Chapitre 16.

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Mon téléphone vibre une nouvelle fois sur la petite table en bois.

Concentre-toi, Jules.

Et encore une fois.

Je finis par soupirer devant la quantité de messages de Maya et Grace qui semblent définitivement trop enthousiastes à l'idée de partir en voyage dans quelques jours. Lawrence a déjà pris le soin d'informer les "autres" pour ce projet. À croire que les examen demain n'angoissent plus que moi dans le groupe. J'éteins mon portable, n'ayant plus qu'une envie : celle de me concentrer sur mon livre de biochimie.

L'infirmerie de l'orphelinat est vide à présent. La journée a été longue et chargée. J'ai passé des heures à soigner des écorchures et des bleus, à distribuer des sucettes pour apaiser les pleurs, et à aider les enfants à faire leurs devoirs... Mais le travail incessant a eu au moins un effet bénéfique : il m'a permis de ne pas penser à Louis. Épuisée, je me suis réfugiée ici. Cette petite salle est calme et idéale pour réviser en attendant que Kai vienne me remplacer. La plupart des enfants sont déjà retournés dans leurs dortoirs à cette heure.

—" On travaille dur ?"

Je relève le nez en direction de la porte, et découvre avec déception la silhouette imposante de Gale. Il s'avance vers moi, habillé d'un simple tee-shirt noir et d'un vieux jean large. Son torse musclé est mis en relief par le tissu tendu de son vêtement, ses cheveux noirs tombant en mèches chaotiques sur son front ajoutent à ce charme -répulsif- qui lui confère ce côté puant le danger.

J'avais presque oublié que le diable était bénévole ici, aussi..

Ses yeux sombres, perçants et légèrement méprisants, semblent scruter chaque détail de mon être assit sur cette chaise. Il faut croire qu'il avait oublié que j'étais bénévole ici aussi. Un mélange de colère et de malaise me traverse tandis que je ne peux m'empêcher de le détailler de haut en bas.

— "Plus que certain, oui.", fis-je spontanément.

Il s'approche de moi, jusqu'à arriver à la table où je me trouve assise autour, et plaque sans vergogne sa main sur mes feuilles, jetant un coup d'oeil désintéressé sur mon travail. Son visage irrité me laisse deviner que ma présence ici le contrarie.

— "...Je croyais pourtant qu'on avait un accord toi et moi."

Oh, mais il plaisante j'espère. Notre dernier échange m'a fait tellement enrager, entre ses excuses bidons et ses menaces de morts, je suis même choquée qu'il ait assez de culot pour oser appeler ça un "accord".

Ses bras posés devant moi sur la table se durcissent, des veines parcourent ses avant-bras, ce qui met en valeur ses muscles sous sa peau.

— "Un accord ? Non, certainement pas.", riais-je essayant de l'ignorer.

Je récupère d'un geste irrité mes feuilles sous sa main, lui jetant un regard noir par la même occasion, avant de les ranger dans mon sac en constatant que mon heure est enfin terminée. Tant mieux, je n'avais pas l'intention de rester ici une minute de plus de toutes façons.

Je me lève et commence à regrouper mes affaires, sans pouvoir m'empêcher de remarquer sa présence juste à côté de moi, qui me lance des regards froids. Que fait-il ici à cette heure ? Il passe toutes ses soirées ici ou quoi ? J'ignore ce qu'il essaie désespérément de cacher ici, mais je sens qu'il ne daignera jamais me confier pourquoi il joue un double-jeu comme ça. C'est comme si l'infirmerie était devenue deux fois plus étroite depuis son arrivée. Sa simple présence suffit à embraser la pièce et à réveiller une colère au fond de moi.

The Bad One - JungkookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant