BONUS 1/2 : Résilience

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Vanitas



- Bien.. la dernière fois que l'on s'est vu, vous m'aviez parlé rapidement de la première rencontre prévue avec vos beaux-parents..

- Futur beaux-parents.

- Exact. Comment est-ce que vous vous sentez à propos de ça ?


La psy me regarde fixement - enfin j'imagine, parce que les verres de ses lunettes sont si épais que je distingue difficilement ses yeux. Comme il ne fait vraiment pas chaud dans son bureau, je resserre les pans de ma veste contre moi en répondant :


- Je n'ai pas envie d'y aller. Mais bon, pas le choix : c'est moi qui ai incité Noé à reprendre contact avec eux. Il trouverait ça bizarre que je change d'avis.

- Pourquoi avoir insisté si ce n'est pas ce que vous voulez ?


Je pousse un profond soupire.


- Parce que c'est important pour lui, même si il ne se l'avouera jamais. C'est pas rien un mariage.. et en général on apprécie d'y voir ses parents. Je crois. Donc je ne veux pas qu'il ait de regrets.


En le disant, ça me paraît évident que je ne me laisserai pas le choix et que, quoiqu'il arrive, dans deux jours, à 11h00, je serai dans le train direction Clermont-Ferrand. Je veux offrir à Noé le plus beau des mariages, même si ça implique de devoir faire les présentations en amont avec sa famille et ronger mon frein pendant deux jours.

Je ne peux détacher mon regard de la boîte de mouchoirs qui trône fièrement sur la table entre nous. Le motif dessus change parfois, ce qui veut dire qu'elle est consommé et remplacé régulièrement. Combien de gens se sont assis avant moi sur cette chaise et ont eu besoin de se moucher ou de s'essuyer les yeux, accablés par une crise de larmes incontrôlable ?

Franchement, ça a vraiment quelque chose de plombant.


- Ce sont de bons arguments. Qu'est ce qui vous inquiète, alors ?

- Que son père se comporte comme un sac à merde : voilà ce qui m'inquiète. Parce que je ne suis pas sûre de pouvoir tenir ma langue longtemps devant quelqu'un aussi fermé d'esprit que lui.

- Il a accepté de vous recevoir, non ? C'est bien la preuve qu'il a fait un bout de chemin de son côté. Il a sûrement évolué, d'une certaine manière.

- Vous pensez vraiment que les gens peuvent changer, Mira ?

- Je le crois, Vanitas. Je le crois.


Je secoue la tête.


- Peu importe. J'espère qu'il ne prendra pas ma venue comme un drapeau blanc de ma part. Je ne lui pardonnerai jamais la façon dont il a traité Noé par le passé.

- Personne n'a le droit à l'erreur, avec vous.

- Pas ce genre d'erreur en tout cas.


Elle émet un petit rire, s'amusant de mon intransigeance.


- Vous devez me promettre de travailler sur votre notion du pardon. Pour cela, un exercice simple ; notez sur une feuille toutes les situations où un tiers vous a pardonné pour une mauvaise action de votre part. Proche ou non. Cela vous aidera à visualiser le pardon comme quelque chose de positif et de naturel, et non comme une faiblesse. Les gens qui pardonnent ne sont pas faibles, vous savez.

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant