Ch23, pas un monstre"Shoto. Ouvre-moi, s'il te plaît."
Pas un bruit, pas un mouvement, rien qu'une porte fermée.
"On peut parler ?"
Et il n'y avait toujours rien, sinon cette porte en plomb, qui séparait leur deux mondes, cimentée et impossible à débloquer. Cette porte qu'il lui avait toujours ouverte, peu importe combien il lui en voulait, peu importe combien il voulait la rejeter. Et aujourd'hui elle restait close. Aujourd'hui il ne lui ouvrait pas, encagé entre les barreaux qu'étaient ces murs, il avait érigé sa propre prison. Coincé avec son mal et coupé du monde.
Parce que Shoto était comme ça. On ne lui avait jamais appris à s'ouvrir, à extérioriser sa peine autrement que par le silence, à faire autrement que subir. Il n'y avait toujours eu que la solitude. Se débrouiller seul pour tout, digérer le poison seul, pleurer seul, se maudire seul, et croire qu'être seul était la seule possibilité. Elle connaissait bien, elle aussi, cette impression de n'avoir personne, et de n'avoir besoin de personne. Mais peut-être qu'ils se trompaient, que tout pouvait être différent. Peut-être qu'ils n'avaient plus besoin d'être seuls, parce qu'ils s'avaient maintenant. Et elle était là, sans l'intention de partir.
"Je partirai pas. Tu seras bien forcé d'ouvrir à un moment, même si c'est demain matin."
Elle s'était assise au pied de la porte, les jambes ramenées contre la poitrine, les yeux plissés. L'épuisement qui lui montait à la tête comme l'alcool, et qui prenait le pas sur tout le reste. Le voyage d'étude venait de s'achever, il avait viré du paradis à l'enfer suite au départ précipité de Shoto. S'amuser était devenu impossible. Comment aurait-elle pu en sachant que son copain était quelque part, seul avec ses problèmes, et qu'elle ne pouvait rien faire pour l'aider ? Alors elle avait tout essayé: messages, appels, nouvelles par autrui, demander aux profs, mais rien. Aucun signe de vie. Et cette sourdine continuait, même maintenant qu'elle était là, à supplier une porte.
Il la ghostait. Et même si une part d'elle s'animait de colère, elle la taisait, parce qu'elle lui avait fait la même chose, et que désormais elle comprenait, ce qu'il avait traversé. L'inquiétude de ne pas savoir, le frustration de ne pas pouvoir être là, la tristesse du rejet. C'était l'heure du renvoi d'ascenseur.
"Shoto. — chuchota-t-elle, se raccrochant à l'espoir qu'elle avait. — Je sais que tu dors pas."
Elle avait l'espoir. L'espoir de trouver la clé, celle qui le pousserait à déverrouiller cette porte. Ça pouvait paraître quelque chose d'idiot, mais ouvrir cette porte, ça signifiait beaucoup. Ça voulait dire accepter de changer, accepter d'être faible et de le montrer, accepter d'avoir besoin d'aide. Parce qu'elle savait, même s'il la repoussait, même s'il se convainquait de pouvoir tout surmonter seul, qu'il avait besoin de quelqu'un, et une part d'elle avait la certitude que c'était d'elle dont il avait besoin. Être avec lui guérissait toujours cette petite partie renfermée au fond de son âme que personne n'avait su toucher avant, son enfant intérieur. Alors elle espérait que peut-être, elle aussi pourrait l'aider à soigner le sien.
"Tu me manques. — murmura-t-elle."
L'air d'une vraie idiote, étalée devant une porte en boule, à chuchoter des douceurs dans le vide. C'était une vision pitoyable, et pitoyable, c'était aussi comment elle se sentait. Il fallait qu'elle trouve les mots, elle devait les trouver, coût que coût. Parce que sinon, cela signifierait qu'elle était inutile, qu'elle était incapable de l'aider, incapable de le soutenir, incapable d'être une bonne petite amie.
"Toi et moi on est pareil, on a du mal à parler de ces choses, et on aime pas ça. — Elle chercha ses mots, précautionneuse. — Mais quand je t'ai raconté ce qui m'est arrivé, j'ai ressenti un tel soulagement. J'ai réalisé que j'avais besoin de quelqu'un qui puisse m'écouter, que je ne pouvais pas tout faire toute seule, et je suis sûre que toi aussi, tu as besoin de quelqu'un pour faire ça."
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfiction"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...