13 ♥︎

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Ch13, résiste

Quand on ne veut pas répondre c'est plus facile de ne rien dire. Alors elle ne dit rien. Sauf que le silence pouvait être une réponse encore plus bruyante. Et le mutisme parlait pour elle. Il l'avait très bien compris.

"Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ?"

Troublé. Est-ce que je lui ai rappelé un mauvais souvenir ? Est-ce que je lui ai fait peur ? Est-ce que je lui ai rappelé l'homme de son traumatisme ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Est-ce que ?

Est-ce je suis devenu l'un d'eux ? L'un de ceux qu'elle craint.

Une question qui rendit son corps rêche. Il ne voulait surtout pas devenir l'un d'eux. Ceux qui lui faisaient peur. Ceux qu'elle rejetait. Ceux qu'elle méprenait pour celui qui avait tout détruit. Il voulait tellement devenir quelqu'un. Quelqu'un d'à part entière. Quelqu'un avec un rôle. Quelqu'un qu'elle pouvait fréquenter. Quelqu'un à qui elle pouvait se confier. Quelqu'un qu'elle pouvait aimer.

"Je suis désolé si...

— Tu n'as rien fait, c'est moi le problème. — le coupa-t-elle, lui jetant un regard."

Un regard qui voulait dire pardon. Elle condamnait son comportement. C'était injuste. Elle était injuste avec lui. Il essayait tellement. Il essayait de se trouver une place quelque part dans sa vie sans dessus dessous. Dans un espace tellement serré. Un espace où il fallait passer tous les contrôles de sécurité. Ceux qu'elle avait érigé après la tragédie, lorsqu'elle s'était promis que plus personne ne serait autorisé à lui faire du mal. Une place qu'il fallait mériter. Une place qu'il méritait, mais qu'elle n'arrivait pas encore lui donner.

Le problème c'est moi.

Un millier de sensations lorsqu'elle le regardait. Elle s'y perdait, dans ce regard obnubilant. Cette hétérochromie. Elle était aliénée. Avec lui, elle devenait autre. Une masse de sensations inconnues, submergeantes. Les mains humides, moites, les joues chaudes, comme fiévreuse, des frissons de terreur, l'estomac chatouilleux, le cœur déchaîné. Son corps qui perdait la tête, dès qu'il était trop près. Presque ensorcelée. Victime d'un mauvais sort. Trop de sentiments, tout ça pour une seule personne.

Et lui se perdait dans ses yeux. Une fascination étrange. La vitre qui les couvrait n'y changeait rien. Il en était toujours aussi épris. Leur opacité, comme un rideau de fer qu'il ne pouvait pas trépasser, une lecture impossible. Il pouvait se voir dedans, vitreux comme des miroirs, et il aimait le sentiment que ça lui procurait. L'impression d'être le seul. Et il la trouvait toujours aussi belle. Quelque chose de magnétique, un champ d'attraction, un circuit qui le ramenait toujours à elle. Comme une évidence.

Sa tête tomba contre son épaule. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait, mais elle le faisait. Elle en avait juste envie. Alors elle l'avait fait. C'était égoïste. Mais tant pis. C'était une fois. Une fois où elle pensa à elle-même.

Elle n'avait jamais été aussi proche avant. Il sentait tout. Sa chaleur, les battements de ses tempes, ses cheveux lisses qui chatouillaient, son bras contre le sien. C'était si peu, mais à la fois c'était tellement. Il aurait voulu givrer le temps et pouvoir rester là pour toujours. Une satisfaction malsaine se prenait de lui lorsqu'il réalisait son privilège. Elle n'aimait pas le contact physique, mais elle acceptait avec lui. Elle n'aimait pas les garçons, mais lui ça allait. Elle n'aimait pas s'ouvrir, mais elle lui avait tout dit. Il était l'exception.

"Tu veux de l'eau ? — lui demanda-t-il, tendre."

Il était trop gentil. Il en avait l'air, en tout cas. Parce que certes, elle connaissait son histoire. Mais elle ne le connaissait pas, lui. Sa personne. Parce que ce serait tellement triste de s'arrêter à ça. De s'arrêter à un petit garçon mal traité par son père et malheureux. Il était tellement plus que ça. Et elle voulait tellement tout savoir. Tout lire.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant