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KAREN

J'ai l'impression que ce moment dure une éternité, je sens mon sang battre dans mes veines, c'est pour moi un effort sur humain de ne pas détourner le regard. Mais c'est à ce même moment que je remarque ses yeux, d'un bleu profond. Une couleur magnifique qui contraste avec le foncé de ses cheveux bruns. Ce jeu devient alors tout d'un coup plus intéressant pour moi, après tout, qui ne voudrais pas regarder ces yeux là ?

Il finit par me sourire Wow, son sourire... Je suis tellement intimidé que je finis pas baisser les yeux et je me rends compte à quel point je suis idiote : je ne lui ai même pas rendu son sourire. Et là je me sens encore plus idiote, pourquoi est-ce je m'inquiète d'avoir souris ou non à un garçon ?

Après cet épisode, il m'adresse enfin la parole :

- Comment tu t'appelles ?

Même sa voix est sexy.

- Karen.

- Karen, répéte t-il, j'aime bien - comme ci cela allait changer quelque chose s'il n'avait pas aimé.

- Merci, j'aime bien le tien aussi.

Notre conversation s'arrête là, juste au moment où la sonnerie rententit.

Le prochain cours commence. Je m'installe à ma place habituelle, au fond près de la fenêtre. Je regarde l'extérieur car le cours n'a pas encore commencé, jusqu'à ce que j'entende quelqu'un tiré la chaise à côté de moi, surement Alexia. Mais je suis agréablement surprise quand je vois Dinn en train de s'installer. Je ne sais vraiment pas ce qui l'attire vers moi, mais je ne vais pas m'en plaindre. Alexia, elle, entre dans la classe et regarde la place à côté de moi avec imcompréhension, je lui rends un regard désolée et elle me fait signe que ce n'est pas grave tout en m'encourageant à faire le contact avec mon voisin.

- Parle-moi de toi, il me surprend.

- Que veux-tu que je te dise ?

- Je ne sais pas, n'importe quoi.

Je n'aime pas faire la conversation. Et à vrai dire je parle très peu, seulement des choses qui m'intéréssent vraiment, donc encore moins de ma vie. Mais je me surprends moi-même quand je me mets à lui parler de mon frère, de ma mère ainsi que d'Alexia, tandis que lui me raconte la raison de son déménagement : son père aurait été muté ici. Je veux en savoir plus alors je lui pose des questions.

- Tu poses trop de questions, me fait-il remarquer au bout d'un moment.

Ah bon ? Il doit surement se tromper, ou alors c'est qu'il m'intéresse beaucoup plus que je le pensais finalement. Il finit quand même par me parler des ses amis et aussi de son ex - qui doit surement être magnifique soit dit en passant - mais il se limite toujours dans son discours, comme s'il ne voulait pas se dévoiler. Il doit avoir eu beaucoup d'exs d'ailleurs, alors que mon expérience amoureuse est au point mort. Après tout, qui pourrais-je intéresser ? Oui, parce que je suis trop sèche.

Lors de la pause, j'insiste pour qu'il fasse la connaissance d'Alexia. C'est une fois debout que je remarque sa superbe carrure. Il est grand, du haut de mon mètre soixante quinze, il me dépasse d'au moins dix centimètres. Son t-shirt blanc laisse deviné un corps parfait avec juste ce qu'il faut. Ce garçon est vraiment beau.

Ah Alexia !

Bien sûr, elle est avec Bruno.

- Alors, Alexia Dinn, Dinn Alexia. Dinn, Alexia et ma meilleure amie, je déclare.

Il tend la joue pour lui faire la bise, et elle s'exécute. Ça m'irrite, pourtant je ne le connais que depuis quelques heures.

- Et voilà Bruno, notre meilleur ami.

Ils se serrent la main.

- Excuse-moi, je t'emprunte Karen deux minutes, dit Alexia s'adressant à Dinn.

Elle m'attire un peu plus loin. Quand nous sommes hors de la portée des garçons, elle s'exclame comme quoi il serait « trop beau ! Non rectification : carrément sexy ! ». Je rigole et je lui fais les gros yeux en même temps. Oui, ça me fait rire qu'elle puisse penser même une seconde que je puisse sortir avec lui. Je ne suis certainement pas la plus belle ou la plus parfaite, loin de là - mais jusqu'à aujourd'hui je m'en foutais - et il s'en rendra vite compte d'autant plus qu'il y a une superbe fille juste à côté de moi pour le prouver.

Quand nous revenons, Dinn et Bruno discutent sur un sujet de football, c'est à peine s'ils nous remarquent. Alexia et moi nous nous regardons, et au même moment nous éclatons de rire, ils nous regardent enfin, mais avec un regard d'incompréhension.

À la fin de la journée : trop courte à mon goût, et franchement je n'aurai jamais pensé pouvoir dire un truc pareil un jour. Alors que nous sortons de cours, Dinn m'attrape par le bras et me fait pivoter vers lui. Quelques secondes auparavant il parlait avec Bruno et j'étais loin devant eux donc je me demande comme il a fait pour être aussi rapide. Il me prend mon téléphone des mains sans gêne et enregistre mon numéro dans le sien. Après quoi, il me le rend et nous nous disons au revoir d'un geste de la main, ce que je regrette immédiatement. Il a fait la bise à Alexia !

Et merde pouquoi je m'emballe ? Je ne suis pas ce genre de fille en général. Je déteste ma réaction et je le déteste de me faire avoir ce genre de réaction.

Je rentre chez moi et je m'apprête à travailler. Ce n'est que la rentrée mais j'ai toujours pris l'habitude de m'avancer, surtout que cette journée n'a pas vraiment été une aide intellectuellement parlant puisque je n'ai prêté attention qu'à la moitié des cours, pour ne pas dire aucun. Ce n'est pas vraiment que ça me fasse plaisir de bosser, mais mon père m'a toujours mit la pression par rapport à ça, alors je ramène de bonnes notes et tout le monde est content. Je suis bien consciente que je ne peux pas me rebeller sur tout.

- À table !

Il était temps, je meurs de faim.

- Qu'est ce que tu as fais aujourd'hui Karen ? me demande ma mère pendant que nous attaquons nos repas.

- Rien, je réponds tout simplement.

- Comment ça rien ?

Ah, elle m'éxaspère. Je ne partage pas vraiment la relation typique mère/fille avec elle, tout simplement parce que je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi bornée. Je sais c'est ma mère, elle m'a donné la vie, et je ne veux pas passer pour une de ces adolescentes capricieuses, mais, au contraire de moi, ces adolescentes se plaignent vraiment pour un rien alors que mes raisons sont justifiées. Mais j'approuve quand même son côté féministe.

- Bah rien, je répète, je suis juste allé à l'école, rien d'intéréssant.

- D'accord, finit-elle par dire en insistant sur le "or" comme si je l'exaspérais moi aussi, et toi Matt ?

- J'étais libre aujourd'hui donc j'ai passé ma journée avec Kim. On est allé au cinéma puis au restaurant.

Je le toise, même pas un peu de solidarité entre frères.

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