Chapitre 4

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Song : Comment vivre sans toi (Caroline Costa)


PDV de Charles : (28 février 2024)


J'ai finalement été traîné de force par mes proches pour le Grand Prix. Ils ont insisté pour que j'y aille en disant que Malia allait sûrement être en colère si je loupé celui-ci pour elle et ils ont totalement raison. Cependant, je n'arrive pas à être concentré. Je pense constamment à elle. Je sens que quelqu'un me donne une tape sur l'épaule, c'est Pierre. Je relève la tête et me rappelle que je suis face aux journalistes. Putain de journée de presse. D'habitude, celle-ci ne me dérange pas, mais là, j'ai d'autre chose à penser.

Le journaliste me repose sa question, sur la voiture de cette année et je lui réponds de robotiquement. Il n'y a rien dans ce que ressent à l'heure actuelle. Je sens des regards sur moi, autre que ceux des journalistes. Pierre et Max me fixent en étant inquiets pour moi. Ce sont les deux seules au courant. Je l'ai aussi dit à Frédérique qui a donné une excuse à l'équipe pour expliquer l'absence de ma petite amie.

Le problème, c'est que pour conduire une monoplace, il faut faire le vide, être hyper concentré, car sinon, je pourrais être un danger pour moi et pour les autres. Je ne prends la voiture que demain, j'ai donc une journée pour me reprendre. Je n'ai toujours pas de nouvelle d'elle et ça me rend fou.

Quand je sors de cette conférence de presse, je suis arrêté par mon meilleur ami. J'ai des cernes de trois kilomètres et je suis sûr que plein de gens les ont vu et doivent se demander ce qu'il m'arrive. Il y a déjà plein de spéculations, mais je ne veux rien savoir.


Pierre G. : Tu devrais te reposer Charles, la presse ça peut attendre, on dira que tu es malade.

Charles L. : Je n'arriverai pas à dormir, pas avant d'avoir eu des nouvelles d'elle.

Pierre G. : Tu sais, si tu ne dors pas ça va être compliqué demain. Ça va s'enchaîner jusqu'à dimanche.

Charles L. : Je sais, mais ça va aller. Quand je suis dans la monoplace, j'arrive à faire le vide.

Pierre G. : Je sais, mais généralement, tu as quand même quelques heures de sommeil.


Je lui répète que tout ira bien. Je ne sais pas qui j'essaye de convaincre en disant cela, est-ce lui ou plutôt moi ? Il doit se dire la même chose, je le vois dans ses yeux. Finalement, on se sépare pour que je puisse aller dans le stand Ferrari. J'y retrouve des ingénieurs et je travaille avec eux toute la journée. Il se fait tard, ils me disent pour la cinquième fois en 10 minutes que je dois rentrer à l'hôtel me coucher.

Finalement, je craque et les écoutes. Mais quand j'y suis, mes angoisses reprennent de plus en plus. La chambre est vide, il n'y a que moi. Elle n'est pas là, elle n'est pas avec moi, je ne sais pas où elle est ni si elle va bien. Je m'assois sur le lit comme un zombie. Je reste là sans bouger pendant de longues minutes, mais c'est beaucoup trop dur.

Je me lève, enfile un pantalon de sport et un tee-shirt Ferrari puis met un sweat à capuche. Je sors de l'hôtel en étant complétement anonyme. Puis, je me mets à courir. Je ne m'arrête pas, je sens que mes jambes deviennent lourdes, mes muscles me brûlent. Je m'arrête seulement lorsque je suis au bout. Mes poumons me brûlent et mon cœur bat beaucoup trop vite.

Je lève les yeux pour voir où je suis. C'est comme si j'ouvrais mes yeux pour la première fois depuis que je suis sortie. Je ne sais pas où je suis, mais je m'en fiche, car tout ce qui compte, c'est que je suis seul. L'endroit est calme, mais bizarrement, cela ne m'apaise pas du tout. Ce silence me pèse de plus en plus.

Puis je craque, totalement. J'envoie valser un carton qui se trouvait par terre. Je m'effondre au sol, les larmes pleuvent cette fois-ci sur mes joues. Je me libère enfin, je ne l'avais pas fait depuis sa disparition. Presque trois jours en n'étant que le fantôme de moi-même.

Après de longues minutes, tout en restant assis sur le trottoir, je me calme. Je prends mon téléphone, la photo de mon fond d'écran me provoque d'autres larmes. On peut y voir une photo de moi et de Malia. Son sourire, son regard, notre bonheur. Je ne sais pas quoi faire. Machinalement, j'appelle Pierre. C'est mon meilleur ami, le seul qui pourra me comprendre. Il répond à la deuxième sonnerie, comme s'il attendait cet appel alors que nous sommes en plein milieu de la nuit.


Appel Pierre : 

Pierre G. : Charles ? Tout va bien ?

Charles L. : Je sais qu'il est tard, mais je ne sais pas où je suis... J'ai besoin que tu vienne me chercher.

Pierre G. : Attend, tu es où là (dit-il alors que j'entends qu'il se bouge).

Charles L. : Je vois des habitations, un magasin qui s'appelle *** et une rue aussi. Attends, c'est le 427 ***.

Pierre G. : Ok, tu ne bouges pas, j'arrive.


Je n'ai pas attendu longtemps avant qu'il n'arrive. J'ai tellement de chance de l'avoir dans ma vie. C'est le genre d'ami qu'on peut appeler en plein milieu de la nuit, la veille d'un week-end de Formule 1, tout ça pour chercher son pote qui est perdu en pleine rue.

Quand Pierre arrive, c'est un décher qu'il a devant lui. Je sais que je dois me reprendre, il faut que je me reprenne. Je ne dois pas perdre la seule chose qui me fait tenir dans cette lourde épreuve, je ne dois pas perdre Ferrari.

En rentrant à l'hôtel, je sais que je ne peux pas retourner dans ma chambre, ça serait la pire des choses. Pierre me propose de dormir avec lui dans la sienne ce que j'accepte, j'ai besoin de sommeil. J'ai de la chance que Kika ne soit pas là ce week-end.

Finalement, après mettre retourné un nombre de fois incalculable, j'ai enfin réussi à m'endormir. La nuit n'a pas vraiment été bonne, mais elle m'a un minimum reposé. Aujourd'hui, ce n'est que les séances d'essais. Elles sont bien moins importantes que celles qui auront lieu sur les autres circuits vu qu'on a passé trois jours ici la semaine dernière. J'ai donc vu avec Frédéric qui m'a exempté de celles-ci.

Je retourne dans ma chambre et rappelle ma mère. Elle me dit que tout va bien, qu'elle a dormi chez moi cette nuit. Elle me demande si ça me dérange, je lui réponds évidemment que non et que c'est même mieux. Il n'y a toujours aucune nouvelle de Malia et elle n'a pas de nouvelle de la police aussi.

Nous sommes dans une impasse la plus totale. Elle me dit de me concentrer sur la Formule 1 et qu'elle gère les choses avec le père de ma petite amie. Elle me dit aussi d'aller m'acheter des cachets pour dormir, car il est hors de question qu'elle perde son fils parce qu'il aura voulu conduire sans dormir. Je lui dis que j'irai.

Je raccroche et essaye de me creuser l'esprit, mais celui-ci n'est clairement pas en état de me donner une information logique. Je fais donc ce que ma mère me dit. Je vais acheter des médicaments, et dès que je retourne dans ma chambre, je les prends et m'endors après quelques minutes.

Ma vie dans la Scuderia (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant