devrait être le château de Juan en tout cas.

Voilà un certain temps que Milan ne parlait plus qu'en supposition.

Deux hommes, des brutes, les ont saisis dans leur wagon pour les menotter violemment et les conduire par le bras dans leur futur logis : les geôles.

Cependant, alors qu'ils marchaient non sans peine sur le chemin qui mène au palais, Milan se rendit compte de la pauvreté des sujets de Juan.

Un petit enfant tremblait contre un mur et les dévisageait d'un air étrange. Quand Milan essaya de lui sourire, l'enfant se recroqueville sous une couverture en laine toute sale et déchirée.

La jeune fille déglutit. Comment Juan pouvait encore être à la tête de ce royaume ? Pourquoi les sujets ne se rebellaient pas contre le roi ?

Soudain, une intuition s'insinue dans sa tête. Abel, le sorcier. L'ennemi de Knut.

Il était "au service" de Juan, du moins c'est ce qu'il lui faisait croire.

Vu ce dont les sorciers sont capables de faire avec leurs pouvoirs, Milan ne put s'empêcher de croire que Juan était un simple pantin maléfique entre les mains de la personnalisation du diable. Voilà pourquoi personne ne se rebellait contre lui, Abel était trop fort pour de simples humains.

Milan et Eliot furent forcés de rentrer sur le domaine royal de Juan. Dans les jardins, casiment toutes les fleurs étaient fanées et les arbres morts.

Subsistait seulement une roseraie au loin, abritée sous une serre. En fronçant les sourcils, Milan vit une jeune femme à l'intérieur. Il était compliqué de discerner ses traits mais elle ressemblait en tout point à la femme de Juan.

Concentrée sur elle, Milan manque de peu de trébucher. L'homme qui la retenait la relève brusquement et resserre sa poigne en lui hurlant des mots en espagnols. Elle n'avait pas envie de faire l'effort de comprendre les insultes, sa situation était déjà assez compliquée.

Alors qu'ils les faisaient marcher à l'intérieur de l'enceinte du palais, Milan jette un coup d'œil à Eliot qui n'en menait pas large non plus.

Lui qui avait horreur d'être humilié et maltraité, le voilà servi. Sa mâchoire était crispée et ses yeux brillaient de menace.

Milan voulut le consoler et le serrer dans ses bras. Peut être qu'avec un peu de chance elle en aura l'occasion dans quelques instants.

Elle fit cependant l'effort de retenir le trajet depuis l'entrée du château jusqu'aux prisons.

Après être entrés par une grande porte au bois délavé, leurs bourreaux étaient comme téléguidés et bifurquent immédiatement à droite. Ils empruntent un couloir étroit et mal éclairé. Bientôt, l'humidité fut de pair.

Un rat s'encourt de crainte en les voyants arriver et le couloir morbide était simplement éclairé de quelques lanternes.

La lumière étouffée rappela à Milan les cachots des Terres Mortes où elle vivait aux côtés de Khali. Un frisson
lui parcourt le dos car ce souvenir ne faisait pas partie des meilleurs.

Et puis, Milan se rappelle pour quoi elle se trouvait là en ce moment même.

Juan cachait quelque chose aux travers de ses multiples alliances dans le monde. Il faisait du trafic d'armes pour certainement amasser de l'argent, il prononce des mensonges à tour de bras en promettant monts et merveilles à qui voulait bien l'entendre.