Chapitre 2.

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— "Ton nom ?"

Tandis que les étudiants se pressent comme un troupeau bruyant vers la sortie, je m'approche avec une affreuse réticence jusqu'à la sortie en esquivant l'estrade où se tient encore le professeur de ce cours. Pour être bien franche, une heure de cours ne m'a jamais paru aussi longue et angoissante de toute ma vie. C'est une vraie chance qu'il n'y a que soixante minutes, autrement je n'aurai pas pu passer le restant du cours à soigneusement esquiver son regard et à rester muette comme une carpe.

Bien que mon excitation à l'idée d'étudier cette option était très grande il y une heure, à présent je ne souhaite plus que m'enfuir. Je marche sans plus tarder vers les grandes portes avec les autres.

— "C'est à toi que je parle, miss."

Je relève instantanément le menton. La boule qui s'était formée en début d'heure se reforme comme par magie et me crispe le visage dans un rictus ressemblant à un sourire forcé et... La constipation ? Je me résigne à tourner les talons pour faire face à la voix lointaine du professeur se tenant encore derrière son bureau, le visage penché vers des feuilles. Il les rassemble aussitôt d'un geste vif pour les faire subitement glisser dans sa pochette en cuir noir. Lorsque je daigne poser les yeux sur son visage, j'en viens à rougir bêtement. Il ne doit avoir aux alentour de vingt cinq ans, peut-être mois. Sa silhouette est comparable à n'importe quel autre étudiant ici. À peine plus âgé.

Sans trop savoir quoi faire, je m'approche d'un pas réticent. Prête à subir pour la première de ma vie, un avertissement parfaitement injuste.

— "Je suis désolée d'avoir dérangé le début de votre cours, je vous promets que ça n'arrivera plus jamais," balançais-je avec aigreur sans vaciller, espérant sincèrement en finir avec ce type pour de bon.

Il termine de ranger son bureau alors que la salle devient très rapidement dépeuplée de toutes les autres personnes. Je n'arrive pas à croire que ce prof soit aussi rigide au point de vouloir m'entendre m'excuser une seconde fois. Le temps défile, et je n'aimerai pas par-dessus tout, faire attendre Gwen qui doit être en train de m'attendre sur le parking de la fac par sa faute.

— "Je sais," lâche-t-il aussitôt. "Je voulais simplement te dire, pour la prochaine fois, que dans mon cours, l'usage des portables est pénalisante."

Sans rire ?

—"Oui, j'avais remarqué." dis-je spontanément 

Une sensation de malaise court dans mon dos en réalisant que j'ai parlé un peu vite et trop honnêtement.

— "Attention," finit-il par dire en levant lentement la tête vers moi d'un air menaçant, comme s'il était sur le point de déglutir à nouveau une terrible sanction. "Tu peux y aller... C'est tout."

Mais ses derniers mots me font lâcher un soupir de soulagement. La froideur qui s'émane de cet homme me donne l'impression de parler à un rempart d'agressivité et de rigidité. Je jette un dernier coups d'oeil à sa silhouette avant de déguerpir le plus rapidement possible, si ses cheveux mi-longs noirs en pagaille lui tombants dans les yeux ne le rendent pas assez intimidant, sans doute que son apparence habillée exclusivement en noir et gris terne doit y être pour quelque chose. Un vrai malade de l'autorité celui-là.

Tout en essayant de me défaire de cette abominable sensation d'irritation au fond de mon ventre, j'en profite pour accélérer le rythme. Je traverse les couloirs surpeuplés d'étudiants, avec une curieuse impression de m'être fait giflée intérieurement par un crétin de prof de vingt-cinq ans. Heureusement que c'en est fini pour aujourd'hui.

— "Salut, désolé de débarquer comme ça sans prévenir, mais tu saurais où je peux trouver la salle d'études ?" me fait brusquement une jeune fille aux cheveux orange vifs.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant