Lorsque je ferme enfin la porte des toilettes, des spasmes m'envahissent complètement et je n'arrive à ne rien faire d'autre que de me laisser tomber au sol.
Un bruit se fait entendre de l'autre côté de la serrure. J'essaye de contrôler mes gémissements et mes pleures en mettant ma main sur ma bouche mais quelqu'un toque doucement contre la porte de ma cabine.
- Je... c'est occupé, j'ai bientôt fini... je lui réponds
La personne ne répond pas et pensant qu'elle est partie, j'ouvre la porte afin d'aller me regarder devant le miroir.
Mon cœur s'arrête presque de battre lorsque je découvre Elio sur le battant de la porte.
- Qu'est ce que tu fais là ? je lui demande un peu énervée. Je t'avais demandé de ne pas me suivre.
Il me regarde un peu étonner et s'adosse au mur près du lavabo.
- Oui, j'ai entendu, Il me chuchote. Mais je ne pouvais pas te laisser toute seule. Je crois que... je n'aurais pas voulu être seul dans ces moments-là.
Je remets mes cheveux en place derrière mes oreilles. Des cernes violettes ornent mes yeux et ma bouche a pris une couleur bleuâtre à cause du stress.
- Je fais des crises de panique, ce n'est rien, ça m'arrive plus souvent que tu pourrais le croire.
Elio s'approche de moi et m'indique de le suivre. Nous sortons des toilettes et avançons dans le couloir. Personne ne parle, mais le silence n'est pas pesant, bien au contraire, il me rassure.
Lorsqu'on arrive dans le jardin de l'école, nous nous asseyons sur un banc un peu à l'écart de la vue de tout le monde.
- Quand j'étais petit, il commence, des garçons un peu plus grands que moi passaient leurs récrés à m'embêter. On avait l'impression que me voir triste les amusaient, il marque une pose comme s'il était gêné de me confier ça puis, continue. Tous les jours, avant d'aller à l'école, je pleurais dans mon coin parce que j'avais beaucoup trop honte de le faire devant tout le monde. Un jour, ma mère m'a surpris en train de pleurer et je lui ai tout raconté, et c'est à ce moment-là que j'ai compris... on n'est jamais seul. Ne reste pas dans ton coin, sans que personne sache ce que tu ressens parce que tu peux toujours trouver quelqu'un pour t'aider.
Il tourne sa tête vers moi et ses lèvres esquissèrent un large sourire me faisant sourire à mon tour.
- Mais moi, je n'ai personne à qui me confier.
Il hausse les épaules un peu étonnées et me murmure à l'oreille.
- Quand tu seras prête à te livrer à quelqu'un mais que tu ne sais pas à qui, je suis là si tu as besoin de moi.
A ces mots, il se lève et me tend sa main que je prends avec plaisir.
- On ferait mieux de retourner en classe, le cours est bientôt terminé.
J'acquisse et le suis à travers les couloirs. Pour la première fois depuis des mois, je me sens reposée et...heureuse ?
Lorsque nous remontons en cours, le professeur ne nous pose pas de questions sur notre longue absence et nous retournons nous assoir dans le plus grand des silences.
Le reste de la journée se passe sans encombre, je reste dans mon coin et essayant le plus possible de ne pas me faire remarquer. Personne ne vient me parler et je ne peux qu'être heureuse de cette situation. Finalement, mon retour en cours ne devrait pas être un véritable enfer ?
Je rentre donc du lycée seule, Lana Del Rey chante dans mes oreilles et pour la première fois depuis plusieurs mois, je me sens libre.
Sur le chemin, je croise quelques-uns de mes anciens camarades de classe. Certains me fusillent du regard mais je n'ai pas peur. Après tout, il ne me reste plus qu'une année ici, autant qu'elle se déroule sans problèmes.
J'ai toujours vécu seule avec ma mère. Mon père est parti lorsque j'étais enfant et ma mère ce n'est jamais remariée. Elle dit que les hommes sont tous inutiles et bête et que nous n'avons pas besoin d'eux pour être heureuse. Parfois je me dis qu'elle a raison, d'autre fois au contraire, j'aimerais bien qu'une personne puisse nous accompagner dans la vie de tous les jours. Peut-être que nos journées seraient plus faciles. En attendant, le jour ou maman retrouvera quelqu'un n'est pas arrivé est n'est pas près d'avoir lieu.
- Maman, je suis rentrée, je lui dis lorsque je mets un pied dans la maison.
- Je suis dans la cuisine, vient voir Abbie chérie, elle me répond.
Je m'empresse d'enlever mes chaussures pour la retrouver.
- Mets la table, on va bientôt manger, elle s'empresse de me dire
- D'accord... je lui réponds
Je m'exécute, et commence à entamer les allés retour entre la cuisine et le salon.
Lorsque tout est près, que la table est mise et que le repas est servi, je m'installe en face de ma mère, prête à lui raconter ma journée.
- J'ai passé une bonne journée maman.
Elle hausse un sourcil avant de me regarder et finit par me répondre, un petit sourire aux bords des lèvres.
- C'est vrai ? Tu t'es faites des copines ?
- Non, mais un ami... je crois.
A vrai dire je ne sais même pas si Elio et moi sommes amis mais je préfère la rassurer.
- Un ami ou un petit ami ?
Le rouge me monte jusqu'aux oreilles.
- Non maman... juste un ami. Ça ne fait même pas une journée que je suis au lycée.
Elle rigole un peu puis me dis une phrase que j'ai l'impression d'entendre tous les jours depuis le mois qui a suivi ma tentative de suicide.
- Tu ne manges pas ? Tu essayes de perdre du poids ? Continue comme ça Abbie, la perte de poids te va très bien...
Depuis petite, j'ai toujours été un peu ronde. Pas trop non plus, mais juste assez pour ne pas être dans la « moyenne » de mon âge. J'ai toujours mangé entre les repas, pris plusieurs desserts mais je me suis surtout, toujours accepté comme je suis. Mais après ma tentative de suicide, ma mère et plusieurs personnes de mon entourages ont commencé à me faire remarquer ma « grosse prise de poids ». J'ai décidé de faire attention à ce que je mange et ne manger que le midi, un peu le soir et à pratiquer du sport grâce à des vidéos sur YouTube. En 2 semaines, j'ai perdu 10 kilos et ma mère ne cesse de me le rappeler.
Je remonte dans ma chambre après avoir débarrassée. Maman est sortie avec des copines et je ne sais pas à quelle heure elle compte revenir.
Je sors donc un livre de ma bibliothèque. Je lis tous les jours, c'est ma raison de vivre... Aujourd'hui, je commence Nos âmes tourmentés de Morgane Moncomble. J'en ai beaucoup entendu parler et j'ai extrêmement hâte de le commencer.
Hier soir, ma mère m'a dit que si je n'avais pas envie d'aller à l'école demain, je n'étais pas obligée, mais que au moins, j'aurais essayé. Ce matin, j'étais sûr de ne pas y retourner. Mais ce soir, je crois que je suis motivée.
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Coucouuuu ! Le chapitre 2 est enfin en ligne ! N'hésitez pas a me donner votre avis ! Tiktok: booktok__withme !
A bientot !
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Une année pour tout recommencer
RomanceUn mois passe depuis la tentative de suicide d'Abbie. Une année avant qu'elle puisse enfin tourner la page. Des rencontres qui vont changer toute sa vision de voir les choses. Mais la vie n'est pas faite uniquement de rose et Abbie le sait.