Samedi 18 Juillet 1964 - Part 2

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Il n'y avait pas beaucoup de circulation, ils arrivèrent rapidement à Lausanne par la route longeant le lac, il n'y avait pas encore d'autoroute. Mathieu descendit pour ouvrir le portail, la maison semblait inoccupée. Dom gara sa voiture sur une place réservée aux invités. Koen fut impressionné par la demeure de Mathieu : une maison de maître entourée de grands arbres.

— Eh bien, dit-il, ton père est vraiment riche.

— Ta maison doit être aussi belle, dit Mathieu, avec le tien Premier ministre.

— Tu te trompes, ce n'est qu'une maison mitoyenne dans une rangée. Mon père est resté simple, il va travailler à vélo et en train à La Haye. Et il ne dépense pas inconsidérément. J'aimerais bien avoir plus d'argent de poche.

— Ne t'inquiète pas, demande-moi si tu as besoin de quelque chose.

— J'aimerais juste acheter des livres de médecine, pour prendre un peu d'avance sur mes études. Tu as un budget illimité ?

— Je crois que mon père surveille quand même, il m'a dit que je dois apprendre à gérer mon argent. Je note mes dépenses extraordinaires et je lui donne la liste.

— Euh... Tu as noté la dépense pour la prostituée ? s'inquiéta Koen.

— Pas encore eu le temps, mais mon père sera amusé, je lui raconterai.

— Tu ne lui diras pas que je n'ai pas eu envie de baiser avec elle.

— Tu es vexé ?

— J'aurais quand même bien aimé mettre mon zizi dans le vagin d'une femme, juste pour voir la différence avec un rectum.

— Tu es jeune, tu auras certainement d'autres occasions.

Ils entrèrent, Mathieu ne leur fit pas visiter toute la maison. Il était gêné de vivre dans tout ce luxe, comparé au petit appartement de Dominique qu'il avait pourtant trouvé chaleureux, bien plus que certaines pièces de sa demeure qui ressemblaient à un musée. Même sa chambre était trop bien rangée, la femme de ménage faisait de l'ordre chaque jour. Mathieu avait laissé traîner exprès un Playboy aux pages couvertes de taches douteuses que lui avait prêté un camarade, en espérant qu'elle le montrerait à sa mère. À cette époque il voulait encore prouver qu'il était un garçon comme les autres et qu'il s'intéressait aux femmes. Son stratagème n'avait pas réussi, il avait retrouvé le magazine caché entre deux journaux de Tintin. Sa mère lui avait quand même demandé une fois s'il avait déjà eu des éjaculations.

Ils se rendirent donc directement sur la terrasse pour admirer le magnifique parc. Mathieu passa à la cuisine prendre une bouteille de Rivella au frigo. Il voulait que Koen dégustât cette boisson suisse exotique à base de petit-lait. Il fut déçu, car Koen la connaissait déjà puisqu'elle était distribuée aux Pays-Bas. Il lui fit goûter du Sinalco à la place.

— Que voulez-vous faire ? demanda Mathieu, une fois qu'ils furent désaltérés.

— Que nous proposes-tu ? fit Dominique.

— On pourrait jouer au Monopoly.

— Pas intéressant, dit Koen, je gagne toujours.

— Écouter de la musique ? Nous avons une nouvelle chaîne Revox et mon père a acheté l'intégrale du Ring de Wagner.

— On va réserver ça pour l'hiver, dit Koen.

— Je te laisse choisir, puisque mes propositions ne t'intéressent pas.

— On pourrait se baigner dans l'étang. Il y a plus de deux heures que nous avons mangé.

Léo regarda Dominique pour voir sa réaction, c'était la seule des quatre qui ne s'était pas encore déshabillée en présence des autres. Allait-elle oser ? Elle ne fit pas de commentaire. Mathieu dit par politesse :

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant