DINN
- Hey salut Karen !
C'est à ce moment que la sonnerie retentit, elle ne prend pas la peine de répondre et va directement en cours.
Qu'est-ce qu'elle a ?
J'entre dans la salle, et je la trouve la tête posé sur la table, à sa place habituelle. Je m'approche pour m'assoir à côté d'elle et je la regarde quelques instants. Sa tête est soutenue par ses bras croisés, elle ne me regarde pas, elle regarde devant elle, et elle à l'air exténué.
- Salut Karen, je répète d'une voix plus douce qu'il y a quelques minutes.
Elle me regarde enfin.
- Salut, elle répond en soupirant.
Je me surprends à espérer que son soupir vient du fait qu'elle soit fatiguée, et non à cause de moi. Ne sachant pas de quoi il vient, je demande :
- Ça va ?
- Oui.
- Tu es sûre ?
- Oui.
Voilà que maintenant c'est moi qui pose des questions.
- Très bien.
Elle s'affale sur la table - plus qu'elle ne l'est déjà - et rentre la tête entre ses bras, essayant tant bien que mal de fermer les yeux. Mais je pense que le fait que je l'observe l'en empêche puisque d'un coup elle se redresse et me sourit. Mais ce n'est pas le sourire dont j'ai l'habitude depuis à peu près deux semaines, celui là n'atteint même pas ses joues.
- Qu'est-ce qu'il y a ? elle me demande cette fois.
Je souris à mon tour du changement de situation.
- Rien.
Et je reporte mon attention vers le professeur. Il parle du devoir sur Les Contemplations que l'on a à rendre, heureusement, il nous avait donné un mois et demi. Et les quatres semaines qu'il nous reste nous suffisent parce que l'on a absolument rien fait pour l'instant. Heureusement qu'Alexia et Karen sont là.
Il semblerait d'ailleurs qu'elle ne soit plus fatiguée maintenant, c'est dommage, j'aurais bien aimé la regarder dormir. Quoi ?
Je crois avoir une idée de son entêtement. Je sais que j'aurais dû la prévenir hier de mon absence. Mais quand j'ai vu qu'elle n'avait pas pris de mes nouvelles, je me suis arrêté à là, et apparemment je n'aurais pas dû.
Nous ne parlons pas de tout le cours, elle est très sèche aujourd'hui. Du moins plus que d'habitude. C'est déjà la fin, et avant même que j'ai eu le temps de ranger mes affaires, elle est déjà partie. Je me dépêche moi aussi et l'attrape par le bras.
- Qu'est-ce que t'as Karen ?
Ma voix sonne plus sérieusement que j'ai voulu, mais c'est tant mieux. Je veux l'entendre me le dire, en fait je veux qu'elle puisse tout me dire.
- J'ai rien je te dis, elle sourit comme pour appuyer sa thèse.
Je ne la crois pas, mais je ne veux plus insister. Et je veux croire que c'est uniquement parce qu'elle est fatigué, ou parce qu'elle a par exemple ses règles, que par ma faute. Je finis par lui rendre son sourire.
- Tu peux venir chez moi demain après-midi ?
Elle a l'air surprise. Je pense que c'est du au fait de comment ça c'est passé chez moi l'autre jour. Je ne vais pas vous mentir, elle m'avait énervé. Elle est de loin la personne la plus curieuse et la plus exaspérante que je n'ai jamais rencontré, mais je veux tout de même continuer à la voir. Et elle finit par hocher la tête.
- Et samedi ?
Elle éclate de rire, et son rire se joint au mien.
- Au fait, j'ajoute, hier j'étais malade.
Ce n'est pas totalement faux. Et contre tout attente, elle sourit, d'un sourire sincère.
*
- Pourquoi tu ne veux pas jouer pour moi ?
