Ch25, tempête"Il a essayé de m'appeler trois fois. — dit-il, instigateur."
Dix minutes qu'ils marchaient et elle n'avait toujours rien dit. Sa mâchoire était lourde, ses cordes vocales endormies, ses lèvres cousues. Quelque chose l'empêchait de parler. La peur d'avoir fait un faux pas, de s'être trompée. Est-ce que ça le mettra de mauvaise humeur ? Est-ce que ça gâchera ses retrouvailles avec sa mère ? Est-ce qu'il m'en voudra ? Shoto devenait toujours différent lorsqu'il s'agissait de son père. Épineux, glacial, il fermait son cœur, tout ça pour cacher que tout ça lui faisait encore trop mal. Une plaie qui cicatrisait tout juste, menaçant de se rouvrir à tout instant.
"À propos de lui Shoto..."
Seiko ne parlait jamais de ça. C'était une limite très franchement tracée, et il lui tenait à cœur de ne jamais la piétiner. Le consensus était simple: lui ne parlait pas de l'incident, et elle ne parlait pas de son père. Cette règle s'était établie toute seule, comme une promesse silencieuse. C'était leur pacte, leur accord tacite. C'était sacré. Et pour la première fois aujourd'hui elle devait franchir la ligne d'or.
"Quoi avec lui ? — la questionna-t-il, austère. Pourquoi elle me parle de lui ?
— Je l'ai vu tout à l'heure. — expliqua-t-elle, irrésolue.
— Comment ça ?
— Il est venu à l'hôpital pendant que j'attendais. — elle avala de travers en voyant son expression virer au désagrément. — Je savais pas comment te le dire, désolée.
— C'est pas grave. — lâcha-t-il après un soupir."
Cette famille était une malédiction. Une glue noire qui collait à sa peau et dont il était incapable de se débarrasser, sous risque de se déchirer la peau. C'était comme si le sang vaincrait toujours, que l'ombre de son paternel serait toujours cachée quelque part dans la sienne, qu'il y était condamné. Le prisonnier malheureux de son destin familial. C'était tout lui. C'était ça, les liens du sang. Une partie de nous qu'on ne choisit pas.
Tout revenait toujours à son père. Enchaîné à lui, voué à traîner son fardeau sur le dos, il n'y avait aucune issue. La fuite n'était pas une solution, il avait compris. Le passé ne s'efface pas et finit toujours par nous rattraper. Il commençait tout juste à se faire à cette idée. Il commençait tout juste à essayer de recoller les morceaux. Il commençait tout juste à essayer de pardonner. Il commençait tout juste. Alors pourquoi gâchait-il toujours tout ?
"Et qu'est-ce qu'il foutait là ? — demanda-t-il, la frustration qui s'entassait.
— Il voulait te voir, l'hôpital l'a alerté de ta visite. — elle serra les poings. — Je l'ai pas laissé entrer.
— Comment t'as fait ?
— Je l'ai provoqué, beaucoup, j'admets. — confessa-t-elle, résiliée."
Pendue à ses yeux, elle attendait sa réponse. Ce regard frigide et cette neutralité impénétrable étaient terrifiantes. Peut-être qu'il lui en voudrait. Et malgré tout, elle ne regrettait rien. Le respect se gagne, elle avait toujours carburé à ce principe. Endeavor le héros, tout comme Todoroki le père, n'avaient pas su gagner le sien. Peut-être que la rédemption était possible, mais pas maintenant. C'était trop tôt, ou peut-être trop tard. Le pardon était impensable. Ses idéaux l'aveuglaient, mais tant pis, elle était comme ça. Alors même si elle savait que Shoto se démenait à essayer, elle, ne pouvait pas.
"Je n'ai pas aussi bon cœur que toi, Shoto."
Un rire comme seule réponse.
Ce petit son qui fit vibrer ses os, qui débloqua ses épaules, qui déboucha ses voies respiratoires, qui la rendait toujours un peu plus douce. Parce qu'il ne riait pas souvent, et que s'il riait, alors ça voulait dire que tout allait bien.
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfic"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...