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KAREN

- N'oublie pas, des pépites énormes ! je dis.

Je tourne la page de mon livre et quand je lève les yeux vers lui, il me fixe.

- Quoi ?

Il secoue la tête en souriant, ses fossettes m'avaient manqué.

- Rien.

J'essaye de retourner à ma lecture, mais je ne peux définitivement pas. J'ai envie de scruter chacun de ses gestes. Ça faisait trop longtemps que je ne l'avais pas vu cuisiner.

Je me décide à poser mon bouquin, et pose mes coudes sur le comptoir, soutenant ma tête avec mes mains. Je soupire aussi fort que je le peux. Dinn lève les yeux au ciel - une habitude qu'il prétend avoir pris chez moi - et me demande :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je peux t'aider ? Je m'ennuie.

- Non. Je te l'ai déjà dit.

- Mais pourquoi ?

- Parce que je veux te faire la cuisine. Ce n'est pas pareil si tu m'aides.

- C'est ça, dit plutôt que je suis nulle et que tu ne veux pas de moi.

Il rit.

- Il y a un peu de ça aussi.

- Dans ce cas, au revoir.

Il sourit, mais me laisse faire. Je me lève du haut tabouret sur lequel je suis installée, et monte dans sa chambre. Sérieusement, je m'ennuie vraiment. Sans plus attendre, je m'allonge sur son lit.

Lorsque, deux jours plus tôt, Dinn est venu chez moi pour s'excuser, j'ai jubilé intérieurement. Je me suis demandé quel avait été son déclic, qu'est-ce qui avait fait qu'il revienne seulement maintenant après tout ce temps. Bien évidemment, ma seule alternative était de lui demander de partir, mais ses yeux ont changé la donne. Il me regardait avec cet air si désolé, il a prononcé des mots qui m'ont profondément touché. Sans réfléchir, j'ai plongé dans ses bras, et c'est là que je me suis rendu compte d'à quel point il m'avait manqué. Tout chez lui m'avait manqué : son odeur, son corps...

Soudain, la porte s'ouvre, dévoilant mon meilleur ami, parce que oui je peux encore l'appeler comme ça. Sans un mot, il s'approche et s'allonge aussi de dos, à côté de moi.

Nous ne disons rien, nous restons silencieux pendant quelques minutes. Ce silence nous fait du bien, à nous et à notre relation. Finalement, dans un souffle, il le brise :

- Je suis content que tu sois là.

*

- Je t'aime, là n'est pas la question.

J'assiste à la première dispute de Bruno et Alexia, mais ma meilleure amie s'arrête instantanément en entendant les mots que celui-ci vient juste de prononcer.

- Quoi ?

Il soupire.

- Tu as bien entendu Alexia, je t'aime.

Connaissant celle-ci, un feu d'artifice doit exploser dans son corps à l'instant même. Pendant quelques secondes, elle ne dit rien, prenant le temps de digérer l'information qui vient juste de lui tomber dessus. C'est la première fois que Bruno lui dit qu'il l'aime, et visiblement ces sept lettres ont suffit à dissiper toute sa colère. Comment peut-on se disputer pour un sandwich ? Parce que oui, cette dispute a bel et bien commencé parce qu'Alexia et Bruno n'arrivaient pas à s'entendre sur le sandwich qu'ils allaient se partager. Alexia a commencé à bouder et Bruno à s'énerver.

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