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KAREN

Ça fait déjà deux semaines qu'Ethan est censé rentrer chez lui, et autant ne pas préciser que Dinn est carrément hors de lui. Il est en colère contre tout le monde : contre sa mère car elle ne daigne même pas venir chercher son fils, contre son frère, contre son père, contre moi... Je lui pardonne parce que je sais que je n'ai rien avoir avec ça et si le fait de déverser sa colère peut le soulager, alors pourquoi pas ? Je le fais moi-même très souvent.

Deux semaines de cours manqués c'est énorme et ça m'étonne que la mère de Dinn n'en ait pas conscience. Et même si Ethan affirme que de toute façon il pourra se rattraper plus vite qu'il ne le faut, ça n'atténue pas la colère de son frère. Le fait que Dinn soit encore même plus énervé que son père m'échappe et m'incite à encore plus me questionner sur la nature du conflit avec sa mère. Et ça me rend littéralement mal de ne pas savoir, mais je ne dis rien. Chaque chose en son temps.

Dinn a appelé son père et celui-ci revient le soir même. Il m'a demandé de rester avec lui et Ethan en attendant mais c'est déjà ce que je comptais faire. C'est devenu une habitude de rester à ses côtés quand il ne va pas bien, parce qu'il fait la même chose pour moi. Et je lui en suis reconnaissante.

C'est une affaire de famille et je n'ai rien à avoir là-dedans, et même si Dinn m'affirme que non, je me sens exclue. Pourtant, le fait qu'il ne cesse de me faire part de ces ressentiments comme si en effet j'étais concernée, me fait plaisir. En à peine trois mois il est devenu l'une des personnes en qui j'ai le plus confiance et je suis contente que ce soit réciproque.

Nous nous sommes installés dans sa chambre. Ethan est en bas devant la télé, et mon meilleur ami est à côté de moi sur son lit. Il me fait part de ses fameux ressentiments et il exagère tellement sur ces arguments que c'en est presque drôle.

- Plus irresponsable qu'elle tu meurs ! (...) Elle serait la seule femme au monde à qui on confirait son enfant. (...) Non mais vous les femmes vous n'avez pas une sorte d'instinct maternelle ou un truc du genre ? Vous ne pouvez pas vous permettre de foirer à ce point !

- D'accord pause. Déjà les femmes n'on pas été créé uniquement pour pondre des gosses OK ? Parce que les hommes foirent aussi.

- Mais ce n'est pas aussi grave quand ce sont les hommes qui foirent.

OK, je ne sais pas si c'est la colère qui prend le dessus et qui le rend aussi macho, ou bien si c'est autre chose, mais je n'aime pas ça.

- Toutes les femmes ne sont pas comme ta mère Dinn.

Je regrette mes mots à la seconde même où je les ai prononcé. Sa mâchoire se contracte et il serre son poing tellement fort que ses phalanges blanchissent, et la lueur que je vois dans ses yeux ne me plaît pas. Je commence alors à haïr cette femme juste pour ce qu'elle fait subir à mon meilleur ami seulement lorsqu'elle apparaît dans ses pensées, puis je finis par me haïr aussi d'avoir en partie déclenché cette réaction.

- Je suis désolée, je dis aussitôt.

Il me regarde, puis me sourit.

- C'est bon, ça va. Tu as raison en plus.

Sa tentative ne marche pas, et son sourire me fait encore plus culpabiliser. Et je pense que ça se voit puisqu'il ajoute :