Elle fait la moue. Je ris en voyant sa tête. Elle garde un visage impassible, elle ne fait que me regarder. Je vois bien qu'elle désire que je réponde à sa question, mais elle n'insiste pas. Et là je suis trop occupé à la regarder pour répondre : des mèches qui s'échappent de son chignon tombant sur sa nuque, passant par sa lèvre inférieur qu'elle mord, allant jusqu'à ses épaules que dévoile son t-shirt, pour finir à ses doigts - dont les ongles ont une teinte bleu nuit/noir - qui appuient sur les touches. Elle est assise devant le piano, et essaye d'en faire échapper des notes qu'elle veut mélodieuses. Tentative raté. Je ris de plus belle.
- Tu vois, si toi tu jouais ça serait mieux.
Je souffle, me lève et me place à côté d'elle.
- Tu sais à propos de ma mère ? je murmure.
Je ne sais pas vraiment si je veux lui en parler, mais je pense que je lui fait déjà assez confiance. Et elle m'énèrve vraiment à poser toutes ces questions. Peut-être qu'après ça elle me fichera la paix. Et de toute façon je ne compte pas tout lui dire. Je ne vais certainement pas lui raconter ce soir là.
- Oui, elle laisse complètement tomber ce qu'elle était en train de faire comme si je m'apprêtais à lui annoncer que je suis le petit-fils inconnu de la reine d'Angleterre.
- Mon père et elle sont divorcés.
Bon jusqu'à là ce n'est pas une annonce extraordinaire, je pense que c'est évident. Elle penche la tête de côté et m'observe avec ses grands yeux comme si elle s'apprêtait mentalement à ce que j'ai l'intention de lui dire, je continue.
- Donc je vis avec mon père, et mon frère vit avec elle.
Mais qu'est-ce que je raconte ?
- En fait, il n'y a aucune photo de ma mère dans ma maison, comme t'as du le remarquer...
Je me rappelle encore de son froncement de sourcils lorsqu'elle avait remarqué ce petit détails.
- Comment... ?
Elle à l'air surprise.
- Je t'ai vu regarder nos photos dans le couloir l'autre jour, j'explique.
Elle éclate de rire.
- Tu m'espionnes ?
Je ne réponds pas. En fait là, à ce moment précis je n'ai pas du tout envie de rire. Et qu'est-ce que je pourrais lui répondre ? Car c'est vrai que je l'espionnais. Je me contente juste de lui faire un léger sourire. Mais je reprends mon sérieux assez vite.
Je ne soupçonnais pas que lui avouer ça puisse être si dure. Même si c'est le strict minimum, ça me rappelle des souvenirs que je voudrais mieux éviter.
- Donc, je reprends, il n'y a aucune photo de ma mère dans ma maison, comme t'as du le remarquer parce qu'elle a trompé mon père...
- Dinn...
- ... avec son associé de travail, je la coupe, et mon père ne veut plus jamais la voir. Je suis aussi en colère contre elle, je ne la regrette pas. Tout ce que je regrette c'est Ethan, mon petit frère.
Encore une pause. Elle doit sûrement en avoir marre. Je sais qu'elle brûle d'impatience, pourtant elle tient mon regard et continue à m'écouter.
- J'étais très proche de lui, je suis très proche de lui et il me manque horriblement.
Je m'arrête là, je ne vais pas lui faire attendre plus longtemps. Et si ça peut satisfaire sa soif d'information, tant mieux.
Lorsqu'elle comprend que j'en ai fini, elle pose un regard triste sur moi. Mais je ne pense pas que ce soit de la pitié, juste de la compassion. Alors, elle m'enlace, et putain ça me fait un bien fou. Elle se détache seulement lorsqu'elle le juge nécessaire, c'est-à-dire pas avant cinq bonne minutes.
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عاطفيةInaccessible, Karen est une fille qui n'attend pas grand chose de la vie...jusqu'à ce qu'elle rencontre Dinn. Elle ne sera plus la même. Ce garçon va lui faire ressentir des émotions qu'elle n'avait jamais connu auparavant. Dès lors, une impétueuse...