Persée

Chapitre 9

La journée se leva douce et ensoleillée sur Tengentiel, baignant le village dans une lumière dorée. Pour les artisans qui y vivaient, c'était un jour particulier et attendu avec impatience. C'était la Fête de la Déesse Bimanca, la protectrice des artisans, une célébration qui mettait en avant leurs talents et leurs créations. La petite communauté était en effervescence, se préparant pour cette journée spéciale.

Mais pour Persée, c'était un retour brutal à la réalité, loin de la Primerie. Il avait bien demandé à vivre chez Lament pour pouvoir revenir le plus vite possible à la base des chasseurs, mais ce dernier lui dit qu'il ne serait pas sûr de le supporter, et ce avec une honnêteté déconcertante. Quant à Berd, il a dit que Dante les tuerait tous les deux dans leur sommeil, ce dont Persée ne doutait pas.

Donc le revoilà, au sein de sa famille, voilà deux jours, jusqu'à ce que Berd le recontacte. Il n'avait pas spécifié de date.

Persée se penchait la tête à l'envers sur son lit, essayant de canaliser son mal de tête croissant. Elara et Ilos, s'apprêtaient à exposer leurs tapis pour honorer la déesse Bimanca. Sa sœur, Lucrèce, préparait des bijoux magnifiques à présenter aux visiteurs. La maison bouillonnait de passion, de cries, de "tu viens nous aider quand" et "tu vas maudir la maison si tu n'arrives pas tout de suite !" Persée ne demandait qu'à s'entrainer, pouvoir donner des coups, réaliser son rêve quoi !

La place principale de Tengentiel s'était transformée en un marché coloré, où chaque artisan avait dressé un étalage de ses créations. Des tapis brodés, des poteries délicates, des bijoux étincelants et bien d'autres merveilles artisanales étaient exposés pour que les visiteurs les admirent et les achètent en échange d'offrandes à la déesse. Des guirlandes de fleurs et de rubans ornaient les étals, créant une atmosphère festive.

Persée avait été chargé de tisser des tapis pour l'occasion. Des tapis aux motifs complexes, inspirés de ses rêves de chasseurs, des épopées qu'on contait dans les journaux. Les couleurs chatoyantes et les dessins élaborés représentaient des subvampires dévorés et d'autres victorieux. Il avait travaillé dur pendant des jours pour les réaliser, mais il ressentait toujours une pointe d'amertume. Ce travail l'empêchait de s'entraîner aux techniques de chasseur, ce n'était pas juste !

— Arrête de hurler ! Hurla lui même Persée, j'arrive ! La maison ne va pas disparaître !

— Persée, aujourd'hui est un jour spécial pour tous les artisans de Tengentiel, y compris nous. Déclara son père dès qu'il avait mis les pieds au salon. Tu dois mettre de côté tes rêves de chasseur pour l'instant et nous aider à vendre nos créations en l'honneur de la déesse Bimanca !

Persée avait croisé les bras, les yeux étincelant de frustration.

— Mais papa, je dois m'entraîner tous les jours si je veux devenir un chasseur digne de ce nom. Les subvampires ne prennent pas de jours de congé !

Sa mère avait pris la parole, un sourire en coin.

— Ilos, notre fils est déterminé, c'est un signe de caractère. Laisse-le s'entraîner un peu, il est encore jeune.

Cette remarque exaspéra Persée.

— Maman, j'ai vingt-deux ans, je ne suis plus un enfant.

Lucrèce décidé de rompre ce début de dispute comme elle en avait toujours l'habitude.

— Bon, moi et le "plus un enfant" allons préparer notre étal. Viens.