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KAREN

Les rayons du soleil frappant sur mon visage me réveillent. Et immédiatement j'ai un mal de crâne terrible. Je n'ai même pas le temps de réfléchir à où je me trouve que j'ai déjà la réponse : chez Alexia. Je tourne la tête de côté pour la regarder mais une douleur aigue au point de me faire grogner me prend toute l'oreille, se rajoutant à la douleur de mon crâne.

C'est quoi ce bordel putain ?

Je tatonne doucement mon oreille et je sens sous mes doigts quelque chose de légèrement froid et métallique. Et là, toutes les images de la veille me reviennent. Je me suis fait percer l'oreille. Et je suis trop contente. Le fait que ce se soit passé alors que j'étais souale, et donc que je n'ai pas été trop consciente de la douleur sur le coup m'emplit encore plus de joie. Je m'empresse dans la salle de bain pour regarder le chef d'oeuvre, mais j'ai courru, et je n'aurais pas dû. Pour preuve, au lieu de me diriger vers le miroir, je me dirige instantanément aux toilettes et je vomis tout ce que mon corps est capable de rejeter. Putain, je n'aurais pas dû boire autant. Et à ça s'ajoute une sensation de lourdeur et de fatigue extrème lorsque je me relève pour tirer la chasse, je n'aurais pas dû fumer autant non plus.

Je regarde tout de même mon oreille à travers le miroir, il est magnifique. C'est une barre toute simple et argenté et j'en conclus que c'est moi qui l'ai choisi. C'est en même temps que je remarque que je suis uniquement vêtue d'une chemise qui n'est pas la mienne. Je m'en fou, elle me plaît, mais si je me souviens de son propriétaire je la lui rendrais.

Quand je retourne dans la chambre, je vois sur la table de chevet un produit. Je prends la bouteille, et après avoir lu j'en conclus que c'est le produit nettoyant pour mon piercing. Je retourne lentement dans la salle de bain, prends un coton sur lequel je mets le liquide, et en applique sur mon oreille. Je dois en mettre matin et soir tous les jours pendant un mois pour éviter toutes infections.

Je retourne dans la chambre. Tout ces allers-retours me donnent encore plus mal à la tête, si bien que je me rendors.

Un peu plus tard, la voix d'Alexia me reveille. Elle croit chuchoter mais j'entends tout ce qu'elle dit. Elle est au téléphone, et c'est seulement lorsque je l'entends prononcer le nom du correspondant que je sais qu'il s'agit de Bruno.

- Bruno arrête, tu sais bien que je ne peux pas.

J'aurais aimé écouter le reste de la conversation, et j'aurais pu si en me redressant ma douleur à la tête n'avait pas été intense au point de me faire pousser un cri malgré moi. Elle se retourne, et je me maudis.

- Je dois te laisser.

Elle se dépêche de raccrocher.

- C'était qui ?

- Personne.

Je me force à ne rien dire malgré le fait qu'elle me mente, j'ai personnellement pris la résolution de ne pas la juger, après tout elle fait ce qu'elle veut et c'est mieux pour notre amitié.

- Soit dit en passant, ton piercing est magnifique.

- Merci.

Je lui souris, mais ce sourire s'évanouit presque immédiatement quand je pense à la réaction qu'aura ma mère. Mon père ne dira rien, pour lui je peux faire tout ce que je veux du moment que je ramène de bonnes notes, mais elle...

*

- C'est quoi cette connerie ?

Malheureusement pour moi, mon père n'est pas là pour me défendre, et Matt est du même côté que ma mère.

- Est-ce que tu te fous de moi ?

Je ne réponds pas, et je pense que c'est ce qui l'énèrve encore plus. En fait, j'ai envie qu'elle en finisse vite pour que je puisse monter dans ma chambre. Je comprends qu'elle puisse être enervé, j'ai dit que j'allais dormir chez Alexia et voilà que je rentre avec un piercing à l'oreille. Mais elle peut me gronder autant qu'elle veut cela n'y changera rien, même si je suis totalement en tord, je le reconnais.

Elle fait les cent pas en se demandant comment elle peut avoir une fille comme moi. Si c'est le cas, et je pense d'ailleurs que c'est le cas, je trouve ça franchement égoïste. Je remplis parfaitement le seul devoir qu'un parent peut espérer de son enfant, le travail. C'est d'ailleurs pour ça que j'aime autant mon père, j'ai d'excellentes notes et le reste il s'en fout. S'il n'avait pas aussi été question de lui, je plomberais intentionnellement mes notes juste pour encore plus la faire chier.

Et putain j'adore ce piercing.

- Tu es privé de sortie, c'est clair ?

Oui, c'est très clair, dans le sens où elle ne sera pas quand je sortirai ou pas de toute façon. J'ai presque envie de rire. Mais je me retiens juste parce que premièrement Matt est là et je l'ai déjà assez déçue comme ça, et deuxièmement parce que je n'aime pas être insolente, c'est d'ailleurs pour ça que je me tais. Être insolente me ferait passer pour une de ces personnes prétentieuses, et ce n'est pas l'image que je veux donner de moi.

- Monte dans ta chambre !

Enfin ! Je pensais qu'elle ne le dirait jamais. Je me précipite, pour ne pas dire je cours. Je prends mon téléphone, avec l'intention d'envoyer un message à Dinn. Mais je n'ai même pas le temps de le dévérouiller, que ma mère entre dans ma chambre.

- Ton téléphone.

Merde, j'aurais dû m'y attendre. Je le lui tends, elle le prends, ainsi que mon ordinateur posé sur le bureau.

- J'en ai besoin pour travailler...

Elle claque la porte de ma chambre en sortant pour couvrir mes paroles et j'ai presque envie de la poursuivre dans le couloir pour lui dire que ce n'est pas elle qui paiera les réparations de ma porte si elle se casse. Puis je me souviens que si en effet, c'est elle qui paiera.

Trente minutes plus tard mon père me rejoint, mon ordinateur dans la main.

- Tiens, je sais que t'en as besoin.

Je savais qu'il le récupèrerait. Putain j'adore cet homme.

- Alors montre moi.

Je sais sans aucun doute de quoi il parle et je tourne ma tête de côté pour lui montrer mon oreille droite.

- Comment tu trouves ?

Il souffle.

- Karen, tu sais très bien que ce n'est pas la question. Tu t'es fait un piercing sans autorisation et ta mère est très en colère.

Le ton qu'il prend ne m'est pas du tout familier. Il a les sourcils fronçés et il me regarde longuement. Il a presque l'air... en colère. Mais je me force à croire que le fait qu'il ne réponde pas à ma question veut peut-être dire qu'en fait il aime.

Je ne sais même pas quoi répondre.

- Tu as la chance que je lui ai dit que c'était à moi que t'avais demandé l'autorisation, maintenant c'est contre moi qu'elle est en colère.

Mon père me sourit et une vague de soulagement me prend. Vraiment j'adore cet homme. Je rigole et son rire se joint au mien.

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