2

290 10 0
                                    

DINN

Au début, je ne voulais pas partir. Je veux dire quitter mes amis, et toutes les personnes que je connais... c'était tout simplement inimaginable. Mon père ne voulais même pas me dire la vrai raison de notre déménagement, il se contentait de prétendre qu'il avait été muté à cause de son travail, mais je ne le croyais pas, je le connais trop bien, il y avait autre chose. 

Un soir, j'ai entendu mes parents se disputer, me révélant enfin ce que je voulais savoir. À partir de là, ça a été presque un plaisir de m'éloigner d'elle, en fait j'aurais préféré que ce soit elle qui s'éloigne, mais mon père est trop gentil. Moi, ça me rendait malade.

Et ça me rend encore malade aujourd'hui.  

Je me réveille seul, ce n'est pas vraiment problématique, après tout j'ai l'habitude. Je suis de toute façon toujours seul depuis que nous avons déménagé.  Je n'ai besoin de rien ni personne, ci ce n'est qu'à manger.

Mon père voyage beaucoup, je sais qu'il a une grande place dans son entreprise donc beaucoup de responsabilités, c'est pour ça que je ne lui en veux pas de son absence. Et puis je sais très bien qu'il n'a pas besoin d'un adolescent capricieux derrière lui, en plus de tout ce qu'il a déjà vécu. Mais le fait est que je m'ennuie terriblement. 

Je vais à la douche et j'enfile ensuite mes vêtements. Quand j'entre dans la cuisine, je vois un mot de mon père s'excusant de ne pas être là, encore une fois. Il faudra d'ailleurs que je lui dise d'arrêter de se sentir coupable, c'est stupide : ok, je ne suis pas vraiment excité à l'idée d'être dans une nouvelle école ou de faire de nouvelles rencontres, j'aurais même préféré évité mais je ne voudrais pas retourner avec elle pour autant donc il n'a pas à s'inquiéter.

Je vais à l'école par mes propres moyens, comme d'habitude. Aujourd'hui j'y vais à pied, c'est juste à côté de là où j'habite, et je prends tout mon temps, comme j'ai pris mon temps pour avaler mes céréales, peut-être qu'avec un peu de chance j'arriverai en retard.

Mon moral descend encore plus bas lorsque j'arrive - et franchement je ne pensais pas que ça serait possible - puisque je suis obligé d'attendre qu'on me donne mon emploi du temps et tout ces papiers administrarifs de merde. En plus de ça, je dois en remplir une partie tout de suite parce que mon père s'y est pris trop tard pour l'inscription. Bordel de merde !

Je finis enfin, je peux bouger de ce bureau et le surveillant qui me prend en charge depuis tout à l'heure m'emmème dans ma classe. Je ne suis pas vraiment impatient ou excité, en fait je m'en fou. Mais une chose que je déteste : les présentations. Je ne suis pas rabat-joie ou négatif - quoique j'estime avoir le droit d'être négatif vu ce qu'elle nous a fait subir - mais je ne suis pas vraiment très sociable non plus donc je me passerais bien de présentation à la con.

Après avoir discuter un bout de temps avec ce qui semblerait être mon professeur principal, le surveillant part. C'est dommage, je l'aimais bien pourtant. Je me décide à entrer dans la salle, sous les yeux éveillés de mes camarades, ça ne me dérange pas qu'ils me regardent, encore une fois je m'en fou. Le professeur attend, surement que je me présente, mais à quoi bon ? Je lui fais comprendre d'un regard que je ne parlerai pas et c'est lui qui finis par le faire à ma place.

« Ok Dinn, tu peux t'assoier où tu veux. » il me dit une fois qu'il a finit.

J'inspecte alors les nombreuses places vides qui se trouvent au fond de la salle. Je sais que tous les élèves me regardent et c'est normal puisque je suis nouveau, mais mon regard vient inexpliquablement se poser sur celui d'une fille. Elle a les yeux caramels et elle me regarde intensément. Elle a aussi un côté innofensif qui constraste avec un autre plus rebelle, je crois que c'est ce qui m'attire le plus chez elle et qui explique donc le fait que mes jambes  se mettent à bouger toutes seules vers elle, je finis par m'assoier à ses côtés.

« Très bien. »

Je ne suis pas aveugle, je sais qu'elle ne cesse de me jeter des regards de temps à autres. Mais ça ne me gène pas, parce que moi aussi je veux la regarder. D'ailleurs c'est ce que je fais. Au début, dès qu'elle croise mes yeux elle détourne le regard, je crois qu'elle est mal à l'aise. Et c'est alors que je me décide à ne pas faire durer ce qui semble être un supplice pour elle, qu'elle me surprend tout d'un coup et me fixe à son tour.  C'est comme un défi à qui baissera les yeux le premier.

LiensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant