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DINN

Je n'ai aucune envie d'affronter cette journée. Heureusement, nous sommes mercredi, on a donc uniquement cours le matin.

J'arrive en retard. J'ai pris un peu trop de temps en mangeant ce matin, je ne vais pas dire que c'était volontaire mais je ne vais pas non plus dire que ça ne m'arrange pas. Après tout, ce n'est pas mon père qui va me faire la moral.

Lorsque j'entre donc en classe, tous les regards se tournent vers moi, je me contente juste de rejoindre la place à côté de Karen en silence.

Je ne cherche jamais vraiment à attirer l'attention mais apparement je le fais. Je ne crains pas les regards des autres, j'en suis arrivé à un stade où l'avis des autres m'importe peu, ce n'est certainement pas grâce à eux que je vais avancer dans la vie.

Karen me regarde m'assoir, et je pense qu'elle est exactement comme moi, du genre à s'en foutre de tout, et c'est une des raisons pour laquelle je l'apprécie déjà, même après une semaine.

J'essaie de suivre ce qui reste du cours de SVT mais je suis perturbé par Alexia dont le rire ne peut être plus bruyant. Visiblement Bruno lui raconte une blague qui la met hors d'haleine. À mon avis ils sont en couple mais je ne suis pas sûr, en fait je n'ai même pas poser la question mais pour moi ça va dans l'évidence, non ? Ils sont très proches, vraiment très proches.

- Tu viens chez moi cet après-midi ? je me surprends à demander à Karen.

Je m'ennuie terriblement chez moi et nous n'avons pas cours après, de la compagnie ne me ferait pas de mal et je veux que ce soit elle qui me tienne compagnie.

Elle tourne sa tête vers moi avec une expression qui pourrait signifier « C'est à moi qu'il parle ? », j'arque un sourcil afin de lui faire comprendre que oui c'est bien à elle que je parle et en espérant qu'elle comprenne que c'est une réponse à sa question imaginaire.

- Euh ouais si tu veux, elle finit par répondre, mais il faudrait que je sache où tu habites.

*

Je lui ouvre la porte. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai invité. L'idée m'a pris et je l'ai saisis. De plus, je m'ennuie vraiment.

Il m'est difficile de ne pas constater qu'elle observe tout, mais vraiment tout. Que ce soit la télé, les fauteils, la cuisine ou même le piano - où je peux voir que ces yeux s'attardent.

- Viens, on va dans ma chambre, je finis par lui dire.

Elle se bloque un instant, mais me suivre tout de même.

Là encore, elle observe tout, de mes trophés de baskets à mon lit. De mes commodes à mes armoires, jusqu'à ma salle de bain. Elle enlève ensuite ses chaussures et elle sourit à, ce que je devine, la sensation que lui procure ma moquette grise, même à travers ses chaussettes. Je connais cette sensation par coeur.

- Tu joues au basket ? elle demande.

- En effet, j'en joue depuis que je suis tout petit.

Elle continue d'explorer les parages, puis ses yeux s'illuminent comme si elle se souvenait soudainement de quelque chose.

- Tu joues aussi du piano ?

Je sais que je ne suis pas trop du genre à jouer du piano, ou de n'importe quel instrument de musique d'ailleurs.

- Hum, pas trop non, je mens.

Bien sûr que je sais jouer, je suis excellent même, mais je ne joue plus.

- Arrête, je suis sûre que si.

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