Chapitre 9

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Vanitas



- Va-ni-tas !

J'ouvre un œil, puis l'autre, mais les referme presque aussitôt lorsque la lumière du jour me brûle la rétine. Mon crâne cogne comme si on y filait des coups de bêche, et ce n'est pas la voix insupportable de Roland qui risque d'arranger les choses.

- Allez, débout ! Il est déjà midi passé, le ciel est bleu, les oiseaux chantent et j'ai préparé le repas ! s'impatiente mon horrible colocataire qui se met à tirer ma couverture, ce qui me frigorifie instantanément.

Et après, il s'étonne que je ne sois pas souvent à l'appartement. Il faut voir comment il me traite !

- Je m'en fiche. Dégage de ma chambre.. je m'entends marmonner d'une voix pâteuse, la tête sous mon oreiller, priant pour qu'il me laisse tranquille.

- Non, non et non ! C'est important de bien manger, surtout quand on est aussi maigre que toi !

Ma pauvre tête.. Avec un idiot pareil, je frôle la crise de nerf à chaque débilité qui sort de sa bouche. De plus, je n'ai pas, mais alors certainement pas envie de manger à cet instant. Tout ce dont j'ai besoin est une bonne douche, un café et des litres d'eau.

Rien qui implique un repas avec cet imbécile heureux, donc.

Je réunis mes forces pour attraper du bout des doigts la couverture qu'il vient de m'ôter et m'en sert pour m'en recouvrir intégralement. Quitte à ne plus respirer, je ne veux plus voir sa tronche d'ahuri.

- Que se passe-t-il ?

C'est la voix de Noé, qui vient de rentrer dans la chambre.

Roland lui répond comme un enfant de cinq ans à qui on viendrait de piquer son jouet préféré :

- Vanitas refuse de se lever alors que je me suis donné tant de mal pour cuisiner !

- Mmh, répond-t-il. Peut être qu'il vaudrait mieux le laisser tranquille pour l'instant.

A cet instant, je bénis mon nouveau colocataire du plus profond de moi même.

J'entends Roland sortir de la chambre en tapant des pieds par terre alors que Noé me demande si je suis toujours vivant, si je compte rester au lit toute la journée et si j'ai besoin de quelques choses en particulier, ceux à quoi je réponds que oui, oui et non.

Alors que Noé ouvre la porte de son armoire pour tirer quelques vêtements propres parmi toute sa boule de fringues, j'abaisse la couverture, juste assez pour pouvoir l'observer.

Je n'ai aucune idée de la manière dont la soirée s'est terminé, hier. Je me souviens juste avoir perdu contre lui au moins une dizaine de fois au billard, m'être agacé, puis plus rien. Le trou noir. C'est assez phénoménal cette capacité que j'ai à perdre la mémoire sous l'influence de quelques gouttes d'alcool.

Pendant que Noé est entrain de s'habiller, j'observe son dos aux muscles finement dessinés et sa longue colonne vertébrale légèrement rentrée. Je comprends pourquoi il fait chavirer les filles ; bien que ce type soi d'une insouciance et d'une naïveté insupportable, son charme évident et ses allures de gentleman ne laissent personne de marbre.

Pas même Trix, qui avait l'air de bien l'apprécier hier. Pourtant dieu sait à quel point cette fille est bien trop préoccupé par ses études pour se laisser embobiner dans un jeu aussi risqué que l'amour. Et pourtant..

Tu seras un homme ( Vanitas no carte )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant