Lundi 6 juillet 1964

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Tous les dialogues dans l'école seront en allemand, alors que ce n'est pas la langue maternelle des personnages. Je n'en ai pas tenu compte et je n'ai pas simplifié les dialogues. Ils utiliseront donc des expressions qu'ils ne connaîtraient certainement pas dans la langue de Goethe.

Mathieu eut un mouvement de recul en voyant son compagnon presque nu, celui-ci n'avait mis qu'un slip bleu ciel.

— Pardon, je vais ressortir.

— Tu n'as jamais vu de Néerlandais nu ? fit Koen. Nous avons la même queue que les Suisses, juste plus grosse. Allons, entre !

Mathieu ferma la porte. Koen était grand, au moins 1m80, assez maigre au niveau du ventre, plus musclé au niveau du buste, il avait les cheveux bruns, coiffés en arrière. Mathieu regarda ensuite la chambre, elle était petite, il y avait juste la place pour deux lits, recouverts d'une couverture brune, une armoire et une étagère à leur tête, une chaise à leur pied. Pas de lavabo. La fenêtre était grande ouverte.

— Tu es Mathieu ? demanda Koen.

— Et toi, Ko... Koen ?

— Exact. Bienvenue à Hinterhoden.

Ils se serrèrent la main. Mathieu posa ses valises sur le lit de droite. Koen continua :

— J'ai juste le temps de me rafraîchir avant quinze heures. Je viens d'arriver, j'ai fait le voyage en wagon-lit depuis Amsterdam et je n'ai pas pu me doucher ce matin.

— J'ai lu qu'il n'y avait pas de douche pendant la journée.

— Exact. J'ai demandé à Franz, le fiston. Ce sera à dix-huit heures, après la visite médicale, pas très logique... Il y a des lavabos, tu viens aussi ?

— Je n'ai pas beaucoup transpiré, je suis venu en voiture. Je renonce.

— Viens quand même avec moi, je te montrerai où c'est. Je laisse mon slip, je ne sais pas si on peut se promener à poil dans les couloirs.

Mathieu fut ravi de l'invitation, il suivit son compagnon qui avait pris un linge et une lavette posés sur le lit. Ils passèrent aux toilettes, l'urinoir était une longue rigole de métal, placée à un mètre du sol. Un robinet à l'extrémité permettait de la rincer. Mathieu sortit son pénis de sa braguette et regarda droit devant lui. Koen n'eut pas cette délicatesse, il tourna la tête vers la droite pour observer la bite du Suisse.

— Tu ne retires pas la peau pour pisser ? fit le Néerlandais, après avoir rangé son matériel dans le slip. Moi, je le fais toujours.

— Euh... non. Tu mates les hommes dans les pissoirs ?

— Toujours. Pas toi ?

— J'ose pas.

— Timide ?

Ils se lavèrent les mains et passèrent dans le local adjacent. Il y avait deux longs lavabos de chaque côté, également en métal, avec plusieurs robinets. Koen grommela :

— Pas d'eau chaude. Enfin, à la guerre comme à la guerre. Je suis scout, dans certains camps c'était bien pire que ça. Tu es aussi scout ?

— Non.

Koen mouilla la lavette, la passa sur son visage, ses aisselles. Il baissa ensuite son slip sur ses cuisses. Mathieu ne se gêna pas pour le mater, puisque le Néerlandais l'avait regardé pisser. Le pénis était de taille moyenne, l'ouverture du prépuce assez grosse ne laissait pas apparaître le gland. La veine dorsale était bien visible, les couilles pendaient à la même hauteur que la pointe. Le Néerlandais lava sa bite et ses fesses, il ne semblait pas le moins du monde être dérangé par le regard inquisiteur du Suisse. Il remonta son sous-vêtement lorsqu'il eut terminé.

Ils retournèrent dans la chambre et croisèrent Franz qui tapota sur sa montre en leur disant :

— Encore dix minutes, Frau von Känel n'aime pas les retardataires. Et pas de slip pour la toilette, c'est une école FKK.

— Très bien, fit Koen qui enleva immédiatement son sous-vêtement.

Franz eut l'air satisfait et s'en alla.

— Il n'a pas inventé la poudre, fit Mathieu.

— Ouais, mais il est assez balèze, il ne faudrait pas trop le contrarier. Je pensais bien que c'étaient des adeptes du naturisme dans cette école.

— Et qu'est-ce qui t'a fait penser ça ?

— La gym à poil le matin dans le jardin. C'est sur le programme.

Koen se dépêcha de se rhabiller, ils arrivèrent dans la salle de classe au premier étage avec deux minutes d'avance, ils étaient les derniers. La salle avait une dizaine de tables à deux places, seule la moitié était occupée. Mathieu et Koen allaient s'asseoir à l'arrière, lorsque Franz leur indiqua une table libre au premier rang, sur laquelle des cahiers et des livres étaient déposés.

Franz regarda sa montre, et, à 15 heures, ordonna :

— Debout !

Les étudiants se levèrent, la directrice entra et les fit se rasseoir. Elle monta sur l'estrade et commença son speech.

— Bonjour Messieurs, je vous souhaite la bienvenue, j'espère que vous avez fait bon voyage.

Elle expliqua ensuite qu'en été le personnel était en vacances. Ce serait elle qui donnerait les cours d'allemand et son fils Franz qui s'occuperait des autres activités. Il y avait encore l'un des deux cuisiniers qui travaillait. La directrice espérait que ces cours d'été inciteraient les élèves à revenir le reste de l'année scolaire, il y avait encore quelques places libres.

— Je vais vous demander de vous présenter, dit-elle ensuite. Monsieur de Goumoëns, commencez !

Mathieu hésita, puis se leva, il cherchait ses mots :

— Je m'appelle Mathieu de Goumoëns, je viens de Lausanne, j'ai seize ans. Euh... Mes parents sont en vacances et m'ont proposé de passer l'été ici.

— Très bien, dit Frau von Känel. Au suivant.

Chaque élève se présenta, la directrice dit ensuite :

— Vous avez reçu le programme journalier, avez-vous une question ?

Un Italien, Roberto, leva la main :

— Signor Roncalli, fit la directrice.

— Frau von Känel, que signifie FKK ?

— Très bonne question. Cela signifie Freikörperkultur, c'est à dire la nudité. Le fondateur de cette école, mon père, malheureusement décédé, était un adepte de cette culture et voulait la promouvoir parmi les élèves. Nous ne pouvons pas l'imposer, évidemment. Nous vous proposons donc une demi-heure de gymnastique nue le matin, et vous pouvez aussi être nus dans les chambres et évidemment sous la douche et dans les lavabos. Par contre, vous devez vous habiller dans les salles de classe, le réfectoire et la salle d'étude. Une autre question ?

Hiroshi leva la main :

— Frau von Känel, quelles seront les activités en chambre depuis 22 heures ?

— Nous étudierons une pièce de théâtre, L'éveil du printemps, de Frank Wedekind, qui répondra plus précisément à votre question, je ne vais pas vous faire un dessin. Sachez que nous sommes très favorables à l'épanouissement des corps, mais que l'on demande la permission avant de toucher. Aucun bizutage ne sera toléré. Bien, l'heure tourne. Cinq élèves qui sont arrivés hier ont déjà eu la visite médicale ce matin, ils vont donc passer maintenant un test pour que je puisse évaluer leur niveau de connaissances. Les cinq autres vont suivre mon fils pour aller chez le médecin.

— Ceux qui doivent me suivre, debout ! ordonna Franz. 

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant