29 ♥︎

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Ch29, ma personne

"Les yeux, ça ment pas."

Qu'est-ce qu'elle voulait dire ?

Une pauvre phrase qui avait retourné son cerveau, comme une ruche agitée, où dix mille pensées lui donnaient des migraines. Ça tournait, tournait, tournait. Et si ? Une pauvre phrase qui lui avait redonné envie d'y croire. Et si ce n'était pas fini ? C'était un choix, de croire. Et elle avait choisi. Elle croirait. Elle y croirait. Jusqu'à ce que tout soit écrasé. Jusqu'à ce qu'elle soit sûre qu'il ne reste rien. Jusqu'à ce que tout redevienne cendre. Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun doute. Et tant pis si ça ferait mal, elle se relèverait, encore une fois, l'enfer n'avait plus aucun mystère pour elle.

Je te récupérerai. Sa décision, son voeu, et sa promesse.

Et c'est là qu'elle le vit, en arrivant au cinquième, appuyé contre la porte de sa chambre, un semblant de rayon de soleil qui embrassa son visage lorsqu'il l'aperçut au bout du couloir.

"Seiko. — il l'interpella. — On peut parler ?"

Le tout c'est d'y croire.

C'était la tombée du soir, la nuit avait commencé à se lever plus vite, l'air était frais dehors, et les lampadaires étaient déjà allumés. Ils étaient assis sur un banc, caché quelque part sur le campus, loin de tout, chacun à une extrémité. Loins l'un de l'autre, muets, sans oser se regarder, la crainte d'être trop proche. Comme deux inconnus réunis par le hasard au même endroit au même moment.

"Je t'écoute."

Il voulait parler, et elle aussi voulait parler. Trop de choses qu'elle avait gardées en bouche et mastiquait sans arrêt, sans trouver de moyen de les faire sortir. Pour elle, la vie était une question d'opportunités et de choix. On les saisissait ou non, on faisait les bons ou non. Et parfois, juste parfois, ça ne devenait plus important, de savoir si c'était le bon ou le mauvais choix. C'était l'opportunité qui comptait, et elle était là. Un fragment de possible. Une miette de peut-être. Peut-être qu'on peut tout refaire.

Et lui aussi, il croyait aux opportunités. Il n'était pas de ceux qui abandonnaient. Et parce qu'elle n'arrivait pas, cette opportunité, il avait décidé de la créer. Il ne croyait pas au destin. Il ne croyait pas à ce qui est écrit. Pour lui, ce n'étaient que des excuses. C'était terre à terre avec lui. Il croyait fermement que l'on détenait une influence sur l'après, qu'on avait toujours la possibilité de tout renverser, même quand tout semblait désespéré. C'était sans doute pourquoi il voulait être un héros. Le tout, c'est de s'accrocher. Et il allait s'accrocher. Un souffle pour extérioriser. C'était sa dernière chance pour dire, tout ce qu'il n'avait pas réussi à dire.

"Je..."

Tu peux le faire.

"Je te demande pardon. — il était revenu chercher ses yeux. — Parce que je t'ai fait du mal, et que c'était pas ce que je voulais."

Ça avait toujours été spécial, lorsqu'ils se regardaient. Un langage qui leur appartenait, codé, que personne ne pouvait comprendre. Mille choses échangées dans ces longs moments silencieux. Ils montraient tout, les yeux. Il suffisait de lire, et elle pouvait lire, avec certitude, que c'était la vérité. Ça ne l'avait jamais frappée avant, comme il la regardait différemment. Il l'avait toujours regardée différemment. Avec un peu plus. C'était son piège préféré, de la regarder. Parce qu'une fois focalisé sur elle, c'était comme si tout le reste devenait trouble, que plus rien n'était important. C'était peut-être ce que Kyoka voulait dire, quand elle avait dit que les yeux ne mentent pas.

I can see the light - Shoto x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant