Noé
_11h00
La voiture dans laquelle je suis confortablement installé franchis un imposant grillage noir juste avant de s'avancer lentement sur les gravillons recouvrant l'immense allée qui mène juste devant ma porte d'entrée. En regardant mon environnement et en constatant que rien n'a changé, je me sens de nouveau chez moi. Sans que je sache pourquoi, une boule d'angoisse naît dans mon ventre et me serre l'estomac.
Mon chauffeur coupe le moteur et se déplace pour ouvrir ma portière avant que je n'ai trouvé le courage de le faire.
- Bienvenue chez vous, monsieur Noé.
- Merci...
Mes bagages à bout de bras, Murr perché sur mon épaule, je me retrouve face à cette impressionnante demeure, propriété de mes parents, imposante avec ses murs blancs et cette majestueuse porte d'entrée en bois que je n'avais pas vu depuis maintenant deux mois.
C'est étrange. Revenir en Auvergne me fait du bien mais me terrifie à la fois. Je crois que je ne suis mentalement pas prêt à revoir mon père et Dominique... L'un parce que je sais que la première chose qu'il fera en me voyant sera de vérifier l'entretient de ma carrure et ce genre de chose insignifiante, l'autre car je n'oserais pas la regarder dans les yeux après ce que j'ai fait.
Je soupire, prend une profonde inspiration et...
- Noé !
La porte s'ouvre et Murr en profite pour bondir de mon épaule et s'aventurer dans la maison, apparemment pas mécontent d'être de retour chez lui.
Ma mère apparaît sur le pallier, élégante comme à son habitude dans son chemisier parfaitement repassé recouvert par un tablier mauve et ses escarpins, les mains prises par une assiette sur laquelle repose une tarte tatin encore fumante.
- Tu arrives plus tôt que prévu, dis donc. Enfin, ça n'a pas d'importance, la table est prête, tu sais ! J'allais poser cette tarte sur le rebord de la fenêtre...
Tout en alliant geste et paroles, elle pose la pâtisserie juste devant la vitre de la cuisine.
J'adore les tartes tatins, mais j'adore évidemment encore plus ma mère.
Elle a toujours su trouver les mots justes pour rassurer mes peurs lorsque j'étais enfant, a su écouter mes besoins et mes envies et m'a toujours soutenu, tout ça en essayant de tenir tête à mon père sans en faire trop, au risque de le froisser. Malheureusement, il n'a toujours écouté que lui même.
Je l'embrasse sur la joue pour la saluer.
- Ça faisait longtemps, Maman ! Comment tu vas ?
- Je vais bien, mon chéri.
- Et avec Papa ?
- Oh, tu sais, ton père n'a pas changé...
- Mince ! Ça veut dire qu'on a toujours Hitler à la maison.
- Plus ou moins !
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Tu seras un homme ( Vanitas no carte )
FanfictionPas facile d'être un garçon dans une société aussi exigeante que la nôtre ! Surtout lorsque certaines obligations masculines vont à l'encontre de notre propre vision des choses... Pas vrai, Noé ?