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KAREN

- Je t'écoute.

Je suis a peu près sûre de ce qu'elle va me dire et je me sens soulagée parce que j'ai l'impression que ça fait une éternité que j'attends ce moment.

- Alors voilà, tu te souviens quand je t'avais dit avoir couché avec Bruno ?

- Oui ?

- Et que tu m'avais conseillé de prendre nos distances ?

- Oui ?

- Et que j'avais refusé parce qu'il compte trop pour moi en tant qu'ami ?

Putain.

Je commence vraiment à m'impatienter et j'ai envie de lui crier dessus pour qu'elle crache le morceau parce que j'ai l'impression qu'elle fait exprès de faire durer le supplice - parce que si c'est un supplice pour elle cela en est aussi un pour moi - mais je me retiens parce qu'elle risque de se braquer pour ne finalement rien dire.

- Oui ?

- Et bien... en fait il ne compte pas pour moi seulement en tant qu'ami.

Son ton est hésitant et elle attend ma réaction. Et je me demande si je devrais lui dire que je suis au courant depuis le début ou bien si je devrais jouer la carte de la surprise.

- Attends...donc vous avez continué à coucher ensemble ?

J'opte pour la deuxième option. Je sais que je lui repproche de m'avoir menti, mais ce n'est pas ce que je fais, je lui cache juste la vérité.

- En quelque sorte...oui.

- Explique.

Elle souffle, mais se lance.

- Et bien en fait une fois que l'on a fait l'amour, on a pas pu se séparer. Et je pense vraiment que je l'aime, hormis l'attirance physique.

- Et Yves ?

Seule question qui me passe par la tête.

- J'aime Yves...enfin je crois que je l'aime. Mais dans tous les cas cette amour est inégale à celle que je porte à Bruno.

- C'est à dire ?

- Bruno est mon meilleur ami, et aussi mon âme soeur.

Je simule un spasme vomitif à l'autre bout du fil. Elle s'est cru pour l'une des personnages des romans que je lis ou quoi ? Parce que je sais très bien que ces stupidités n'arrivent que dans les livres (quand il n'est pas question que de sexe), et ce n'est pas réel. Qu'est-ce qu'ont les gens avec l'amour nom de Dieu ? Je crois en l'amour oui, mais je ne crois pas en l'amour à long terme, et évidemment j'évite de le lui dire.

- Quand est-ce que tu comptes rompre avec Yves ?

Oui, parce que hormis cette histoire d'âme soeur, mes pensées à moi vont sur ce pauvre Yves qui ne comprendra sûrement rien à ce qui est prêt de lui arriver.

- Je ne sais pas...

Je souffle, non mais souvent je me demande s'il lui arrive de réfléchir aux conséquences de ses actes, parce que même si elle est très intelligente, quand ça concerne les garçons elle peut perdre les trois quart de sa capacité intellectuelle, et c'est sa plus grande faiblesse.

- Alexia...

- Karen s'il te plaît épargne moi la leçon de morale parce que je sais. Je sais que c'est mal et ça me rends malade. Je suis rongée par la culpabilité.

Le silence règne pendant encore longtemps jusqu'à ce qu'elle reprenne.

- À ton avis qu'est-ce que je dois faire ?

Enfin une question à laquelle je peux répondre.

- Juste...dis lui la vérité.

- Je ne peux pas, il me haïra.

Évidemment puisque tu l'as trompé... avec son meilleur ami.

- Il le faut pourtant, et tu vois bien ce qui se passe quand tu ne suis pas mes conseils.

Autrement dit tu te retrouves dans ce genre de situation.

Elle souffle.

- Ok, je lui dirai.

- Maintenant.

- Hum...je ne crois pas non.

Et elle raccroche avant même que je puisse ajouter quoique ce soit.

*

J'ai attendu qu'il soit tard avant d'appeller Dinn, et comme c'est le cas maintenant, je compose son numéro. Il est peut-être en train de dormir, mais je dois lui dire. Et je sais que c'est la deuxième fois que je l'appelle de la journée et il va sûrement m'engueuler, mais je ne peux pas attendre plus longtemps.

- Karen ?

Sa voix rauque trahi le fait qu'il était endormi et putain j'adore cette voix là.

- Dinn ?

Silence.

- Je te signale que c'est toi qui m'a appelé, encore, il dit puisque je ne parle pas.

Il baille et je sens la fatigue sans sa voix, alors je me lance.

- Elle m'a dit.

- Et il m'a dit.

Je soupire.

- Comment cette histoire va t-elle finir ?