Noé
1er octobre
_18h00
Assis à une des tables de la bibliothèque universitaire, le nez penché sur mon cahier, j'essaye de me concentrer tant bien que mal. Je devrais prendre exemple sur Roland, Olivier et Maria, qui travaillent actuellement de manière assidue sans que rien ne les perturbent. Cela fait déjà deux heures que nous révisons et je sens que j'atteins mes limites pour la journée.
Je pose ma joue contre mon cahier et, tout en fixant mon écriture déformée par la perspective, me perds dans mes pensées.
Une nouvelle journée vient de s'écouler sans que je n'ai de nouvelles de Vanitas. J'aimerais réellement penser à autre chose que lui mais je n'y parviens pas ; et si il lui était arrivé quelque chose de grave ? Et si il ne revenait jamais ? Tout ça parce qu'on se serait disputé.. Je ne me le pardonnerai jamais.
Tout le monde semble l'ignorer autour de moi, mais les gens peuvent disparaître bien plus facilement qu'on le pense.. Et surtout bien plus tôt. Je ne peux pas oublier ce qui s'est passé avec mon meilleur ami et je refuse que le schéma se reproduise à nouveau pour quiconque ici.
Et pourtant, même si ça me fait mal de l'admettre, je reste toujours et encore impuissant face à la situation.
- Bon ! déclare soudainement Roland en me tirant de mes pensées, qui veut un café ?
Sa proposition fait l'unanimité car nous nous manifestons tous de manière positive. Notre ami jette alors son dévolu sur Olivier pour l'accompagner jusqu'à la machine à café et l'embarque avec lui. Lorsque je les observe s'éloigner – l'un riant aux éclats et l'autre en train de maugréer – je ne peux m'empêcher de sourire.
- Ils s'entendent vraiment bien tous les deux ! je constate.
- Ne m'en parle pas, soupire Maria. Ils sont inséparables ! Des fois, c'est un peu lourd..
Je l'observe et remarque que ses joues prennent une teinte rosée et qu'elle tortille nerveusement une de ses mèches de cheveux courts entre ses doigts.
Espérant ne pas m'être trompé dans mes déductions depuis le début de l'année, je me risque à demander :
- Tu dis ça par rapport à tes sentiments pour Roland ?
Tout d'un coup je trouve les étudiants autour de nous bien silencieux. Faites que personne ne m'ait entendu...
Mais ce n'est apparemment pas la préoccupation de Maria. Le visage cette fois ci rouge vif, les yeux grands ouverts, elle tente d'aligner ses mots pour faire une phrase correcte :
- Mais.. Qu'est ce que tu.. ? Qu'est ce qui te fait dire que.. ?
Je ne peux m'empêcher de rire en constatant son état de panique. Je comprends que j'ai manqué un peu de tact avec cette grande timide.. mais au moins maintenant, nous savons de quoi nous parlons. Moi qui ne suis pas doué pour deviner ce genre de chose habituellement, je me surprends à être fier de moi.
- Ne t'en fais pas, je ne lui dirai rien. Ce n'est pas mon genre ! je la rassure en riant.
- Tu me le jures ? demande-t-elle, méfiante.
- Tu as ma parole d'homme ! Mais entre nous, je crois qu'il t'apprécie aussi.
Alors qu'elle semble se décomposer sous mes yeux suite à cette information, le visage cramoisi, j'aperçois derrière elle Dante, Yohan et Trix qui viennent de rentrer dans la bibliothèque.
Je leur fais de grands signes de la main pour les saluer qu'ils me rendent automatiquement – Trix avec un peu plus d'engouement que les deux autres. Puis ils s'enfoncent à travers les étagères, sûrement à la recherche de livres pour leurs cours.
Je suis surpris de les voir ici ; c'est peu habituel.
Maria se retourne avec un temps de retard alors que ses joues reprennent une couleur normales et que ses sourcils s'arquent de curiosité.
- Qui est-ce que tu salue ainsi ?
- C'est juste les amis de Vanitas. C'est la première fois que je les vois à la bibliothèque.
Mon amie, reprenant soudainement son sérieux et semblant oublier notre conversation de départ, se penche pour me chuchoter :
- Attend Noé.. Tu fréquentes ces gens ?
Dans ses yeux j'arrive à percevoir de l'incompréhension, du jugement, mais surtout de l'inquiétude.
- Ils sont plutôt sympa lorsqu'on les connaît, je lui explique.
- J'ai entendu dire qu'ils étaient fourrés dans de sales affaires... A ta place, j'éviterai de m'en rapprocher.
Comment ça « de sales affaires » ? Qu'est ce qu'elle veut dire par là ?
- De quoi tu parles ?
Elle ouvre la bouche, s'apprêtant à me répondre, mais nous sommes coupés par l'arrivé brutal de nos deux amis. Alors qu'ils nous servent nos gobelets en plastique, Olivier se met à râler :
- Cet idiot a mit toute sa monnaie dans la machine hors-service ! Résultat, c'est ma tournée..
- Heureusement que notre héros Olivier était là ! ricane bêtement mon colocataire.
Maria renchéri à leur conversation en éclatant de rire tandis que je me mure dans le silence, de nouveau pensif.
Pourquoi est-ce que je crois toujours connaître les gens pour découvrir qu'au final pas tant que ça ? Pourquoi ai-je l'impression que l'on me cache des choses ? Qu'est ce que j'ignore encore ?
Je veux vraiment savoir.
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Tu seras un homme ( Vanitas no carte )
FanfictionPas facile d'être un garçon dans une société aussi exigeante que la nôtre ! Surtout lorsque certaines obligations masculines vont à l'encontre de notre propre vision des choses... Pas vrai, Noé ?