Dimanche 26 Juillet 1964 - Part 1

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Koen se réveilla à six heures, comme à son habitude. Il se leva, pissa, et, constatant qu'il n'y avait personne à mater sous la douche et qu'il avait la gueule de bois, il se recoucha sans se branler.

Les autres se levèrent vers neuf heures. Après le petit déjeuner, Koen demanda aux architectes s'il pourrait aller au Temple de la Volupté avec Mathieu. Graf répondit :

— Oui, si tu aides Krishna à débarrasser les tables et à laver la vaisselle, et s'il est d'accord, bien entendu. Vous allez rater le service œcuménique des Bénédictins à 10h30.

— Ce n'est pas grave, je suis agnostique.

Mathieu demanda s'il pourrait faire des téléphones, Graf répondit qu'il pouvait le faire sans autre, à part pour l'étranger. Il appela ses sœurs, puis son cousin, afin de leur parler du week-end suivant, celui du 1er août, Fête nationale suisse et jour de retour d'Amérique de leurs parents. Il avait envie de les accueillir et de leur présenter Koen.

Peter et Stefan se rendirent à la plage avec Martin. Ils furent accompagnés par quelques autres agnostiques, athées ou mécréants qui purent se rincer l'œil en regardant le jeune cuisinier se faire masser, tout en discutant des avantages et des inconvénients d'une bite circoncise.

Le père Emptoire et son novice Adso ne dirent pas la messe, ils s'adaptèrent et renoncèrent à l'eucharistie et à la transsubstantiation. Ils étaient tous les deux favorables à l'œcuménisme, ayant le même Dieu que les réformés.

À midi, le traiteur livra des sandwiches pour le dîner. Mathieu comprit que ce repas frugal signifiait que la fête était terminée et qu'il était temps de rentrer. Koen et lui n'avaient de toute façon plus aucun influx sexuel et ils devaient recharger leurs batteries avant la branlette vespérale.

À 13 heures, ils prirent congé de leurs hôtes Graf & de Bruson. Mathieu dit :

— Merci de nous avoir invités.

— Tout le plaisir était pour nous, dit Graf, il est rare que des jeunes beautés perdent leur temps avec des vieux barbons comme nous et merci aux artistes qui nous ont divertis.

Martin donna des enveloppes à Stefan, Peter et Koen.

— Pour moi aussi ? s'étonna ce dernier.

— Ta conférence était remarquable, par contre Mathieu est assez riche, merci quand même pour l'interview du chorégraphe, il pète plus haut que son cul celui-là.

Mathieu n'aimait pas qu'on lui rappelât tout le temps qu'il était le rejeton d'une famille aisée, il pétait dans la soie, lui. Ils montèrent dans la voiture et quittèrent Kesswil, Mathieu assis devant avec Urbain, Koen bien entouré des deux apprentis à l'arrière. Ils ouvrirent leurs enveloppes et recomptèrent plusieurs fois les billets bleus, n'en croyant pas leurs yeux.

— Ils ont été généreux, fit Peter, je n'ai jamais gagné autant.

— Moi non plus, dit Stefan, je vais pouvoir acheter des capotes et du gel en boîtes familiales.

— Et toi, Koen, demanda Mathieu, l'encyclopédie du pénis en vingt volumes ?

— Non, j'ai une autre idée. Je vais me mettre à la photo, ce sera un Canon 7. Pourrais-tu me prêter un peu d'argent, il me faudra aussi plusieurs objectifs et un flash. Je te rembourserai...

— Je sais, quand tu auras eu le prix Nobel.

— Je te signerai une reconnaissance de dette.

— On en reparlera un autre jour.

Mathieu discuta en français avec Urbain :

— Tu t'es bien amusé la nuit passée ?

— Oui, j'ai couché pour la première fois avec un danseur, Niklas.

— Il baise bien ?

— Un peu trop artistique, j'ai cru qu'il rejouait le Boléro. Je suis plus direct.

— Tu pourrais venir nous chercher à Grindelwald le 1er août ? demanda ensuite Mathieu à son chauffeur.

— Seulement le matin, l'après-midi tes parents atterrissent à Genève vers 17 heures. Ensuite ton père aura la priorité, tu devrais apprendre à conduire et t'acheter une voiture.

— Je sais, ma mère ne veut pas, je dois d'abord passer mon bac. Cela ne fait rien, le dimanche, on montera à Verbier avec la Deuche de Dom.

— Vous devrez la pousser, sinon vous n'arriverez jamais au chalet.

— Dom habite à Glion, ça monte aussi. Tu pourras peut-être dormir à l'école le 31, je demanderai à Franz, comme cela tu ne devras pas te lever tôt.

— Passer la nuit dans un pensionnat de jeunes pucelles ? Pardon, de jeunes puceaux, dit Urbain en riant. Tu n'as pas peur que je les viole ?

— J'ai confiance en toi. Je sais que tu as assez souffert dans ta jeunesse pour que tu ne fasses de mal à d'autres. Et tu ne ferais pas le poids face à Franz, il nous considère comme ses enfants et nous protégerait.

Mathieu se retourna, les trois passagers à l'arrière s'étaient endormis.

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant