Nathan

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Son réveil a été très dur et je comprends qu'elle ait besoin de rester un peu seule, mais pour combien de temps ? Cela fait déjà cinq jours et elle ne veut pas me voir. Je sais qu'elle répond à ma sœur, mais pas à moi. Pourquoi ? Madi m'a dit qu'elle était rentrée chez elle. Je sais que je ne devrais pas et pourtant je suis là, devant sa porte. Je tends l'oreille pour voir s'il y a une présence. J'entends du bruit. Pour éviter qu'elle se trouve froisser de me voir ici, je lui envoie un énième texto pour lui dire que je l'aime et que je l'attendrai. Tout à coup, j'entends qu'elle dit qu'elle m'aime aussi et se met à pleurer. Mon cœur se brise. Pourquoi elle ne me le dit pas ? Pourquoi reste-t-elle éloignée de moi ?

Tous les jours, je vais devant chez elle. Je la vois revenir de ses séances de kiné et être ramenée par des taxis ambulance. Tous les jours, j'ai envie d'aller frapper à sa porte, mais je me freine. Si elle voulait me voir, elle m'aurait contacté.

Cela fait maintenant un mois que je n'ai pas de nouvelles autres que celles que ma sœur me donne. Même sa propre famille n'a pas de nouvelles. Pourquoi s'est-elle coupée de tout le monde sauf de Madison ? Et surtout pourquoi s'est-elle coupée de moi ? On s'est dit qu'on s'aimait alors pourquoi fait-elle ça ?

- Elle va mieux. Dit Madison.

Oh... Tant mieux. Dis-je lasse.

Elle va mieux niveau santé, mais moralement, c'est pire. Elle ne doit pas beaucoup dormir, quant à manger ça doit être pareil. Je sais qu'elle t'aime toujours. Elle est malheureuse.

- J'en doute. Elle ne répond pas à mes messages et elle ne m'a pas appelé.

- Je le sais parce qu'à chaque fois que je l'ai au téléphone ou que je passe chez elle, elle me demande de tes nouvelles.

- C'est vrai ? Dis-je totalement étonné.

Laisse-lui du temps.

- Je sais, mais ça devient très dur. En plus, tu me dis qu'elle va mieux.

- Physiquement oui. Par rapport à ses blessures, mais pour le reste, ce n'est pas le cas.

- Et tu lui dis quoi de moi ?

- La vérité.

- C'est-à-dire ?

- Que tu es malheureux et que tu n'as plus goût à rien.

- Quoi ?! Tu ne lui as pas dit ça ?

- Si. Regarde-toi. Tu ne veux plus sortir à part pour le boulot ou aller devant chez elle. Tu croyais que je n'étais pas au courant. J'y ai vu plus d'une fois ta voiture.

- Et tu lui as dit ?

- Non.

- Merci.

Nous discutons encore un bon moment avant qu'elle décide de rentrer chez elle. Son bras va nettement mieux. Elle a pu reprendre le travail, mais pour l'instant, elle est dans les bureaux. Elle n'est pas encore apte à retourner sur le terrain. Ce qui me soulage grandement. Je ne suis pas prêt à la voir retourner dans les rues et de se faire tirer à nouveau dessus.

Le mois qui suit, je me traîne à l'université où je donne des cours de mathématique. En temps normal, je suis heureux d'y aller, car j'adore enseigner, mais là, je suis renfermé sur moi-même et agit comme un robot. Des fois, j'ai l'impression de la voir, mais dès que je regarde sur l'endroit où je la vois, il n'y a plus personne. Donc, je vais donner mes cours et rentre chez moi après être passé chez Maxine. Je la vois de temps en temps à travers sa fenêtre. Elle a l'air autant malheureuse que moi et j'ai l'impression qu'elle a beaucoup maigri.

