Dimanche 16 Août 1964

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Après l'excursion au Jungfraujoch, Koen, Mathieu et Philippe prirent le train pour Interlaken Ost où se faisait la correspondance entre le réseau à voie métrique et celui à voie normale. Philippe n'allait que jusqu'à Berne où il prendrait le train pour Paris en passant par Pontarlier. Koen et Mathieu avaient un wagon-lit direct pour Amsterdam. Ils furent accueillis sur le quai par le conducteur, homme jovial et bedonnant dans la cinquantaine :

— Bonjour Monsieur Grotelul, bienvenue !

— Bonjour Monsieur... j'ai oublié votre nom, fit Koen. Vous vous souvenez du mien ?

— Appelez-moi Dirk. Ce nom m'avait frappé. Je n'ai pas vérifié si cela correspond à la réalité.

— Euh... C'est un pseudonyme, je ne peux pas voyager sous mon vrai nom.

— Je l'avais deviné, lorsqu'on est le fils de... Vous lui ressemblez. Et votre compagnon, Monsieur de Goumoëns ?

— Oui, fit Mathieu. C'est mon vrai nom.

— Serons-nous seuls dans le compartiment ? s'enquit Koen.

— Non, vous avez un billet de seconde classe, un homme vous rejoindra à Berne.

— Désolé, Mathieu, mon père est un peu pingre.

Ils montèrent dans le train et déposèrent leurs sacs dans le compartiment réservé qui était toujours dans la configuration pour la journée avec trois sièges. Ils avaient enregistré leurs valises et n'avaient pris avec eux que le nécessaire pour la nuit. Ils donnèrent leurs billets et leurs passeports au conducteur qui ferma la porte du compartiment à clef et rejoignirent ensuite Philippe au wagon-restaurant.

— Que boit-on ? demanda le Français. Un thé ?

— On boira assez de thé chez moi, fit Koen, il n'y aura pas d'alcool tous les jours. Je propose un apéritif pour fêter le début des vacances. Tu le payes, Mathieu ?

— Oui, je sais que tu es fauché. D'accord pour l'apéro.

— Nous devrons aussi boire du vin rouge ce soir, ajouta Koen, c'est un bon somnifère, sinon on ne peut pas dormir à cause du bruit et des secousses.

— Vous pourrez aussi vous branler avant de dormir, dit Philippe en riant.

— On ne sera pas seuls, dit Mathieu.

— À l'aller je n'étais pas seul non plus et cela ne m'a pas empêché de me branler, dit Koen.

— Avec les autres ?

— Euh... non, discrètement, sous la couverture.

Ils commandèrent des Martinis blancs.

— Alors, demanda Mathieu à Philippe, amoureux du fleuriste ?

— C'est un peu tôt pour le dire, nous n'avons même pas parlé en tête à tête.

— Mais vous vous êtes branlés et sucés, c'est un bon début, pas très romantique il est vrai.

— Au moins, dit Koen, il n'y aura pas de déception quant à la taille de la bite.

— Tu choisis tes amants en fonction de la taille de leur bite ? s'étonna Philippe.

— Non, c'est le hasard et la nécessité de me vider les couilles qui m'ont fait choisir Mathieu.

— Vous n'êtes pas amoureux l'un de l'autre ?

— Si, un peu, beaucoup, passionnément...

— Repose-nous la question en l'an 2000, dit Mathieu, si on est toujours ensemble c'est qu'on s'aime à la folie.

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant