Chapitre 24

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 Déjà, quand il était petit dans la favela de Rio, le jeune homme savait se montrer cruel, et avec des gens de son âge, et avec des personnes âgées. La dureté de la vie l'avait forcé à s'endurcir avant l'âge. Pour ainsi dire, il n'avait pas eu d'enfance. Plus tard, quand il arrivait à l'âge des hommes, un membre de sa famille se chargea de l'envoyez à l'école militaire, puis de l'introduire dans l'armée. Encore une fois le jeune homme n'avait pas de place dans sa vie pour céder au moindre petit plaisir. La discipline stricte dont il savait faire preuve faisait sa force. Or, sa force était tout ce qu'il avait.

On comprend donc qu'il s'est vite fermé au monde, rien de ce qui venait d'ailleurs devait l'atteindre.

L'officier Silva était « Silva la muraille » avant de devenir Cristobal. Rien ne passait avant l'ordre, la discipline et le commandement. C'était à peine si l'homme se permettait une parcelle de joie. Il l'interdisait catégoriquement à ceux qui était sous son commandement. Il était vraiment un homme impassible, inflexible, et impitoyable.

Mais ça, c'était avant que vienne ce jour, à la fois si triste, et si compliqué qui changea la donne à jamais.

L'homme était un soldat. La mort faisait partie du contrat qu'il avait signé. Il l'attendait. Il s'était préparé pour ça, mais pas de cette manière.

Comment un ordre pouvait-il avoir la priorité sur la vie ? L'homme ne pouvait se l'expliquer. Toute son équipe avait périe. Près de six morts étaient à déplorés, mais la patrie était en vie. Quel sens cela pouvait-il bien avoir ?

Était-ce pour ça qu'il s'était consacré à l'ordre ? Était-ce pour ça qu'il avait refusé le monde ?

L'homme était perdu. Et malheureusement, il n'y avait aucun chemin qui s'ouvrait a lui. C'est alors que l'inévitable se produisit : Il prenait conscience de lui-même. Dans le processus, il réalisa qu'il avait faim. Il était affamé même.

Qu'est-ce qui lui faisait envie ? Un peu de tout, mais principalement du plaisir. Du plaisir pour lui-même, du plaisir pour toutes ces années où il s'était retenu, pour toutes ses années où il n'y avait pas le droit. Du plaisir dans tout, du plaisir pour tout, mais toujours uniquement pour le plaisir. Telle était la nouvelle vie qu'il s'était choisie pour lui-même.

Il n'a fallu que quelques mois pour que l'armée en ait terminé avec lui. Le matin de son expulsion est encore inscrit dans la légende.

On l'attendait pour une audience, mais au final, c'est lui qui finissait par attendre.

— C'est une belle perte pour notre armée, disait son supérieur. Il était prometteur pourtant... Ah les jeunes...

— Il ne faut pas lui en vouloir. Certains ne sont pas taillés pour certaines choses, disaient son sous-lieutenant pour tenter d'éponger la déception. Tiens, Maria est en congé ?, remarquait-il en voyant que le bureau de la secrétaire était vide.

— Non, si c'était le cas elle m'aurait prévenu, confie le supérieur en essayant d'ouvrir la porte de son bureau.

Cette dernière ne s'ouvrait pas, car, elle était fermée de l'intérieur. C'était plutôt étrange.

— C'est une blague ?, commençait le général un peu énervé. Qui est dans mon bureau ?, demandait-il d'une voix forte et menaçante. Ouvrez la porte !, exigeait-il.

De dehors, le général comme son subordonné n'entendait rien venant de l'intérieur du bureau. Et jamais ils n'auraient imaginé qu'une chose pareille pourrait se passer dans le bureau. Ni eux, ni personnes.

Une autre salve de cris et de coup s'abattait sur la porte du bureau, mais rien ne décidait le nouvel occupant à sortir.

Soudainement, le téléphone de la secrétaire du général se mettait a sonné. Qui que c'était, ce n'était pas le bon moment pour appeler.

L'Alignement des TempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant