Dimanche 12 juillet 1964

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Mon cher Mathieu,

Comment vas-tu ? Es-tu toujours puceau ou ton Hollandais volant t'a-t-il enfin déniaisé au lieu d'inventorier tes poils au cul ? Tu sais que je ne suis plus vierge, mais Dominique le serait toujours, elle me l'a laissé entendre. Je ne l'ai pas vue nue aux Bains de l'Alliaz, tu devines qu'elle n'a pas osé se déshabiller. Elle s'est contentée de me mater une nouvelle fois, je crois qu'elle a maintenant tout vu, aussi la raie du cul, sauf mes mycoses entre les orteils, c'est moins sexy. Elle préfère m'appliquer de la pommade sur le bout du kiki.

Elle était accompagnée d'un "chef des bains" vicieux : "Vous pouvez bander, jeune homme, j'aime bien ça, je vais même tout faire pour que ça arrive.". Non, il n'a pas osé me parler comme cela, il le pensait seulement. Oui, j'ai bandé...

Je suis optimiste au sujet de ma future relation avec Dominique, elle m'a invité vendredi pour le souper et la nuit chez elle. Elle t'invite aussi avec Koen si vous êtes d'accord. Vous aurez un lit pour les deux où Koen pourra compter les moutons avant de s'endormir sans te toucher. Je me réjouis de faire sa connaissance. Dominique se laissera peut-être mesurer, il ne doit pas encore avoir de statistiques concernant les pénis transsexuels. J'en doute un peu, ce sera plutôt romantique, pour nous deux en tout cas. Vous, je ne sais pas...

Je vais encore te raconter la fin de l'initiation militaire au Colorado. Elle durait cinq jours en tout. Du quatrième au cinquième jour, nous avons dormi à l'extérieur pour la dernière nuit. Après une marche d'approche assez longue, nous sommes arrivés à un magnifique endroit, au bord d'un petit lac à la lisière d'une forêt, avec la vue sur les Rocheuses. Cela ressemblait à certains paysages suisses, l'aspect étriqué en moins, et peut-être à l'endroit où tu t'es masturbé avec ton statisticien.

Le sergent Hartman m'est apparu sous un autre jour. Il avait un peu relâché la discipline. Il nous a fait mettre en rang, puis a déclaré :

— Je suis content de vous, personne ne s'est plaint de la longueur du trajet, et avouez que cela en valait la peine. C'est pour cela que je me suis toujours battu, pour défendre mon pays qui est le plus beau et libre du monde.

Les deux GO étaient venus en jeep et avaient pris du matériel avec eux dans une remorque. Ils ont planté un mât pour monter le drapeau et passer l'hymne national avec le mange-disque branché sur l'allume-cigare. Nous écoutions la main sur le cœur. Le sergent ne faisait aucune différence entre les étrangers (Jo et moi) et les Américains. J'ai trouvé ça positif, même si nous étions des Blancs, et pas des Noirs (il n'y en avait pas), des Jaunes ou des Rouges (communistes ou natifs). Le sergent a dit ensuite :

— À poil !

Nous avons obéi sans poser de question. Il a regardé nos pieds, indiquant à Mike ceux qui étaient trop sanguinolents afin qu'il les soigne. Il a évidemment aussi regardé nos bites qui étaient heureusement en meilleur état. Il m'a de nouveau fait une remarque au sujet de mon prépuce pas coupé. Logan, qui était à côté de moi a dit qu'il pourrait s'en charger avec son couteau militaire, il avait l'habitude de castrer les porcelets à la ferme.

— Non, a dit le sergent, l'air grave, on ne plaisante pas avec ça. Le prépuce je m'en fiche, mais les couilles c'est trop précieux. Fais-moi vingt pompes pour t'excuser.

— YES, SIR !

Logan a obéi, content de lui. Il devait s'attendre à être puni.

— Les autres, allez-vous baigner. Léo, tu restes aussi.

— YES, SIR !

J'étais intrigué. Qu'est-ce que le sergent voulait me dire ? Je n'avais pas désobéi et ce n'était pas de ma faute si je n'étais pas circoncis. Nous avons attendu que Logan ait fini, il s'est relevé. Le sergent a alors baissé son pantalon et son slip, il n'avait plus de pénis et de testicules. Il a dit :

— Voilà pourquoi je n'ai pas aimé ta plaisanterie, Logan. C'est cela la blessure au combat que j'ai eue. Je ne peux plus baiser. Tu vas certainement être envoyé au Viêt Nam, j'espère que tu en reviendras indemne.

— Je... je m'excuse, Sir, Logan balbutia.

— Excuses acceptées, tu peux aller te baigner.

— YES, SIR !

Je suis resté seul avec le sergent qui me dit :

— Je te félicite, je ne pensais pas que tu pourrais suivre les autres, tu me paraissais assez fragile.

— Merci, Sir !

— Tu feras l'armée en Suisse ?

— Je ne sais pas, Sir. Pour être honnête avec vous, je préférerais être dispensé.

— Aie confiance en toi, je suis sûr que tu en es capable, si tu te sors les doigts du cul. Personne ne t'enverra à l'autre bout du monde pour te faire tuer, tu ne le feras que pour défendre ton pays contre les Rouges.

— YES, SIR !

— Et, contrairement à ce que tu prétends, tu es un pédé. J'ai un sixième sens pour les repérer. Ce n'est pas facile pour eux de se faire une place dans l'armée, du moins aux States.

— Je ne crois pas que je le suis, Sir.

— Moi, je le suis, pédé, ne le répète à personne. Aie confiance en toi ! Tu peux disposer !

— YES, SIR !

Assez secoué par la conversation que j'avais eue, je suis allé rejoindre les autres dans le lac.

Bien à toi, ton cousin Léo 

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant