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KAREN

La maison de Dinn a un style très moderne contrairement à la mienne dont le style est plutôt européen/africain. Ces parents doivent d'ailleurs gagner beaucoup d'argent. Elle m'a beaucoup impressionné, mais étant donné que je ne voulais pas avoir une réaction stupide je n'ai rien dit du tout. Par contre, il semblerait que j'écoute ma raison seulement la moitié du temps : même si le fait que Dinn ait refusé de me jouer du piano m'a beaucoup vexé, ma réaction était vraiment stupide, je ne suis pas aussi susceptible d'habitude.

Une fois chez moi, je m'installe dans le canapé dans l'espoir de trouver un film captivant à regarder. Mais au fur et à mesure que je zappe désespérément les chaînes, je me rends compte qu'il n'y a rien.

Je vais donc dans ma chambre pour faire mes révisions, lorsque des bruits m'interrompent, des bruits salaces... qui viennent de la chambre de mon frère. Kim et lui sont encore en train de faire l'amour et bien que cela le devrait, je ne suis pas du tout choquée, je suis plutôt amusée. Et puis ça me donne un prétexte pour arrêter de travailler, là maintenant.

Je n'ai pas faim et je n'ai pas envie de réviser ce soir, de toute façon je n'arriverai pas à me concentrer. Il occupe toutes mes pensées. Je me pose tellement de questions, auxquelles il ne répondra sûrement pas si je lui pose maintenant donc je préfère attendre. Et je sais que de toute façon tout ce que j'arriverai à faire c'est de le contrarier. Mais si ces choses le contrarient ça veut dire qu'elles sont vraiment graves non ? Et si ces choses le touchent à ce point je veux savoir. Je me sens un peu bête d'avoir cru que sa mère et son petit-frère étaient morts. Mais je me suis imaginée beaucoup de choses lorsqu'il ne répondait pas à mes questions.

*

J'ai le plaisir de constater qu'aujourd'hui que le "signe de main" que nous avions employé Dinn et moi le jour de notre rencontre a disparu, puisqu'il me fait maintenant la bise. Je me sens pathétique de me réjouir pour si peu et ça m'énerve.

Nous avons cours d'espagnol en premier ce matin avec la sublime Madame Gonzales. Parmi les quatres heures de cours que nous avons avec elle, deux d'entre elles sont une semaine sur deux, et c'est notre premier cours depuis la rentrée, ce qui fait que c'est la première fois que Dinn la voit. Bruno, fidèle à lui même, ne fait que faire des remarques déplacées à son sujet. Les adjectifs qualificatifs qu'il emploie ne me plaisent pas, et il le sait bien, pourtant il continue.

Dinn, lui, ne cesse de rire et ça m'énerve encore plus. Je me renfrogne et ne dis plus rien, parce que je sais que si un mot sort de ma bouche, plusieurs autres en sortiront sans que je ne puisse les contrôler.

- Qu'est ce qu'il y a ? me demande Dinn qui vient juste de remarquer ma mauvaise humeur alors que avons commencé le cours il y a déjà quarante minutes.

Intérieurement je le toise et le tue plusieurs fois à coup de massue.

- Rien, je réponds d'une voix intentionnellement sèche.

Son regard gris intense se pose sur moi. Puis il arque son sourcil comme s'il ne me croyait pas. Le fait qu'il soit aussi beau m'énerve d'autant plus.

- T'es sûre ?

- Oui !

Il veut rajouter quelque chose mais il se ravise.

On continue le cours dans cette ambiance, sans s'adresser la parole. Bruno me taquine, en me pinçant ou en accentuant ses insultes envers Madame Gonzales et à ce moment j'ai envie de prendre les ciseaux placés devant moi et de couper sa langue avec.

La sonnerie retentit. Je me précipite à l'extérieur, nous avons encore cours d'espagnol dans la même salle, mais cinq minutes de pause nous sépare du moment où je serai assise à côté de Dinn et derrière Bruno à nouveau. Je vais donc utiliser ces cinq minutes à bonne escient pour pouvoir me calmer.

Alexia non plus ne m'a pas aidé, elle riait et regardait Bruno comme si c'était un Dieu. Et j'ai de plus en plus de doutes par rapport à la tournure que prend leur relation.

Dinn arrive quelques minutes après que je me sois installée dans la salle. Il vient s'assoir sur la chaise à proximité de la mienne malgré le fait que mon regard pourrait à lui seule être remplacé par une mitraillette et le tuer sur place. Du moment où il entre dans la salle de classe à celui où il s'assoit à côté de moi, le sien ne se détache pas de moi. Il m'observe comme s'il voulait lire en moi et percer tous mes secrets. Même le fait que le professeur commence son cours ne l'empêche pas de m'observer. Je n'aime pas ça. Je ne le regarde pas, je l'esquive parce que je sais très bien que ses yeux me perturberait à un tel point que je pourrais en perdre ma crédibilité.

Soudain il me surprend en m'attrapant - doucement - par le bras.

- Non mais sérieux Karen, qu'est-ce qu'il y a ? il demande avec un ton assez fort pour que les élèves aux alentours entendent, mais pas assez pour atteindre le professeur qui est installé de l'autre côté de la salle.

Je soupire.

- Il se trouve que Bruno et toi (Bruno se retourne) ne pouvez tout simplement pas traiter les femmes de cette manière.

Bruno me regarde interloqué comme s'il ne comprenait pas un seul mot de ce que je dis, tandis que Dinn attend la fin de mon explication.

- Je veux dire, vous vous imaginez pouvoir coucher avec elles et vous utilisez des mots déplacés pour les qualifier mais c'est quoi l'équivalent de ces mots pour les hommes ? Si une femme couche avec quelqu'un - et d'ailleurs vous ne savez même pas si c'est le cas avec Madame Gonzales - on va la traiter de cette manière. Alors que si c'est un homme on va le féliciter et ajouter qu'il est téméraire.

Bruno ne parle plus, Dinn non plus d'ailleurs.

Le reste de la journée s'est bien passé. Alexia m'a presque félicité pour ma réplique en cours d'espagnol et elle a même convaincue Bruno de me faire des excuses. Dinn m'a demandé d'où je tenais mon côté féministe, de ma mère évidemment. Elle est aussi chiante que moi.

Je suis montée dans ma chambre travailler, que pouvais-je faire d'autre ? Mes parents m'ont fait comprendre depuis bien longtemps que les études c'est le plus important, ils me mettent une énorme pression, et franchement je peux être très redoutable, mais la dernière chose que j'ai envie de faire c'est de les décevoir, surtout mon père.

Alors que je me bats avec un problème de maths, ma mère m'annonce qu'il est l'heure de dîner. Déjà ? Je n'ai vraiment pas vu le temps passer. Et je n'ai pas encore fini. Je n'aime pas commencer quelque chose sans le terminer.

- Non, c'est bon Maman je n'ai pas faim.

- Karen descend tout de suite, gronde t-elle, ça fait déjà plusieurs fois que tu ne dîne pas.

Je souffle, ce n'est vraiment pas la peine de discuter avec elle de toute façon. Mais quand j'aperçois le repas, mon ventre gargouille. En fait, je meurs de faim.

- Tu vois Karen que tu as faim, elle a sûrement entendu mon ventre, qu'est-ce qui se passe, tu fais un régime ?

- Non Maman, je roule les yeux, je ne fais pas de régime c'est juste que je ne m'étais pas rendu compte à quelle point j'avais faim.

Elle me regarde comme si elle ne me croyait pas. Je m'en fou. Je m'assoies à ma place habituelle, je me sers et je mange. J'écoute Matt qui se plaint de son directeur de stage, apparemment odieux.

Je finis par remonter dans mon sanctuaire avec l'intention de terminer le travail que j'ai commencé. Je suis en train de décider si je dois d'abord m'allonger dix minutes ou directement continuer de travailler, je suis épuisée. Bon, je m'installe dans mon lit le temps de prendre ma décision, mais plus vite qu'il ne le faut, je m'endors.

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Je vous avoue que j'ai dû effacer et réécrire les 2/3 de ce chapitre parce qu'il ne me plaisait vraiment pas. J'éspère donc que cette version va vous plaire.
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