6 ♥︎

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Ch6, de très beaux yeux

"Entre seulement ! — s'exclama l'hôtesse, enjouée. On entendait déjà la musique battre dans le fond."

Elle entra à petits pas, débarquant en terre inconnue. Elle était habillée confortablement, pas de chichi, pas plus apprêtée que d'habitude, comme une vraie touriste. Elle le réalisa lorsqu'elle prit le temps d'observer Momo. C'était la première fois qu'elle la voyait hors de son uniforme, et elle était encore plus belle que d'habitude : ses longs cheveux légèrement ondulés tombaient généreusement sur ses épaules nues, sa tenue était élégante, une robe au tissu précieux qui flattait ses formes, très légèrement maquillée, du rose sur les joues, les lèvres brillantes, les cils étoffés, et ça lui allait à ravir. Époustouflante. Est-ce que cette fille était réelle ?

"Tu es très jolie. — la complimenta-t-elle, subjuguée.

— Merci ! J'aime beaucoup ton style aussi ! — retourna-t-elle, en la traînant à l'intérieur."

"J'ai pas fait beaucoup d'effort pour être honnête... — se dit-elle en lâchant un rire. — Si j'avais su."

La plupart étaient déjà arrivés. Installés comme s'ils étaient dans leur salon, comme si c'était autant chez Momo que chez eux, comme s'ils avaient toujours été là. Certains discutaient au minibar de la cuisine, d'autres jouaient à Just Dance au milieu de la pièce, un autre groupe jouait aux cartes à la table à manger et le dernier buvait dans la cuisine. Il était inimaginable pour elle d'agir de la sorte, aussi familièrement. C'était de ça qu'elle parlait, quand elle évoquait l'impression de n'avoir jamais vécu pendant toutes ces années.

"Mets-toi à l'aise !"

Facile à dire.

Il y avait tellement de choses à regarder dans cet intérieur si sobre, à commencer par la hauteur des murs, l'ordre millimétré du mobilier comme neuf, tout avait sa place, les appareils ménagers derniers cris, l'espace abondant de cette salle de séjour ouverte, la grandeur de sa maison à peu de chose près. À l'évidence, elle avait les moyens. Et chaque pas qu'elle posait sur le parquet ciré et luisant lui faisait craindre d'abîmer quelque chose.

Elle se sentait coupable d'être ici. Tout à coup, elle était redevenue la petite nouvelle débordée qui ne connaissait rien, perdue.

"Par ici Seiko ! — l'appela Kyoka depuis le canapé."

Elle la rejoignit, mal à l'aise. C'était juste un canapé, alors pourquoi se sentait-elle comme une criminelle en s'asseyant dessus ? Pourquoi avait-elle l'impression d'être une tache colorée au milieu d'un joli tableau noir et blanc ? Pourquoi avait-elle le sentiment qu'elle n'avait absolument rien à faire là ?

Pourtant l'ambiance était vive. Les autres s'amusaient, alors pourquoi pas elle ? D'où lui venait ce blocage qui tendait ses muscles, malgré elle ? Elle était comme la spectatrice condamnée d'un film qui tournait, tournait, tournait autour d'elle, qui ne se finissait jamais.

"Et si on faisait quelque chose tous ensemble ? — proposa Momo pour réunir ses invités.

— Un action ou vérité ! — suggéra Kaminari en tapant dans la main à Hanta. Ces deux-là avaient quelque chose derrière la tête et elle se doutait déjà de quoi."

On y revenait toujours, à cette satanée chose que tout le monde lui bassinait sans cesse. Encore et toujours l'amour. On aurait presque dit qu'ils le faisaient exprès. Peut-être qu'à ça aussi elle s'y ferait, cette obsession adolescente, la folie des hormones, les garçons pour certains, les filles pour d'autres, ou les deux. C'était redondant, mais intrigant. Ce soir-là, elle était intéressée. Pas par l'amour, mais par les potins. Et si elle n'était pas fan de l'un, l'autre la divertissait beaucoup.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant