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DINN

Cela fait déjà cinq bonnes minutes que je suis en train d'attendre devant sa porte, j'ai peur qu'il ne soit pas là. Mais il faut qu'il soit là parce que ça m'a demandé un certain courage d'oser venir ici.

Ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas venu à Hastings et je sens de nouveau l'odeur familière de la mer. Honnêtement, cette ville ne m'avait pas tant manqué, je préfère sans aucun doute le bruit et l'attractivité de Londres.

Lorsque je suis sur le point de partir, j'entends la porte s'ouvrir. Je me retourne, Elma me regarde, les yeux écarquillés par la surprise.

- Dinn ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Elle ne me laisse pas le temps de répondre avant de reprendre :

- Oh mon Dieu j'ai appris la nouvelle. Ça va tu t'en sors ?

- Honnêtement ? Non.

Non je ne m'en sors pas, mais je ne pense pas que je devrais : c'est encore trop tôt. Elle me sourit, d'un sourire remplit de compassion et de pitié et je sais que je vais devoir m'y habituer.

- Toutes mes condoléances.

- Merci. Steve est là ?

- Oui bien sûr, il est dans sa chambre.

Elma est une femme bien, mais je me demande quand même comment elle arrive à ne pas se réjouir de la mort de la femme qui a rendu son fils handicapé. Ou peut-être qu'elle s'est réjouit, mais pas devant moi. Mais dans tous les cas, je le comprendrais.

Elle me laisse entrer et sans plus attendre je me dirige vers l'étage. En montant les escaliers, j'observe la rampe de Steve que j'avais moi-même installé avec son père, et je détourne les yeux à cause des souvenirs que cela engendre. Je toque à la porte de mon ami lorsque je suis devant sa cahmbre et l'ouvre quand j'entends un « Entrez ! ». Steve se retourne et quand il me voit, il se stoppe. Je souris face à sa surprise.

- Salut, je dis.

- Salut mec.

Je m'installe dans son lit, comme au bon vieux temps.

- Comment tu vas ? il demande.

Je sais que cette question ne concerne pas ma santé, mais la mort de ma mère.

- Je ne sais pas, et toi ?

Il me montre ses biceps.

- Moi je suis en pleine forme comme tu peux le voir.

Je ris et son rire se joint au mien.

- Non plus sérieusement, il dit, tu tiens le coup ?

J'ai du mal à parler de ça devant lui sachant qu'il s'agit de la femme qui lui a fait perdre l'usage de ses jambes, mais c'est mon ami, alors je lui parle franchement.

- Non, mais je voudrais tellement tenir le coup, j'aimerais vraiment que ça aille bien.

Steve passe sa main dans ses boucles rousses.

- Tu sais que c'est impossible Dinn, elle reste ta mère.

Je lève les yeux au ciel, comme si je n'avais pas déjà entendu cette phrase encore et encore.

- Je sais.

- T'es venu pour l'enterrement ?

- Oui.

Il n'ajoute rien et je n'ajoute rien et regarde le plafond. Nous restons dans un silence inconfortable. Finalement, c'est lui qui y met fin.

- T'as besoin de soutien ? Tu veux que je vienne ?

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