Réminiscence

1.9K 178 76
                                    





10 ans plus tôt







Paris
_22h00


- Il est encore de retour, celui là ?

- Il n'y a rien à faire. L'ASE ne peut pas le reprendre pour le moment. Il faut le garder jusqu'à ce qu'ils trouvent une autre famille. Mais ça fait déjà quatre fois qu'il en a changé...

- Sans doute car c'est lui, le problème.

Vanitas regarde par la fenêtre de sa chambre en faisant semblant de ne pas entendre la conversation des assistants familiaux responsable de sa garde, même si il est persuadé que le couple fait exprès de parler assez fort pour qu'il prenne conscience de sa malvenue au sein de la famille. Alors âgé de neuf ans, il préfère se plonger dans l'étude des astres et du système solaire plutôt que prendre part à des conversations qu'il qualifie « d'adulte ».

C'est un enfant, non ? Il est trop jeune pour avoir son mot à dire, n'est ce pas ? Donc, il a décidé que ça ne le concernait pas.

En regardant autour de lui pour observer sa petite chambre plongée dans le noir, tapis de moquette et aménagé de vieux meubles en bois au goût douteux, il s'estime heureux d'avoir un endroit où dormir. Car ça n'a pas toujours été le cas pour lui.

Dans cette pièce sinistre il a subitement l'impression de voir déjà sa vie toute tracée sous ses yeux, et elle s'annonçait aussi pathétique qu'elle l'avait été ces quatre dernières années. La cruauté, l'abandon, le mépris, la solitude... Toutes ces choses dont il n'a pas seulement une vague idée mais qui sont presque devenues si matérielles pour lui qu'il a l'impression de pouvoir les toucher du bout des doigts. Toutes ces choses qui sont devenues son quotidien, qu'il traîne partout avec lui comme un boulet enchaîné à ses pieds et qui allaient le suivre jusqu'à la fin de ses jours.

Oui, décidément, il a bel et bien déjà tout appris de la vie.

En tout cas, c'est ce qu'il croit.

Vanitas a conscience d'être un garçon à part. Il n'est pas à l'aise avec les jeunes de son âge, n'aime pas prendre la parole en classe contrairement à ses camarades, préfère rester seul plutôt que de jouer avec les autres lors des récréations, ne parle pas beaucoup et ne sourit pour ainsi dire jamais.

Pourtant, il fait des efforts. Il s'est toujours montré poli et serviable avec ses diverses familles d'accueil, il obéi aux nouveaux ordres, se plie aux nouvelles règles, s'est adapté à chaque fois du mieux qu'il pouvait à des environnements toujours plus différents les uns que les autres... Mais ce n'est pas simple pour lui.

C'est comme si il n'était à sa place nulle part.

Comme si il était une nuisance pour tous.

D'ailleurs, son corps meurtri se souvient encore de la violence de ses derniers accueillant. Que ce soit en le privant de se nourrir, en l'enfermant au sous-sol en guise de punition ou en le battant à mort, tous les moyens étaient bon pour le rabaisser plus bas que terre et lui provoquer la culpabilité du simple fait d'exister.

Après tout, il n'est qu'un enfant de la DASS comme ils aimaient lui rappeler.

Et si ils avaient tous raison ? Et si c'était lui, le problème ?

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant