Chapitre 3.

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— "Tu sais, cette semaine aura été difficile, mais finalement les cours sont incroyablement passionnants, j'ai encore du mal à croire que j'ai été prise ici par moments."

Une semaine. Cela fait en réalité six jours que je suis à Sydney, et que je me suis fait pour amis Maya, Grace, Max et... Lawrence bien sûr. Mais, par-dessus tout, cela fait exactement six jours que je n'ai pas daigné poser les yeux sur le message de Louis. J'ai beau jouer la comédie devant Gwen, je sais qu'elle sait. Elle sait ce qui m'a poussé à venir vivre ici. Et rien de tout ceci n'est une partie de plaisir, car je n'ai pas eu d'autre choix.

— "Je suis vraiment contente pour toi, c'est génial que tu t'y plaises," me fait Gwen en laissant tomber à ses pieds un énième carton, vide cette fois.

Je l'observe rejoindre en trottinant le petit frigo dans la cuisine. Cet appartement ressemble enfin à un vrai foyer grâce à elle. Je ne sais pas ce que j'aurai fait sans elle avec autant de cartons poussiéreux et d'affaires à ranger. Cela aurait été juste trop dépressif, seule.

— "Au fait, Jules, tu as pensé à... appeler ton père et ta mère ?" me fait Gwen en sortant habilement deux verres des placards.

Ses mots me font grimacer, une chance qu'elle ne le voit pas. Je ne sais comment m'y prendre. La présence de Gwen chaque soir à mon appartement a été d'une aide précieuse pour emménager, à connaître un peu le quartier et à ne pas me sentir complètement seule au monde. Sa présence est comme un rayon de soleil en ce moment. Seulement, voilà, je ne suis pas sûr qu'aborder le sujet soit bien judicieux ce soir.

— "Non, je ne l'ai pas fait," avouais-je en me laissant tomber lourdement sur le rocking-chair du balcon.

Et je ne le ferai pas.

Le seul bémol dans cette affaire, c'est que je ne saurai par où commencer. Un grand vide cosmique me creuse le coeur depuis que je suis partie de New York. Je ne ressens même plus l'envie de dire quoi que ce soit à mes parents après ce qu'il s'est passé. Après ce qu'ils ont fait et ce qu'ils ont dit. Je n'ai pas seulement démarré une nouvelle vie ici, j'ai fuit ma vie d'avant.

— "Pourquoi ?" me lance-t-elle, en passant sa tête dans l'embrasure de la porte coulissante en verre menant au balcon.

Parce qu'ils ont fait une chose impardonnable que je ne peux pas oublier.

— "Parce que je n'ai rien à leur dire. Et parce que, tu sais tout comme moi, qu'ils ne changeront jamais vraiment," lâchais-je en sentant mon cœur se serrer brutalement, disant à peine la vérité.

Pour la faire courte, Gwen est partie à l'âge de dix-huit ans, comme moi, elle s'est évadée des Etats-Unis pour étudier ce qui l'a passionnait vraiment, et depuis ce jour elle n'a jamais remis un seul pieds à la maison. Alors, elle sait mieux que moi pourquoi je ne pouvais plus rester au près de mes parents, encore moins de Louis.

Son regard se confond entre le regret et la compassion juste après mes durs mots. Elle s'approche, ses cheveux formant un chignon sur le haut de son crâne sur le point de s'écrouler à tout moment, et s'accroupis près du fauteuil où je suis, un air compatissant au visage.

— "Je suis désolée qu'ils aient été contre ta décision de venir faire tes études ici, ma chérie. Mais ce sont tes parents, un jour tu devras leur pardonner..." me souffle-t-elle en attrapant ma main.

Si ce n'était que ça.

Malgré la tristesse ravageuse qui souffle à présent un vent féroce dans mon poitrine, une vague violente de souvenirs que j'aurai préféré laissé derrière moi à New York en partant, refait surface en moi. Mes parents ne sont pas les meilleurs du monde, c'est certain. Et pour le moment, je ne peux envisager de leur pardonner pour ce qu'ils ont essayé de me faire.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant