Ch30, PapaUn appel qui entrava le silence. Elle quitta ses résumés beaucoup trop longs, le cerveau embourbé, partagé entre la fatigue écrasante de rester éveillé jusqu'à minuit chaque soir pour rattraper son retard, et l'excitation factice que créait la caféine. C'était le brouillard. Mentalement forcenée, et pourtant, elle persévérait. Parce que c'est ce qu'elle était, en premier lieu: l'intello barbante, avec les meilleures notes, avec un objectif, une détermination cinglante, et un ventre rempli de colère. La colère de vaincre. Elle avait compris qui était son démon, et ce démon, c'était elle-même. C'est moi que je dois battre.
"Papa ?"
C'était compliqué, avec son père. Il n'appelait pas. Il n'écrivait pas. Il ne prenait pas de nouvelles. Depuis ce jour, du moins, c'était devenu compliqué. Sa famille s'était prise la gifle en pleine face, les points de sutures étaient encore visibles et saignants, son père n'avait jamais fait le deuil. Quelque part là-dedans, il y avait un homme qui avait échoué. Un homme qui avait tellement souhaité le meilleur, mais qui n'avait reçu que le pire. Un idéaliste et une poussière de rêve.
"Allô ?"
Une inspiration à l'autre bout du fil et elle avait su. Je vais passer un sale quart d'heure.
"Tu as quelque chose à me dire ?
— De quoi tu parles ?
— On a reçu un courrier de Yuei ce matin."
Il fallait bien qu'ils l'apprennent tôt ou tard.
"Je ne me sentais pas très bien ces derniers temps, alors j'ai manqué quelques cours, c'est tout. — Est-ce que j'ai déjà menti à mes parents ?
— Le rapport parle d'une agression, d'un arrêt maladie et de suivi psychologique, « c'est tout » ? — Alors ils ont tout balancé ?
— Papa je peux tout expliquer.
— Oui, c'est ce que je te demande, des explications ! Ta mère se fait un sang d'encre, et moi je commence à regretter de t'avoir laissée rejoindre cette école.
— Tu mélanges tout ça à rien à voir.
— Bien sûr que c'est lié ! Figure-toi que nous avons aussi reçu un appel d'Endeavor, ou de Monsieur Todoroki si tu préfères, qui semblait très déplu de ton comportement et nous a fait comprendre à demi-mot que tu n'étais pas fréquentable pour son fils. C'est quoi cette histoire encore ?"
On dit qu'une mauvaise nouvelle n'arrive jamais seule.
"Tu as un petit ami ?"
Un homme qui avait échoué, et qui avait peur. Peur de se rater encore plus, en tant que mari et en tant que père. Un raté qui n'avait ni su sauver sa femme, ni su sauver sa fille. C'était comme ça qu'il se voyait. Et même s'il était tout sauf ça, Seiko savait qu'il avait toujours peur, et qu'il aurait toujours peur. Et si je ratais aussi avec ma fille ?
Des années qu'il absorbait toute la responsabilité de l'évènement, des années que la culpabilité lui serrait les poumons et l'empêchait de reprendre son souffle. C'était ma faute. Et elle ne pouvait pas le laisser penser ça. Parce que s'il y avait bien quelqu'un qui était là, et qui avait toujours été là, même si c'était seulement dans l'ombre, c'était lui. Son papa. Un bon papa, et un bon mari.
"Je préfère pas en parler au téléphone, je sais déjà ce que tu penses et ça vaut même pas la peine de me faire la morale.
— Si tu crois que je vais te laisser t'en tirer avec ça Seiko...
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I can see the light - Shoto x OC
Fanfic"Le soleil se levait, un rayon m'a chatouillé le visage, et c'était comme si l'obscurité avait disparue. Je redécouvrais le monde du point de vue d'une adolescente normale. Et je me suis dit : Enfin, je peux voir la lumière" NEW YORK TIMES BEST SEL...