La Face cachée de la Lune - Under the Moon

Chapitre 29 Captivité

Le fait de me retrouver encore une fois dans ces conditions à la limite du supportable après avoir récupéré ma liberté sur Mars commençait sérieusement à m'affecter. Je n'avais aucune nouvelle de l'extérieur, comment le pourrais-je ? En plus de ça, les deux femmes sans émotions que j'avais en guise de servantes ne répondaient pas à mes questions. 

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais enfermée ici. Combien de jours s'étaient écoulés depuis que j'avais vu le visage de Kanan se décomposer en comprenant que j'étais résolue à suivre Argéros...

Tout ce que je possédais pour seul réconfort, était ce bracelet à mon poignet, qui continuait d'émettre la douce chaleur du dieu de Mars dont la présence me manquait terriblement. Le seul lien qui me permettait d'espérer ne pas rester dans cet endroit plus longtemps qu'il ne le fallait. 

Pour être honnête, je commençais quelque peu à regretter ma décision qui, après réflexion, paraissait finalement trop audacieuse. Bien sûr, j'étais consciente des risques d'un tel choix mais je n'avais pas du tout eu le temps de penser aux effets secondaires, le manque surtout. Mais me lamenter sur mon sort ne m'aiderait en rien, à part me déprimer encore plus.

D'autre part, ces étranges blessures sur mon corps me laissaient dans une certaine inquiétude car je n'avais aucune idée de comment je m'étais fait ça. Tout ce dont je me souvenais, était qu'hier soir j'avais lutté contre l'insomnie en marchant un peu pour me fatiguer, puis plus rien. 

Tout ça était plus que perturbant. Je sentais qu'il me manquait une partie de ma mémoire, dès que j'essayais de me rappeler ma soirée, tout devenait trouble comme si je ne parvenais pas à capter assez de réseau pour afficher clairement les bribes d'images dans ma tête. On ne m'a quand même pas volontairement effacé la mémoire ?!

Pourquoi ? Pourquoi vouloir me faire oublier comment j'avais fini dans cet état si c'était pour justement me laisser remarquer que j'étais couverte d'égratignures. Agacée de ne pas réussir à me rappeler quoi que ce soit, j'essayai plusieurs fois avant de me provoquer une atroce migraine. 

Je pourrais simplement interroger Lorna et Mirial dès qu'elles poseraient les pieds ici plus tard mais je savais pertinemment que ça ne servirait à rien. Si on avait fait en sorte que je ne m'en rappelle plus, elles ne risquaient pas de m'en dire plus. Ces femmes avaient le don de se montrer inutile, c'était un fait avéré.

Lorsque je décidai d'aller prendre un bain et m'immergeai dans l'eau, je sentis tous les endroits où j'étais écorché me picoter vivement au contact du liquide. Je peinais à me savonner, le produit me brûlait les chairs encore à vif. J'écourtai rapidement ce moment désagréable au bout de seulement quelques minutes, ne supportant plus l'inconfort. Dans le dressing toujours aussi rempli de vêtements, j'enfilai un simple t-shirt et un pantalon en toile avant de descendre au petit salon. 

J'y avais laissé ma pile de livres non lus que je m'apprêtais à aller retrouver. Mon cœur manqua un battement quand les deux servantes apparurent brusquement sous mes yeux alors que je descendais la dernière marche de l'escalier. Je pris une grande inspiration en posant ma main sur ma poitrine pour me calmer.

-Bon sang !, m'écriai-je. Ça ne va pas d'apparaître comme ça sans prévenir ?!

-Toutes nos excuses madame, répondirent-elles en baissant la tête.

Je les contournai pour aller m'asseoir sur le canapé et pris soin de les ignorer pour accorder mon attention à mes livres.

-Nous avons une annonce à vous faire, déclara Lorna.

-Une annonce qui devrait vous plaire, ajouta Mirial.

-J'en doute fort, crachai-je en m'affalant encore plus dans le canapé.