Avec Madison et Luc, nous avons décidé de retourner au chalet pour Thanksgiving. Il y aura en plus ma cousine Emma avec son fiancé. Je ne suis pas d'humeur pour tenir la chandelle entre deux couples. Mais comme Madi est ma seule vraie famille, je ne peux pas lui refuser. Certes Emma est une cousine. Mais pas vraiment. C'est une amie de Madison qui est devenue une cousine de cœur. Elle a toujours été présente dans notre vie. Elle est devenue amie avec Madison en primaire. C'est comme si elle avait été de notre famille.

Une semaine passe encore sans que j'aie des nouvelles de Maxine en dehors de celles que me donne Madi. Le vendredi après-midi, Emma débarque chez moi pour me forcer à aller au chalet plus tôt. Son fiancé nous rejoindra le lendemain. Quant à Madi et Luc, ils nous rejoindront le dimanche, car Madi travaille le samedi. Je me tâte à y aller. Je n'ai pas envie de quitter Seattle en laissant Maxine ici toute seule. Certes, on ne se voit pas, mais c'est plus fort que moi. Après la prise de tête entre Madi, Emma et moi, j'ai cédé pour partir le vendredi. Pourquoi veulent-elles qu'on parte vendredi alors qu'on pourrait tous partir dimanche ? Mais j'accepte. De toute façon, je suis à bout de force pour lutter contre ses deux chipies. Quand elles décident de quelque chose, rien ne peut les faire changer d'avis. Je conduis sans trop écouter Emma. Mon esprit est resté avec Maxine. Une fois arrivé au chalet, je m'arrête net en plein chemin. La voiture de Maxine est ici. Emma pose sa main sur moi et me dévisage avec un sourire.

- Tu étais au courant ?

- Oui, mais pas elle.

- Comment ça ?

- Madi lui a proposé de se reposer ici quelque temps, mais elle n'est pas au courant que l'on vient. Alors ne lui saute pas dessus. Laisse là venir vers toi.

Je me gare devant mon chalet et m'aperçois qu'il n'y a pas de lumière chez Madi. Maxine a dû sortir pour marcher ou alors, elle reste dans le noir. Une fois le véhicule vidé, j'allume la cheminée pour réchauffer le chalet. Je n'y suis pas venu depuis Maxine. J'ai l'impression que son parfum flotte encore dans l'atmosphère. Je sais que c'est ridicule et pourtant... Ne pouvant plus rester ici avec toutes ses images en tête de Maxine et moi, j'ai besoin de prendre l'air. Je laisse Emma prendre une douche et sors. Mes pas me dirigent vers la rivière. C'est là que Maxine m'a souri après avoir empêché sa noyade et où j'ai su qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous vu la façon qu'elle avait de dévorer mon torse. Mes pas s'arrêtent net lorsque mes yeux sont tombés sur Maxine qui pleure au bord de la rivière. J'ai envie de la prendre dans mes bras, mais je repense à ce qu'Emma m'a dit. « Elle n'est pas au courant que l'on venait. Alors ne lui saute pas dessus. Laisse là venir vers toi. » Donc avec beaucoup, beaucoup d'effort, je la regarde encore un peu avant de faire demi-tour et de retourner au chalet.

À peine ai-je fait quelques pas que la pluie s'est mise à tomber en trombe. Je cours littéralement vers le chalet. Lorsque je viens pour tourner la poignée, je m'aperçois qu'elle me regarde. Pourtant, je fais comme si je ne l'avais pas vu. Une fois la porte franchie, mon cœur bat à cent à l'heure. J'aimerais qu'elle vienne me parler. Je reste adossé à la porte quand j'entends un grand bruit derrière celle-ci. J'ouvre et découvre Maxine sur le perron. Elle est assise ou alors serait-elle tombée sur les fesses ? J'ai envie de sourire à cette image et cependant je ne le fais pas. Je lui tends la main pour l'aider à ce relevé. Nous nous dévisageons un moment avant que je me lance.

- Maxine. Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je... Je ne sais pas.

Je te veuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant