Jeudi 9 juillet 1964

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Au moment où Léo reposa sa plume, Dominique frappa et entra dans la chambre. C'était l'après-midi, vers quatorze heures. Il faisait très chaud ce jour-là, Léo était en sous-vêtements pour écrire : tee-shirt et slip blancs, comme à son habitude.

— Bonjour, Monsieur Léo, dit l'infirmière, j'espère que je ne vous dérange pas.

— Bonjour, Mademoiselle Dominique, fit Léo, vous ne me dérangez pas du tout, vous m'avez dit que vous travailleriez l'après-midi aujourd'hui. Je viens de terminer une lettre.

— Oh ! Vous avez beaucoup écrit. C'est votre séjour ici qui vous inspire ? Pourtant, il ne se passe pas grand-chose, si je ne suis pas indiscrète.

— Non, je racontais à mon cousin le camp que j'ai fait l'année dernière dans une base militaire au Colorado.

— Un camp militaire ? À votre âge ?

— Ce n'était qu'une initiation pour adolescents, pas un vrai camp de l'armée.

Léo réfléchit, et s'il faisait lire la lettre à Dominique, pour voir comment elle réagirait ? Il le lui proposa.

— J'aurais le temps, répondit-elle, nous sommes assez nombreuses cet après-midi, une collègue est en formation. Je n'aurais jamais osé vous le demander, mais j'aimerais mieux vous connaître.

— Je vous préviens, ça va peut-être vous choquer.

— Me choquer ? fit Dominique en riant. Pourquoi ?

— Parce que ce camp était dur, et ils avaient des méthodes... inhabituelles, dirais-je. Et je ne cache rien à mon cousin, même concernant ma sexualité.

— J'en sais aussi pas mal sur votre sexe... physiquement, pas comme vous l'utilisez.

Léo céda sa place à Dominique à la table et sortit sur le balcon pendant qu'elle lisait la lettre. Une petite brise le rafraîchissait et lui provoquait une sensation agréable entre les jambes, il pensait déjà à la séance qui suivrait, et qu'il terminerait par une longue masturbation.

Dominique le rejoignit, elle avait l'air bouleversée.

— Je n'aurais pas dû vous donner cette lettre à lire, fit Léo.

— Non, vous avez bien fait.

— Qu'en pensez-vous ?

— Je me demande comment vous avez pu supporter tout cela.

— Ce n'était qu'un jeu.

— Un jeu, oui, mais plutôt cruel. Vous faire déshabiller et vous inspecter partout.

— Bah, c'est la même chose dans votre clinique.

Dominique rit :

— Autant pour moi, j'aurais mieux fait de me taire.

— Puis-je vous poser une question ? Êtes-vous un homme ?

— Vous... vous avez deviné ? Ou on vous l'a dit ?

— C'est mon cousin qui m'a mis la puce à l'oreille.

— Je suis une femme... qui a un corps d'homme. Je suis soulagée que vous le sachiez. Je vous promets de tout vous raconter, mais pas aujourd'hui. Ce week-end, pendant l'excursion.

Léo acquiesça. Dominique ajouta :

— Nous avons nos exercices à faire, si vous acceptez que je vous touche, maintenant que vous savez que je suis transgenre.

— Je le savais déjà, il n'y a rien de changé entre nous.

— Mais aujourd'hui, je pensais faire des exercices avec le sexe en érection...

— Et la déontologie médicale ? fit Léo en souriant.

— J'ai demandé son avis au Dr Tissot. Il m'a dit que c'était normal, du moment que c'était dans un but médical.

— Les exercices, ce n'était pas votre frère qui les faisait ? C'était vous ?

— Je n'ai pas de frère, c'était moi qui les faisais.

— Et ça a marché ?

— Non, j'ai dû me faire circoncire, avant de tout couper.

— Tout couper ? Vous vous êtes fait opérer ?

— Non, pour le moment je ne désire pas, c'est une opération trop risquée. Et ça dépendra de mon futur partenaire, je ne sais pas s'il préférera les pénis ou les vagins.

— Vous cherchez un homme ?

— Disons une personne qui a un zizi. Mais ce n'est pas facile à trouver dans ma situation.

Ils rentrèrent dans la chambre, Léo se coucha sur son lit, Dominique lui baissa son slip après avoir mis l'écriteau "Ne pas déranger" à la poignée de la porte. Léo espérait que les exercices seraient plus efficaces dans son cas. Ce n'était pas si désagréable, que ce soit un homme ou une femme qui les fît, même si c'était inutile. Léo se laissa totalement aller, il ferma les yeux. Il fut surpris lorsqu'il éjacula.

— Je suis vraiment désolée, dit Dominique, j'ai été trop énergique.

— C'est de ma faute, dit Léo, j'aurais dû vous prévenir, mais j'étais distrait.

— Cela restera entre nous.

— Je vous le promets. Et c'était normal, du moment que c'était dans un but médical.

— Vous êtes un ange, si seulement tous les patients étaient comme vous.

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant