Samedi 15 Août 1964 - Part 1

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Tous les parents des élèves de l'école avaient été invités pour la cérémonie des promotions, mais certains n'avaient pas pu venir car ils habitaient trop loin. Un hôtel de la station avait offert une nuitée à ceux qui passeraient la nuit à Grindelwald.

Outre les parents de Mathieu, étaient présents ceux de Roberto, son père dirigeait une PME de design dans la région milanaise ; Son Excellence l'ambassadeur du Japon et sa femme, parents d'Hiroshi ; la femme de Son Excellence l'ambassadeur d'Islande, mère de Þjóðvarður ; les parents de Matthis, son père était maire de Illkirch-Graffenstaden en Alsace. Ils profiteraient de ramener leurs rejetons à la maison.

Comme il restait des places libres, Mathieu avait demandé à son cousin Léo de venir avec Dom ; Koen avait invité les parents de l'apprenti cuistot Stefan, le Prof. Dr. Latte n'ayant pas pu se libérer. Peter assurerait la partie musicale avec le pianiste Alexandre qui habitait près de la Suisse, à Pontarlier. Ils désiraient approfondir leur collaboration artistique, éventuellement une collaboration plus charnelle si Stefan n'était pas jaloux.

Les parents de Mathieu, Charles et Anne, arrivèrent déjà le matin. Ils avaient rendez-vous avec la directrice pour parler de leur fils qui voulait passer son bac à l'école de Hinterhoden en allemand.

— Votre fils a le niveau requis, confirma-t-elle, mais cela sera difficile.

— Je pourrai compter sur l'aide de Koen, dit Mathieu.

— Oui, votre... compagnon de chambre est un véritable génie, il parle allemand aussi bien que sa langue maternelle.

— Il va aussi suivre les cours de français. Je l'aiderai.

— C'est parfait, dit Charles. Tu es aussi d'accord, Anne ?

— Oui, si cela ne marche pas ce sera toujours possible pour Mathieu de revenir à Lausanne pour refaire l'année.

Charles signa donc le contrat d'écolage, contrat qui liait aussi Mathieu à Koen pour une année supplémentaire, pour autant que leurs relations restassent au beau fixe. On pouvait toujours changer de chambre en cours d'année en cas de scènes de ménage. Tous n'avaient pas le privilège de chambres à deux lits et devaient se contenter de dortoirs.

Charles devait parler ensuite avec la directrice des contributions qu'il versait à l'école, celle-ci pria Mathieu de sortir du bureau.

— Non, dit le père, Mathieu reste avec moi. Je dois le mettre au courant des affaires de ma fondation. Ma femme désire visiter l'école avec Koen.

La directrice eut l'air contrariée, mais elle n'eut pas d'autre choix que d'accepter. Elle proposa d'aller chercher du café et sortit avec Anne.

— J'aurais à te parler, dit Mathieu à son père, mais c'est compliqué. Je préférerais le faire un autre jour.

— Le week-end prochain ? Je pense que tu seras rentré des Pays-Bas.

— Oui, je reviens vendredi après-midi d'après le billet d'avion que m'a envoyé ta secrétaire.

— Nous serons seuls, ta mère va à un séminaire de méditation transcendantale avec tes sœurs. Je te propose de faire une randonnée, je m'empâte et tu dois être en pleine forme avec tout le sport que tu as fait ici.

— Bonne idée.

— Et pour l'aller, toujours le wagon-lit ?

— Oui, Koen, ou plutôt ses parents, tenaient absolument à faire ma connaissance et à m'offrir le voyage.

— Il a dû leur dire beaucoup de bien de toi ! s'exclama Charles.

— Je ne sais pas ce qu'il leur écrit, je ne pense pas qu'il leur a parlé de notre relation intime.

Deux cousins (Journal intime)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant