Chapitre 3

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Vanitas

Je suis insaisissable.

C'est ce qu'on me dit souvent. Je suis inconstant, je change, je mue, je m'adapte. J'aime tout, mais rien à la fois. Parfois je déteste, parfois j'adore. Cela dépend et varie inlassablement. Même moi, je ne suis pas sûr de me connaître totalement. Je me complais dans une vie que j'aborde au jour le jour sans me préoccuper de ce qui pourrait arriver le lendemain... Ou plutôt en imaginant que je puisse disparaître à tout moment.

Je n'ai jamais trouvé que j'étais foncièrement étrange ; ce sont les personnes autour de moi qui m'ont reflété cette idée. Alors je me suis mis à le penser, puis à y croire.

Je suis Vanitas. La mort et la vie. Deux notions immatérielles aussi complexe que ma propre personne.

* * *

_4h00

Je sors les clefs de l'appartement de ma poche arrière mais suis trop saoul pour trouver la serrure. J'essaye de me laisser guider par le geste naturel de ma main mais cette traîtresse a du mal à viser juste. Ici ? Non.. Là !

Soulagé d'entendre le bruit du verrou se déclenchant, j'appuie sur la poignée et pousse la porte en y mettant tout le poids de mon corps. Je ne savais pas que cette porte était si lourde !

Alors que j'avance dans l'entrée et que mon subconscient me rappelle de marcher à pas de loup pour ne pas déranger Roland, je discerne une masse de cheveux blanc assise à la table de la salle à manger, seulement éclairé par la faible lumière émanant de la cuisine.

En clignant des yeux, je m'aperçois que ce n'est autre que mon nouveau colocataire. Il est vêtu d'un caleçon trop grand pour lui et d'un t-shirt violet. Ou rouge. Je ne sais pas trop. Il a ce qui ressemble être une tasse de thé entre les mains. Ses yeux écarquillés me regardent comme si je venais d'assassiner sous ses yeux le chat qui est entrain de mordre les câbles de...

Attendez, il y a un chat qui est entrain de mordre les câbles de la télévision ? Je suis tellement médusé que je ne remarque même pas que mon nouveau colocataire - dont j'ai oublié le nom - vide précipitamment le contenu de sa tasse dans l'évier.

- Oh ! s'écrie-t-il. Vu l'heure, je ne pensais pas que tu rentrerais cette nuit.

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut bien être. Minuit ? Trois heures ? Cinq heures ?

- C'est quoi cette bête ? je lui demande, tandis que je me rends compte que j'ai du mal à articuler distinctement.

- C'est mon chat. Il s'appelle Murr.

Sans savoir pourquoi, je me mets à rire. A rire très fort. Murr ! Ce n'est pas possible !

- Ce chat... Il est obèse !

- Il ne l'est pas, répond l'idiot au cheveux blancs qui se tient devant moi. C'est parce que c'est un persan. S'il te plaît, tu peux arrêter de rire comme ça ? Tu vas réveiller Roland.

- Bon bon, très bien...

Le dénommé Murr, comme si il devinait qu'on parlait de lui, s'approche d'une démarche féline en miaulant. C'est une blague, ce chat est une boule. Son ventre touche presque le sol.

Mon colocataire le prend sur ses genoux et brosse son poil de la paume de la main. Pour ma part, je le grattouille sous le menton et cela le fait ronronner.

Je questionne :

- Bon, ce ne sont sans doute pas mes affaires, mais que fais-tu debout à une heure pareil ?

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant