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DINN

Nous sommes lundi et ce que j'aimerais vraiment c'est rallonger mon weekend. Je n'ai pas envie d'aller à l'école aujourd'hui donc je n'y vais pas. Je ne devrais sans doute pas profiter de l'absence chronique de mon père pour faire des choses comme « sécher les cours » , mais autant en profiter.

De plus, je ne me sens pas très bien, je veux dire j'ai vécu des jours meilleurs. Mon petit frère me manque, ainsi que les personnes qui comptaient pour moi dans mon ancienne ville et j'aimerais juste être moins seul. Mais disons que je me suis habitué à cette solitude. Cela fait quand même pas mal de temps maintenant que j'ai découvert la vérité. Et dès lors, je me suis senti seul, même si j'avais encore mes amis. Mais c'était comme si eux aussi pouvaient me trahir.

« Ça t'as changé » m'avait dit Steve mon meilleur ami et l'un des seuls au courant de toute l'histoire. Oui je sais, cette histoire m'a changé, plus que je ne le pensais. Je ne sais pas, étant donné le garçon que j'étais avant, et en considérant la relation que j'avais avec elle, on peut comprendre que ça m'est vraiment chamboulé. Elle m'a prise mon frère et elle m'a prise ma vie juste pour une histoire de cul.

Cependant, à l'heure d'aujourd'hui je me sens moins seul qu'il y a quelques semaines. Karen... Je ne sais vraiment pas ce qu'elle a bien pû me faire, en y réfléchissant bien, dès le premier jour, quand j'ai croisé son regard, quelque chose a changé. Même avant de lui adresser la parole, elle m'intéréssait. Et là mon intérêt pour elle s'est amplifié.

Je ne tiens pas à passer le reste de la journée allonger dans mon lit à ne rien faire. Je me décide à sortir et je me change directement d'un short et d'un t-shirt. Je ne prends même pas le temps de manger, et me voilà déjà dans la cour en train de faire des paniers. J'aime le basket, c'est une des seules choses qui n'a pas changé chez moi, puisque je dois l'amour de ce sport à mon père. Faire des paniers m'aide à réfléchir et j'aime aussi l'effort physique que ça me demande.

C'est aussi à cause d'elle que je ne joue plus du piano. C'est elle qui m'a incité à commencer et j'aimerais éviter tout ce qui se rapporte à elle. Je me souviens encore de quand j'étais plus jeune et lorsque, après un de mes récitals, elle me disait à quel point elle était fière de moi. J'étais doué, vraiment doué, et j'aimais réellement ça. Maintenant le seul fait de poser mes mains sur un piano me fait penser à elle et ça me dégoute.

Je ne sais pas quelle heure il est maintenant, tout ce que je sais c'est que j'ai faim et soif. Je vais faire un tour dans la cuisine et je bois un grand verre d'eau. Mon Dieu que ça fait du bien. Je vais ensuite à la douche. L'eau chaude détend petit à petit mes muscles, et je me rends compte que j'y ai passé près de trentes minutes. Je redescends dans la cuisine pour me faire à manger.

Je le fais tout le temps. Mon père avait voulu engager un cuisinier pour me permettre, selon lui, de gagner plus de temps mais j'avais refusé, la cuisine étant encore une fois une activité que j'ai apprise de lui, et donc que j'aime encore.

Je mange avec appétit et garde une assiette pour mon père, je ne sais pas si il va rentrer ce soir, d'ailleurs j'ai arrêté de mémoriser les fois où il rentre ou pas, je me contente juste de garder une assiette pour lui, je sais s'il est rentré seulement le lendemain si l'assiette est vide. De toute façon ça ne change pas grand chose puisqu'il part aussi vite qu'il est arrivé. Mais encore une fois, ça ne me dérange pas. Et mon père pense toujours à moi. Il voyage beaucoup certes, mais c'est pour moi. C'est ce qu'il ne cesse de m'expliquer les rares fois où l'on se croisent, alors que moi je ne cesse de lui dire d'arrêter de se sentir coupable.

*

Alors que je suis allongé dans mon lit, les bras derrière la tête, fixant le plafond, mon téléphone sonne. Je regarde l'heure en même temps que le nom de l'appellant : 17h30, Bruno.

- Bon je dois te parler.

Il ne prend même pas la peine de m'accueillir avec un "Allô" et ça me fait rire intérieurement.

- De quoi ?

- De Karen.

Je ne me doute absolument pas de ce qu'il a l'intention de me dire, donc vous vous imaginez ma surprise lorqu'il se lance dans un grand monologue où il argumente le fait que je pourrais être en couple avec elle, mais que dans ce cas là, il faudrait que je fasse attention à elle parce qu'elle a un grand frère.

Mais le fait est que je ne veux pas sortir avec Karen, je suis très bien célibataire. Ce n'est pas qu'elle ne me plaît pas, au contraire, avec sa peau caramel, ses cheveux superbement bouclé et ses yeux noisette, comment pourrait elle ne pas me plaire ?

Et après tout, ça fait déjà plusieurs semaines que l'on se connaît et elle prend une énorme place dans mon coeur. Mais je n'ai jamais eu l'habitude d'avoir une relation stable.

Je veux dire j'ai jamais été un gentleman type je dois l'avouer. Uniquement avec une fille, Tessa. Le total opposé de Karen d'ailleurs avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus. J'ai eu de réels sentiments pour elle, et on s'est séparé juste avant mon départ.

De plus, les sentiments que j'éprouve actuellement pour Karen sont loin d'être comparable à ceux que je ressentais pour Tessa, car en même temps ça fait seulement près de deux semaines que je la connais.

Mais par ailleurs, Tessa où n'importe quelle fille n'a jamais réussit à être importante au bout de si peu de temps que l'est Karen pour l'instant, je pourrais la considérer comme ma meilleure amie.

Lorsque je fais part de mon propre argument à Bruno, il souffle. Je déteste lorsque l'on me fait ça. Tout le monde ne peut pas être d'accord avec ses propos. De toute façon il ne peut pas comprendre, je veux dire ce n'est pas parce que lui est en couple que tout le monde doit l'être.

Et c'est ce que je lui dis, avant qu'il éclate de rire en annonçant qu'Alexia n'est autre que sa meilleure amie. J'apprends aussi qu'elle sort avec un dénommé Yves, le meilleur ami de Bruno. De plus, c'est grace à lui qu'ils se seraient rencontrés.

Ayant un point de vue extérieur, j'argumenterais plutôt qu'Alexia est prise entre deux feux, Yves et Bruno. Même si elle prétend le contraire en étant seulement amoureuse de Yves, il y a des signes qui ne trompent pas.

J'essaie de dériver sur une autre conversation.

- Alors, ton weekend ?

C'est débile je sais et alors ?

- Sans plus et toi ?

Son ton est exagérément détendu.

- Raconte moi.

Il me raconte qu'il a passé tout son weekend avec Alexia étant donné que ses parents n'étaient pas là.

- Qu'est ce que vous avez fait ?

- Rien de spécial.

Là encore son ton sonne faux et cette fois il est hésitant, et je sais reconnaître lorsque l'on me ment ou pas.

« Meilleurs amis » mon cul ouais.

Mais je n'insiste pas, s'il a quelque chose à me dire, il me le dira.

Quand il raccroche, la première chose à laquelle je pense c'est que Karen ne m'a pas appelé, elle.

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