Quand le monde semble être contre vous, il faut apprendre à regarder pour voir qu'en réalité, il agit dans votre intérêt.
Mais ça, Flora ne le comprend pas de suite. La jeune femme, habituée à vivre dans la capitale grecque avec ses parents, se retr...
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--------------- ❀ --------------- Flora
Flora, crie une voix d'enfant, étouffée par l'eau.
Flora, se désespère la voix.
Flora, répond moi.
Flora sort de l'eau.
Flora, je t'en supplie...
J'ai cette étrange sensation de me sentir partir, comme si j'étais en train de mourir. Mon crâne me fait souffrir. Je baigne dans de l'eau chaude et la lumière passe au travers de mes paupières closes. Rien ne compte plus sauf cette douleur. Elle me tire vers le fond, vers le sable. Mon corps n'a pas la force de se battre. Il l'a trop fait pour me maintenir en vie jusque là.
J'ouvre les yeux d'un coup. La lumière du soleil qui se lève traverse les rideaux de la chambre. Un cauchemar.
Encore un.
Mon front, trempé de sueur, était chaud, mon souffle court.
Putain de rêves de merde.
Je fais de même depuis des années. Depuis toujours en fait, au plus loin que je me souvienne. Parfois, c'est plus long. Parfois, le garçon qui hurle mon prénom réussit à me sortir de là, je le sens me tirer hors de l'eau, tremblant. Parfois aussi, j'entends des voix et les sirènes des ambulances. Mais je ne sais jamais qui est le garçon qui me tire de là, qui sont les voix, où je suis, ce que je fais. Je ne sais que très peu de choses. J'ai toujours cru que c'était une vision du futur, comme ça m'est déjà arrivé, mais je me rends bien compte que ce n'est pas possible. Comment un petit garçon pourrait me traîner hors de la mer ? Il faudrait déjà que j'ose y aller. Alors, je pense qu'il s'agit juste d'un rêve ou d'une vie antérieure. Je n'ai que 18 ans, tout est possible.
Je reprends ma respiration grâce à la technique du "5, 4, 3, 2, 1", apprise par ma mère.
Cinq choses que je peux voir : l'ombre des rideaux, le reflet du soleil dans le miroir, la télévision éteinte, la forme de la chaise à côté de moi et mon gloss préféré abandonné dessus.
Quatre choses que je peux ressentir : l'air de la climatisation qui caresse ma peau, mes cheveux qui chatouillent ma nuque, le tissu réconfortant de mon pyjama et les draps inconnus dans lesquels je dors depuis deux semaines déjà.
Trois choses que je peux entendre : les chansons harmonieuses des oiseaux qui semblent se répondre, le bruit des lèves tôt qui se pressent dans les rues encore fraîches et ma respiration qui se calme.
Deux choses que je peux sentir : l'odeur de mon parfum qui s'est mélangé à l'air ambiant et l'odeur de lessive des draps changés la veille.
Une chose que je peux goûter : mes larmes qui ont coulées sur mes joues pendant mon cauchemar.
