Chapitre 12

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Avant de vous laissez vous plonger dans la lecture de ce chapitre, je tenais à vous remercier. 

Récemment, j'ai reçu beaucoup de jolis commentaires / de gentils mots... Je ne sais pas si j'en suis digne à vrai dire ! J'ai du mal à me rendre compte du chemin que j'ai parcouru entre mes premières FF ( que vous n'avez d'ailleurs heureusement pas connu ! ) et celle ci.

Quand j'écris je doute toujours de moi.. Et poster un chapitre s'avère être une épreuve pour moi à chaque fois. Si si, je vous jure ! 
Je n'avais jamais testé l'interface Wattpad avant cette histoire ci. 
Et je ne regrette pas de l'avoir fait grâce à vous. 

Merci pour tout votre soutient et votre reconnaissance.. Et longue vie au Vanoé ! 
Bonne lecture ! ~~


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Vanitas


Juste après avoir ouvert la porte avec une poigne phénoménale et m'avoir découvert, Noé se couvre la bouche et écarquille les yeux exactement comme si il venait de voir un fantôme. Il est habillé d'un haut ample et d'un jogging, revenant sûrement tout juste de la salle de sport de la résidence.

Appuyé sur l'un des lavabos de la rangée, la main pressé contre mon ventre à l'aide d'une serviette propre et l'autre m'aidant à relever mon t-shirt, je me sens grimacer de douleur lorsque je me tourne pour lui faire face.

Déjà que je souffre le martyr, il fallait qu'il vienne dans la salle de bain en même temps que moi et qu'il me découvre dans cet état là... Enfin, même si ça me fait mal de l'avouer, je suis soulagé de le voir ici. Comme si sa présence avait quelque chose de rassurant. Comme si à ses côtés, rien de grave ne pouvait arriver.

Et puis, je veux bien avouer que c'est de ma faute. Yohan et Dante m'avaient pourtant bien prévenu que j'allais avoir des ennuis... Mais je n'avais pas prévu que mes adversaires seraient armés, non plus. Quel genre de malade se balade naturellement avec un couteau dans la poche de son jean, à part les mecs du 19ème ?

- Vanitas, murmure Noé avant de baisser les yeux vers le sang tombé à mes pieds sur le carrelage d'un blanc immaculé.

Il se met à pâlir. J'ai l'impression qu'il va bientôt frôler l'infarctus si je ne le rassure pas tout de suite.

La douleur me saisit à l'abdomen, comme si un million d'abeilles venaient piquer ma blessure, mais je me force à sourire.

- Ne t'inquiète pas, lui dis-je. C'est superficiel.
- Ne pas m'inquiéter ?! se met-il soudainement à hurler, ce qui me fait sursauter.

Il fait de grands gestes de bras, emporté par la colère – bien que j'ai du mal à comprendre son énervement –, tandis qu'il continue de crier :

- Tu disparais sans laisser de traces pendant quatre jours entiers, tu ne réponds à aucun appel ni aucun messages, tu ne donnes de nouvelles à personnes et maintenant tu... Tu reviens en souriant, blessé, les vêtements tâchés de sang et tu me dis de ne pas m'inquiéter ?!

Surpris par ses paroles indignés, je ne trouve rien à lui répondre. C'est la première fois que je le vois si engagé dans ce qu'il dit.. D'habitude il paraît toujours hésitant et peu sûr de lui. Cette fois, il semble plus déterminé que jamais.

Il croise les bras, secoue la tête d'un air résigné, puis termine par un soupire. Il me demande, plus calmement :

- Qu'est ce qu'il t'est arrivé ?
- Je suis... tombé sur un couteau, disons.

Il serait plus juste de dire qu'un gars alcoolisé m'a foncé dessus avec la pointe de son couteau dirigé droit sur moi, mais ce n'est que du détail.

- Fais voir, ordonne-t-il.

Sans prendre la peine de demander la permission, il m'arrache des mains le linge que je tenais pressé contre ma peau mutilée et se penche pour observer l'étendue de la plaie, situé juste sous ma côte gauche.

Je ne cherche pas à me cacher et le laisse regarder ma peau découverte ; de toute manière mon t-shirt déchiré ne me permettrai pas de dissimuler les dégâts de cette violente rencontre. Et puis si ça peut calmer sa fureur de voir une blessure sanguinolente...

Ces yeux qui me fixent, remplis d'effroi et d'inquiétude, n'ont sans doute jamais vu une entaille de ce genre là. Ce qui se confirme lorsqu'il me regarde avant de déclarer d'un air paniqué et à la fois hyper sérieux :

- Il faut que tu ailles voir un médecin !
- Pourquoi faire ?
- Arrête de faire l'ignorant ! Il faut te faire soigner et refermer la plaie !
- Ne dis pas n'importe quoi.
- Comment ça « n'importe quoi » ?! Tu as besoin de points de sutures, je te dis ! hurle-t-il dans l'espoir de me faire entendre raison.

Je trouve ça vraiment agaçant, la manière dont il s'inquiète toujours pour moi. Comme si je n'étais qu'une petite chose fragile. Comme si m'aider maintenant allait résoudre tous mes problèmes. Comme si il se sentait obligé de m'assister pour faire sa « bonne action » du jour...

Si il savait à quel point je n'en vaux pas la peine.

- Tu peux arrêter ta scène cinq minutes ? je lui demande dans un soupire. Tu vas alerter tout l'étage à force de hurler comme ça ! La plaie n'est pas étendue, elle est profonde. Les points de sutures ne servent à rien dans ces cas là.
- Au risque de me répéter ; tu dois aller voir un médecin, Vanitas.

Je baisse les yeux vers la lésion. L'ouverture n'est certes pas très belle à regarder mais ce n'est pas mon premier coup de couteau ; j'en ai vu bien d'autre et des bien pires pour lesquelles je m'en suis sortis sans consultation médicale. Je n'aurais qu'à serrer les dents pendant quelques semaines.

- Ce n'est vraiment pas la peine, espèce d'idiot. En plus, ça ne saigne presque plus.
- De toute façon, je ne te laisse pas le choix ! soupire mon colocataire. Si tu n'es pas décidé à y aller par toi même, alors j'appelle les urgences.
- Tu n'es pas sérieux, là ?

Il me défie du regard et, alors que je le vois sortir son portable de la poche de son pantalon, je me sens comme pris au piège. Tout d'un coup, un sentiment de panique me parcours le corps, ce qui me fait presque oublié la douleur.

Il n'y a pas moyen que j'aille à l'hôpital.

Jamais de la vie.

Si je n'étais pas déjà assez mal en point, je lui aurais sauté dessus pour tenter de lui reprendre son maudit téléphone. A la place, je fais la seule chose dont je me sentes capable dans ce genre de situation ; m'en prendre à lui, lâchement. Par les mots.

Je ne sais pas si je tremble de peur, de rage ou si parce que les effets de l'hémorragie commence à se faire ressentir. Après avoir traversé la ville avec une plaie ouverte, le poids de mon corps me semble soudainement bien difficile à supporter.

- Mais de quoi tu te mêles, au juste ? je crie, la mâchoire crispé par la colère. Tu crois pouvoir débarquer comme ça et faire absolument tout ce que tu veux ? Ce qui m'est arrivé ne te regarde pas. Que j'aille voir un médecin ou pas ne te regarde pas non plus. Laisse moi tranquille, je n'ai pas besoin de toi... Je n'ai besoin de personne !

Il s'arrête soudainement de pianoter sur l'écran de son portable, les doigts en suspens, et me fixe avec aplomb. Le menton redressé, les yeux brillant d'une lueur dont je n'arrive pas à déterminer l'origine, il me répond de manière calme et posé :

- Ah bon ? Tu n'as besoin de personne ?

Lentement, il se rapproche de quelques pas vers moi.

Ma tête se met à tourner.

Pitié, ce n'est pas le moment de s'évanouir.

- Que fais-tu là, alors ? me questionne-t-il, sa voix parvenant difficilement jusqu'à mes tympans.

Je recule au fur et à mesure qu'il s'avance vers moi. Pris de vertige, je suis obligé de me rattraper au mur pour ne pas tomber, la main appuyé contre la cloison froide. La douleur sous ma côte ressurgit, plus aiguë encore, et elle saisi mon corps d'un terrible frisson.

- N'appelle pas l'hôpital, lui dis-je dans une supplication. S'il te plaît.
- Pourquoi ?

Parce que je ne veux pas leur dire mon nom. Je ne veux pas avoir à leur informer d'où j'habite, qui sont mes parents, ce que je fais de ma vie en ce moment même. Je ne veux pas parler de ce qu'il vient de se passer, ni de ce qu'il s'est passé avant. Je ne veux pas d'aide.

Je n'ai pas besoin d'aide.

Je tente d'expliquer ça à Noé lorsque la pièce se met à tourner et, tout à coup, je ne vois plus rien, n'entends plus rien. Ma tête cogne contre le sol, mais je ne ressens aucune douleur. J'ai déjà vécu ça. Très souvent. Trop souvent. Les battements de mon cœur résonnent à travers mes oreilles et tout ce que je parviens à entendre n'est que la voix de Noé, lointaine, criant mon prénom...

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant