20 ♥︎

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Ch20, c'est toi l'espoir

"Mais le couvre-feu est passé. — le retint-elle, les yeux piquants.

— Il faut que tu sortes un peu d'ici. — insista-t-il."

Il n'avait pas la tête aux règles ce soir. Il n'avait pas envie de les respecter. C'était un sentiment de rébellion profond, une envie de s'échapper, de s'extirper. Comme si c'était devenu vital de prendre la fuite, de quitter cette boîte oppressante, qui était devenue le théâtre de cette tragédie inévitable. Mais c'était surtout qu'il avait envie de la sauver. Parce que c'était frustrant et ça lui tordait les tripes, lorsqu'il réalisait que sa vie était composée de ça : des tragédies. Que des tragédies. Et il se demandait, si un jour, peut-être, ça pouvait changer.

Il la traînait par le poignet, elle ne se débattait pas, une masse molle, dissociée, éteinte. Elle ne regardait pas où il l'emmenait, elle ne se posait aucune question, c'était juste le brouillard, un tourbillon de vide qui l'avait aspirée, où il n'y avait plus d'émotion particulière, sinon un trou, quelque part dans sa poitrine.

C'était le cri d'un oiseau qui l'avait alertée, et ce petit son, celui des vagues dans le fond, celui qui savait calmer ses maux. Ils étaient revenus à cette même plage. Et donc, indirectement remontés dans le temps, quelques heures plut tôt. À ce moment où pour une fois elle avait eu l'impression que tout était bien, et que tout pourrait rester bien. À une bouchée de bonheur, une trêve, dans la bataille quotidienne qu'était sa vie.

Le bonheur était tellement fragile. Un rien et tout pouvait s'effondrer, et après c'était trop tard. Peu importe combien on pouvait s'y accrocher, il coulait, lentement, entre nos doigts, on avait le temps de le voir disparaître et redevenir un petit tas de poussière. Et elle ne voulait pas la perdre, cette bribe de bonheur.

Elle ne voulait pas le perdre, lui. Parce qu'une grande part de ce bonheur lui revenait. Ce n'était pas juste une question d'amour, c'était plus profond que ça, c'était une connexion. C'était cette même impression qui ne l'avait jamais vraiment quittée. Regarder dans un miroir. Parce que c'était presque naturel ce qu'ils avaient. Comme si tout était à la bonne place. Parce que tout était plus facile quand ils étaient ensemble. Parce qu'elle était permise d'être ce qu'elle ne pouvait être avec personne d'autre. Parce qu'elle redevenait momentanément, une petite fille pas traumatisée, et lui redevenait, un petit garçon insouciant.

Et pour elle, c'était ça, le plus proche qu'elle avait été du bonheur: de pouvoir devenir une version juste un peu meilleure, lorsqu'elle était avec lui. Ce n'était peut-être qu'une petite bouchée, mais c'était déjà ça. Parce qu'on se rend mieux compte de ce qu'on a acquis, lorsqu'on a eu l'habitude de ne rien avoir.

Elle glissa sa main dans la sienne, il la serra fort. Et elle s'était souvenue avoir pensé qu'elle ne voulait jamais qu'il la lâche. Parce que c'était là qu'elle se sentait le mieux. Et peut-être que s'il était là, alors tout était possible. Peut-être que le bonheur restait atteignable, malgré tout.

"Je reviens."

Il avait lâché sa main et le froid qui s'était immiscé dans le creux de sa paume lui avait arraché un frisson. Son regard resta bloqué sur ce vide, où la chaleur se mourait doucement, un feu à l'agonie. C'était très vide. Trop vide. Est-ce que je m'attacherais pas un peu trop à lui ?

"Tiens."

Deux bâtonnets qu'il déposa dans sa main toujours ouverte. C'étaient ces sticks lumineux qui libéraient mille étincelles lorsqu'allumés. Il les avait acheté au dernier stand ouvert de la plage. Parce que ça devait être une activité de couple banale, mais pour elle ce n'était que dans les films. Les films à l'eau de rose, ceux qu'elle avait toujours détesté parce que « ce n'est pas réaliste », ou qu'elle était trop pessimiste. C'était sans doute parce qu'à cette époque-là, elle croyait encore qu'elle ne pouvait pas et ne méritait pas d'être aimée.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant