Chapitre 8

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Noé


Vanitas me guide vers une porte située dans un renfoncement de la salle, à l'abri des regards, et appuie sur le loquet. Nous montons des escaliers délabrés qui s'étendent à n'en plus finir et, alors que je finis par penser qu'ils ne mènent nul part, nous arrivons tous les deux dans une nouvelle pièce.

Elle est presque aussi spacieuse que le rez de chaussée mais totalement vide de personnes, seulement pourvu de tables en marbre, de chaises, d'une table de billard et de fauteuil en cuir à l'aspect confortable. Une lumière tamisée diffusée par des spots au plafond donne à cette pièce un côté aussi luxueux qu'austère.

- Te voilà ici chez les Personnes très importantes, Noé.

Vanitas vient de m'informer que nous sommes dans la pièce VIP du bar et je me demande comment a-t-il obtenu l'autorisation de venir ici. Serait-ce grâce à Dante, qui est le fils du propriétaire des lieux ?

Cette ambiance beaucoup plus froide et guindée que celle de tout à l'heure me rappelle mon chez moi et je ne peux m'empêcher de me sentir inconfortable. Heureusement cette impression ne dure pas longtemps car mon ami s'approche des longs rideaux couleur taupe frôlant le sol et les tire d'un coup sec, dévoilant une immense baie vitrée à travers laquelle la vue donne directement sur... Paris, surplombé par la hauteur de l'immeuble. Je m'y approche par automatisme, comme envoûté, manquant de faire tomber le verre que je tiens dans la main. A ce moment là, c'est comme si le monde se refermait sur moi.

La ville de Paris me fait face. Elle est encore plus belle de nuit, elle et son chapelet de lumières scintillantes, ses toits sombres distinctifs tout en ardoises, ses rues principales illuminés par les commerces, son architecture d'époque aux gravures exceptionnelles... Et enfin la tour Eiffel que j'aperçois pour la première fois de ma vie.

J'ai parfaitement conscience de mon attitude puéril quant à la vue de ce spectacle. D'ailleurs, c'est le rire de Vanitas qui me fait redescendre sur terre, comme si je venais de subir un violent atterrissage.

- Tu verrais ta tête, s'exclame-t-il. Un vrai gamin !

Je me tourne vers lui, m'apprêtant à protester, mais il m'arrête d'un geste de la main.

- Ne me regarde pas comme ça. A vrai dire, ta réaction est exactement celle que j'espérais.

Comment ça « celle qu'il espérait » ? Alors il m'aurait emmené ici dans le seul but de me faire plaisir ? Moi qui le prenait pour quelqu'un d'égoïste depuis le début, peut être me trompais-je.

Il tend le bras, déclenche l'ouverture de la baie vitrée et sort sur la spacieuse terrasse en bois bordée par une épaisse barrière en verre. Lorsqu'il m'y invite je fais mes premiers pas sur la surface, hésitant, mais vient finalement le rejoindre, appuyé contre la rambarde. Me sachant au bord du gouffre, je n'ose pas regarder le sol mais préfère porter mon regard au loin, fixé sur la tour Eiffel illuminée.

Le vent caresse doucement ma joue et s'infiltre sous mon haut, me faisant frissonner. Les cheveux de Vanitas virevoltent, porté par la brise, et un sourire vient fendre son visage au moment où je m'y attends le moins.

- Que penses-tu de Paris maintenant ?

Sa question me percute. Que dire ? Quoi penser ? Même les plus belles photos panoramiques et les meilleurs reportages n'arriveront jamais à rendre justice à la majestuosité de ce paysage qui s'offre à moi.

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant