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KAREN

Je suis allongée dans mon lit, repensant aux derniers mots que Dinn m'a dit avant que je ne parte de chez lui : « C'est ma mère. Ma mère est morte ». Il n'a plus rien dit après, juste qu'il avait envie de rester seul. Il paraissait tellement désemparé que ça m'a brisé le cœur, parce qu'il n'est pas le seul à souffrir : je souffre avec lui. Je n'ai jamais fait de remarque sur Carole devant Dinn, mais ça ne veut pas dire que je n'en pensais rien. Les erreurs qu'à faite cette femme sont réellement infâmes, et je comprends sans aucun doute la colère qu'il a éprouvé à son égard pendant si longtemps. Mais le fait est que je comprends aussi pourquoi il est si triste : parce qu'elle reste avant tout sa mère et que Dinn est tellement bon qu'il ne peut pas s'empêcher de se sentir coupable même si elle a mérité toutes les insultes qu'il lui a attribué.

Je suis profondément choquée moi aussi. Carole est morte et il n'y a rien de plus déstabilisant que de voir quelqu'un pour apprendre l'instant d'après qu'il n'est plus là. C'est quoi le sens de tout cela ? Pourquoi tant d'obstacles se dressent sans arrêt ?

J'aurais voulu rester encore avec Dinn, rester autant de temps qu'il aurait fallu pour qu'il aille mieux. Et j'ai eu un pincement au cœur quand j'ai compris que pour qu'il aille mieux, il n'avait pas besoin de ma présence.

Mon téléphone sonne et lorsque que j'aperçois le nom de Dinn, mon cœur se réchauffe étant donné qu'il ne m'avait pas donné de nouvelles depuis.

- Allô Dinn ?

- Allô.

Sa voix est rauque, terne, dépourvu d'émotions. Tout de suite, je comprends qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

- Ça va ?

Je l'entends soupirer.

- Je suis désolé Karen.

- Désolé de quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?

- Je suis vraiment désolé.

Il m'inquiète, il m'inquiète vraiment. J'ai un mauvais pressentiment, je pense maintenant que tout cela va se répercuter sur moi.

- Dinn arrêtes ! je supplie. Dis-moi.

Il se stoppe un instant, et j'ai le temps de comprendre que ce qu'il a l'intention de dire sera grave – puisqu'il s'est excusé auprès de moi deux fois – et de m'y préparer mentalement. Finalement, au bout de ce qui m'a paru être une éternité il lance :

- On ne peut pas continuer.

Je comprends trop bien, trop vite cette phrase, comme si inconsciemment, depuis que Dinn m'a dit qu'il avait besoin de rester seul, je savais que ça se finirait pour nous, parce qu'il a besoin de rester seul à long terme.

- Non.

Peut-on vraiment dire que notre relation amoureuse se termine alors qu'elle n'a même pas vraiment commencé ?

- Je suis désolé Karen, mais on ne peut plus. Je ne veux pas te faire souffrir, je ne veux pas te détruire comme moi je le suis. Je ne veux pas t'entrainer dans cette spirale.

Je souffle à l'entente de ces mots : « Je suis désolé », comme s'il pense qu'ils peuvent tout arranger. Hormis cela, je sais qu'il a raison, et ça me brise le cœur, je le comprends trop bien, mais je n'en ai rien à faire.

- Dinn c'est beaucoup trop tôt, beaucoup trop rapide. Je veux encore de toi, j'ai besoin de toi. Je t'aime.

- Moi aussi je t'aime Karen, plus que tu l'imagines. Mais je n'ai pas besoin de toi.

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